Le Maroc a décidé d'apporter toutes les formes d'appui à la coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans ses dimensions politique, de renseignement, logistique et militaire, indique jeudi un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. La décision du Maroc s'inscrit en réponse à la demande de Son Excellence M. Abd Rabbou Mansour Hadi, président légitime de la République yéménite, et part du soutien à la légitimité au Yémen et de la solidarité avec ses partisans. Une décision qui s'inscrit aussi dans l'engagement continu quant à la défense de la sécurité du Royaume d'Arabie saoudite et d'Al Haram Acharif, et celle des autres pays du Conseil de Coopération du Golfe auquel le Royaume du Maroc est lié par un partenariat stratégique multidimensionnel. Le Maroc a donc décidé d'apporter toutes les formes d'appui et de soutien à la coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans ses dimensions politique, de renseignement, logistique et militaire, précise le communiqué du MAEC. Un soutien qui comprend «la mise des Forces Royales Air stationnées aux Emirats Arabes Unis frères à la disposition de cette coalition afin de sortir le Yémen de la crise dans laquelle il s'enlise et de la situation sanglante qu'il traverse, et faire face à toute conspiration étrangère ourdie contre ce pays et contre la sécurité du Golfe arabe». L'intervention militaire «Tempête décisive», conduite par l'Arabie saoudite avec l'aide d'une dizaine de pays, dont le Maroc, a été lancée, jeudi, pour rétablir la légitimité au Yémen en proie à un déploiement effréné des rebelles houthis qui contrôlent plusieurs villes du pays, dont la capitale. L'opération a été déclenchée tôt jeudi par des frappes sur différentes positions des milices chiites Houthis, qui se sont rapprochées ces derniers jours d'Aden, la grande ville du Sud. Cette opération fait suite à plusieurs appels à l'aide émanant du camp du Président légitime du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi. Dans une lettre adressée mardi au Conseil de Sécurité des Nations Unies, le président Hadi avait indiqué avoir demandé à la Ligue arabe et au Conseil de Coopération du Golfe (CCG) «de fournir immédiatement tous les moyens nécessaires, y compris une intervention militaire, pour protéger le Yémen et sa population». En plus des pays du Golfe, voisins du Yémen, cette opération militaire mobilise d'autres pays arabes comme le Maroc, la Jordanie, l'Egypte, le Soudan et le Pakistan qui ont confirmé officiellement leur participation. Jeudi soir, des avions de la coalition ont lancé de nouvelles frappes visant la base militaire d'Al-Tarik, à proximité de Taëz, la troisième ville du pays, sur la route entre la capitale Sanaa et Aden, dans le Sud, ont indiqué des sources officielles. Des frappes ont également ciblé des dépôts d'armes dans la région de Malaheez, dans la province de Saada, bastion des Houthis près de la frontière saoudienne, ainsi que l'aéroport de Saada, fief des Houthis dans le Nord, ajoute-on de même source. Entre-temps, et selon la chaîne de télévision Al Arabiya, le président Mansour Hadi aurait quitté sous protection saoudienne la ville d'Aden, où il s'est réfugié le mois dernier, pour l'Egypte où il participera samedi à un sommet de la Ligue arabe. Les Etats-Unis, sans faire partie de la coalition, avaient fait part de leur soutien à l'opération. Le président Barack Obama a autorisé un soutien en matière de logistique et de renseignement, avait précisé un communiqué de la Maison blanche. A Lausanne, où il est arrivé pour des négociations sur le programme nucléaire iranien, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a salué l'offensive et a confirmé que Washington apportait un soutien à cette opération. Le ministère britannique des Affaires étrangères a, à son tour, approuvé l'initiative saoudienne «qui fait suite à une demande du président Hadi pour défendre par tous les moyens le Yémen et repousser l'agression houthie». Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Riyadh Yassine, a fait remarquer, depuis l'Egypte, que l'opération «Tempête décisive» vise à empêcher les rebelles houthis d'utiliser les aéroports et les avions du Yémen pour attaquer Aden et d'autres régions du Yémen. L'offensive aérienne déclenchée jeudi par l'Arabie saoudite et ses alliés sunnites au Yémen s'est poursuivie vendredi avec de nouvelles frappes signalées au lever du jour à Sanaa, la capitale, et dans le Nord du pays, la région dont sont originaires les miliciens chiites houthis. A Sanaa, que la milice chiite contrôle depuis le mois de septembre, des avions ont tiré à proximité du complexe présidentiel et d'un site militaire de stockage de missiles, rapportent des habitants. D'autres frappes ont visé des installations militaires au Sud de la capitale où sont établis des éléments de l'armée restés fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, allié de circonstance des Houthis. D'après des sources tribales, des raids ont également visé deux secteurs de la province de Saada, le fief des Houthis dans le Nord du pays. Dans le district de Kataf al Bokaa, un marché a été touché, ajoute-t-on de même source, faisant une quinzaine de victimes, morts ou blessés. Pour l'heure, l'Arabie saoudite, qui aurait mobilisé jusqu'à 150.000 hommes, selon la chaîne de télévision Al Arabiya, dit ne pas avoir le projet d'une intervention terrestre mais ne l'exclut pas si nécessaire. «A ce stade, il n'y a pas de projet d'engagement des forces terrestres mais si la nécessité s'en fait sentir, les forces terrestres saoudiennes et celles de ses amis sont prêtes et repousseront toute agression», a déclaré jeudi soir le général Ahmed Asseri, porte-parole des opérations militaires. Les Houthis étaient sur le point de prendre Aden, le grand port du Sud, quand Ryad est passé à l'offensive.