Le diplomate mauritanien Ismail Ould Cheikh Ahmed a été désigné envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies au Yémen. Ould Cheikh Ahmed, qui succède au Marocain Jamal Benomar, va devoir tenter de trouver une issue politique à la crise qui s'est accentuée le mois dernier avec l'intervention de l'Arabie saoudite et de ses alliés arabes contre les miliciens chiites Houthis. Raids aériens et combats meurtriers entre rebelles chiites Houthis et partisans du président en exil se sont par ailleurs poursuivis. "Ould Cheikh Ahmed travaillera en étroite coopération avec les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, le Conseil de coopération du Golf, les gouvernements de la région et d'autres partenaires", a souligné le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, dans un communiqué. Le diplomate mauritanien, qui dirigeait depuis décembre la Mission de lutte de l'Onu contre l'épidémie du virus Ébola en Afrique de l'Ouest (UNMEER), est un spécialiste des questions d'aide et développement. Il connaît le Yémen pour y avoir été, de 2012 à 2014, le coordinateur de l'Onu pour les questions humanitaires, des fonctions qu'il a également occupées en Syrie, de 2008 à 2012. Le Yémen a, par ailleurs, connu, dimanche 28 avril, une nouvelle et intense journée de bombardements et le ministre yéménite des Affaires étrangères a reconnu de facto la poursuite de la campagne aérienne lancée il y a un mois par l'Arabie saoudite contre les miliciens chiites houthis et leurs alliés. "L'opération 'Tempête décisive' n'est pas terminée", a dit Ryad Yassine lors d'une conférence de presse à Londres. "Il n'y aura aucun accord de quelque sorte que ce soit avec les Houthis tant qu'ils ne se seront pas retirés des zones qu'ils contrôlent." Au moins cinq raids aériens ont visé, dimanche à l'aube, des positions militaires et les abords du palais présidentiel dans la capitale yéménite Sanaa, tandis que des navires de guerre étrangers ont pilonné des positions des rebelles chiites houthis près du port d'Aden, ont rapporté des habitants. Il s'agissait des premiers bombardements à Sanaa depuis que la coalition arabe formée par l'Arabie saoudite a annoncé, mardi dernier, la fin de son offensive lancée le 26 mars. Cette suspension est restée lettre morte, les combats s'étant poursuivis notamment dans le Sud près d'Aden et de Taëz, les deuxième et troisième villes du pays. La composante navale de la Coalition entre en action Ryad Yassine a également rejeté un appel à des pourparlers de paix lancé par l'ancien président Ali Abdallah Saleh, appel qu'il a jugé "inacceptable après toutes les destructions causées" selon lui par ce dernier. "Il ne peut pas y avoir de place pour Saleh dans tout dialogue politique futur", a-t-il ajouté. Le prince héritier d'Abou Dhabi, Cheikh Mohamed ben Zayed al Nahyan, a affirmé lors d'une visite en Arabie saoudite: "Notre seul choix est la victoire." Ali Abdallah Saleh a appelé, vendredi 24 avril, tous les Yéménites à ouvrir un dialogue politique afin de trouver les moyens de sortir du conflit. Des unités de l'armée restées fidèles à l'ancien chef de l'État, écarté du pouvoir en 2012, combattent aux côtés des milices houthies qui se sont emparées en septembre de Sanaa et ont renversé le gouvernement reconnu par la communauté internationale. "Les explosions étaient si fortes qu'elles ont ébranlé la maison. La vie est devenue impossible dans cette ville", a déclaré un habitant de Sanaa joint par téléphone. A Aden, la grande ville du sud du pays, des habitants ont vu des navires de guerre bombarder pour la première fois les abords immédiats du port commercial et de l'arsenal. Selon eux, de violents combats avaient auparavant opposé dans ce secteur les Houthis et leurs alliés aux défenseurs de la ville fidèles au président Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui ont utilisé, pour la première fois là aussi, des roquettes Katioucha. Dans la province de Dalea, les combattants sudistes disent avoir repris grâce à l'appui aérien saoudien plusieurs zones rurales et tué 25 Houthis pendant les combats.