Après la révision des procès de Jésus en 2013 et de Louis XVI en 2014, la Fédération Francophone de Débat (FDD), née il y a trois ans, récidive et s'attelle cette année au cas de Napoléon Bonaparte, Empereur des Français entre 1804 et 1814 puis pendant trois mois en 1815. Et il ne s'agit de rien de moins que d'organiser, deux cent ans après, le procès de cet Empereur controversé. Les dirigeants de cette organisation publique ont annoncé que Napoléon Bonaparte serait au centre de ce procès, qui aura lieu 200 ans après la défaite de la Grande Armée dans la bataille de Waterloo. Ils rappellent que l'empereur, contraint d'abdiquer, a été exilé sur l'île de Sainte-Hélène en 1815, et n'a pas eu le droit de défendre sa cause dans un procès public. Le prochain duel de la défense et de l'accusation demandera beaucoup d'éloquence de la part des représentants des deux parties. L'accusation et la défense seront constituées à l'issue des concours organisés à Sciences Po Paris, à la Sorbonne et la Haute école de commerce. Le jury est également sélectionné avec beaucoup de soin. Il devrait être composé de personnalités françaises prestigieuses. Le procès accompagne de nombreuses reconstructions historiques qui ont commencé en France le mois dernier et qui visent à rétablir les événements survenus il y a deux siècles — la fuite de Napoléon de l'île d'Elbe puis les 100 jours de son retour au pouvoir. En juin, l'épicentre des actions commémoratives se déplacera en Belgique pour la reconstruction de la bataille de Waterloo. La confrontation avec les forces de la coalition antinapoléonienne, qui s'est soldée au coucher du soleil du 18 juin 1815 par la débâcle de la Grande Armée, a été la dernière bataille de Napoléon. En août 1815, privé de tous les titres, le général Bonaparte est monté à bord du navire britannique Northumberland pour partir dans un nouvel exil, cette fois définitif. À la fin de ses jours sur l'île de Sainte-Hélène, l'empereur déchu, selon les témoignages du comte Emmanuel de Las Casa, a dit de la campagne de Russie qu'elle était l'erreur fatale de sa vie. "Je ne voulais pas cette fameuse guerre, cette entreprise audacieuse, je n'avais pas envie de me battre, disait Napoléon à son secrétaire. Alexandre n'avait pas ce désir non plus, mais les circonstances nous ont poussés l'un vers l'autre: le destin a fait le reste". Regrettant ouvertement la confrontation avec la Russie, Napoléon ne cachait pas qui il considérait toujours comme son véritable ennemi. "Je meurs avant l'heure, tué par l'oligarchie anglaise et son bourreau mercenaire", a dicté l'exilé peu de temps avant sa mort, le 5 mai 1821. La France a reçu l'autorisation de Londres de déplacer ses restes à Paris seulement deux décennies plus tard. En France, l'intérêt pour l'époque napoléonienne ne tarit pas. L'automne dernier, un des fameux bicornes de l'empereur a été vendu pour presque 2 millions d'euros aux enchères à Fontainebleau. Des expositions dédiées à Napoléon ouvriront ce mois-ci aux châteaux de Compiègne et de Malmaison. "Notre objectif est de revisiter l'histoire et de pousser les gens à s'y intéresser, a déclaré le président de la Fédération Francophone de Débat, Romain Decharne. Nous aimerions aussi promouvoir le développement de l'art oratoire, puisque le mot est à la base de chaque communication".