S'il y a un point commun dans toutes les interventions ayant marqué de la Journée débat sur le tourisme, c'est bien l'appel urgent à un repositionnement conséquent de la station. En effet, le produit touristique gadiri a vieilli, n'est plus attractif, pas uniquement dans son volet hôtelier mais dans son ensemble. Il est à rappeler que tout touriste, lorsqu'il pense à un endroit pour passer ses vacances, il cherche d'abord un pays, puis une destination et ensuite un établissement d'hébergement. Le Royaume, grâce à sa stabilité politique et à l'engagement économique et social de SM le Roi Mohammed VI est bien perçu à l'étranger. On l'entend à chaque fois de la bouche des étrangers, des diplomates et des leaders de l'opinion publique et des touristes ... Venons-en à la destination maintenant. La destination Agadir n'est plus perçue comme intéressante, ni attrayante de la part des TO. Les destinations balnéaires foisonnent en été et sont bien perçues car justement très attractives. Agadir a la grande chance, c'est un don de Dieu, d'avoir un climat clément en hiver comme en été. Son positionnement était toujours et le restera, en rapport avec son balnéaire d'hiver qui a besoin d'un travail en profondeur. En été la destination marche bien avec les nationaux et une partie de la clientèle MRE et celle de certains TO européens. Le nouveau produit touristique doit se faire dans le cadre d'un repositionnement de station balnéaire, appuyée sur l'arrière pays. Lorsqu'on parle du produit, ce n'est pas uniquement des hôtels et restaurants. Lorsque le produit dans son ensemble est défaillant, comme c'est le cas actuellement, le client s'ennuie, n'est pas satisfait de son séjour et ne compte plus revenir. Plus grave encore, il en parle et en mal d'après les expériences qu'il a vécues, en ligne svp, soit une «chouha» à l'international. Lorsqu'on analyse la composition d'un produit touristique quelconque, notamment de renommée internationale, il commence d'abord par un bon accueil à l'aéroport. Puis par une bonne information touristique disponible en plusieurs langues et avec des documents pratiques. Les taxis sont également une référence importante pour un touriste, notamment européen qui est habitué à des voitures de luxe. Quant il arrive chez nous, il voit des taxis du siècle dernier, dont beaucoup sont dans un état lamentable. Les établissements hôteliers et d'hébergement sont l'ossature du produit touristique surtout pour des clients de séjours qui passent dix jours ou deux semaines dans une destination. Tout doit être dans les normes : l'accueil, la chambre, le service, la restauration, l'information, les divertissements... Bref dès que le client commence à réclamer un service, il doit lui trouver la réponse adéquate. L'environnement urbain de l'hôtel est très important dans la mesure où le client veut découvrir une ville, ses habitants, ses points forts, son animation, sa gastronomie. Ainsi, tout repositionnement de la destination balnéaire Agadir doit s'inscrire également dans une réelle mise à niveau urbaine, notamment dans l'environnement touristique. Malheureusement, Agadir ne dispose pas les feux rouges qu'il faut, ni des passages piétons recommandés, qui cadrent avec les prestations publiques d'une station balnéaire de séjour ; pas de signalisation et signalétique correctement faite, encore moins d'éclairage publique efficace... Quant à l'existence de bancs publics, de zones de verdure bien tenues, il faut vraiment les chercher... AU volet de l'animation, c'est là un handicap permanent qui n'a jamais pu trouver les solutions judicieuses. Agadir est une ville morte le soir, rien ne s'y passe d'où une déception totale chez les touristes qui veulent se distraire, vivre des moments de plaisir, passer du temps agréable et non pas rester cloitrés dans des hôtels. On oublie souvent que l'on voyage pour vivre des expériences particulières, vivre des moments de bonheur et de plaisir pour casser la routine du travail. Bref pour se faire plaisir par différentes activités : visites de musées, aquarium, arrière pays, parcs d'attraction, parcs à thème, ateliers culinaires, artistiques ... Or rien de tout cela à Agadir ; ce qui complique la donne encore plus. Ainsi, lorsque le produit hôtelier est défaillant, la ville non attrayante, le manque d'animation flagrant, les distractions quasi inexistantes, l'information touristique introuvable, le service en hôtellerie, dans les restaurants, en taxi non satisfaisant... il faut s'attendre à quoi ? Sûrement pas à avoir plus de clients et à avoir un bon taux de retour. Moralité : le repositionnement de la destination Agadir s'impose et ne peut être que balnéaire d'hiver adossé à l'arrière pays. Mais à travers un produit complet dont les diverses composantes s'imbriquent pour former un tout. Il faut ainsi une bonne synergie entre les élus, les professionnels à travers leurs associations respectives, les autorités locales et la société civile pour réussir ce repositionnement qui est plus que nécessaire au regard de son caractère urgent. Lors de la journée-débat, certains intervenants avaient évoqué le volet promotion et le volet aérien. Zouhair El Oufir, DG de l'ONDA a même annoncé la disponibilité de son département à encourager le tourisme à travers des actions d'exonérations de certaines taxes. C'est parfait. Malheureusement, lorsque le produit est difficilement commercialisable à causes de ses défaillances, il ne trouve pas de preneurs, chez les clients individuels, encore moins les TO et spécialistes de voyages. La base, c'est un bon produit commercialisable et bien vendable, s'il ne l'est pas, toute promotion devient vaine, sinon se retourne contre la destination. Idem pour l'aérien car lorsque la destination est attrayante, elle récole une bonne renommée, basée sur la satisfaction de la clientèle, la promotion vient au secours de l'aérien et le pousse à mieux se développer à travers des lignes directes, des vols charters et par des compagnies low cost. Le socle d'une station balnéaire, c'est son dispositif touristique. Il doit être très compétitif, se distinguer des autres, offrir plus, avec professionnalisme et ce à travers toutes les composantes touristiques, sinon il ne sert à rien de parler d'un nouveau repositionnement ou d'une destination à réinventer. Le produit est un tout indissociable qui ne doit pas souffrir de défaillances flagrantes et qui doit constamment être revu, corrigé, renouvelé. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour Agadir ; d'où l'énorme difficulté de commercialisation et d'image dont souffre la destination. A bon entendeur, salut.