Les professionnels du secteur du tourisme, réunis dans le cadre du Conseil d'Administration du CRT Agadir SMD, ont été unanimes à dénoncer l'handicap que pose l'aérien pour le développement de la destination. Le Conseil présidé par A. Oummani, a connu la première participation officielle du nouveau Wali de la Région, Mohamed El Yazid Zellou. Des discussions franches et responsables ont eu lieu au sujet de la conjoncture que traverse le tourisme dans la destination et des solutions à y apporter. La destination balnéaire a perdu 11 vols en 2011. Or, sans aérien point de développement. Pour sortir de cette impasse, il n'y a qu'une seule et grande solution: la création d'un Fonds de Soutien à l'Aérien. C'est plus qu'une nécessité, c'est une urgence. On peut y arriver puisque la volonté de faire a été manifestée officiellement, en tout cas sur le principe. En effet, cela est possible, il va falloir juste trouver le bon mécanisme pour le financement de ce fonds mais également sa gestion au niveau régional, voire territorial selon la nouvelle formulation touristique, qui est celle des ADT (Agences de Développement Touristique). En tout cas, si ce problème n'est pas résolu, il ne sert à rien de faire la promotion. Faire venir les clients à travers des vols directs à bon prix, est la clé de la relance touristique et de sa pérennité aussi. Côté promotion, si on n'y met pas le budget qu'il faut, cela ne pourra jamais apporter des fruits. A. Oummani, ne cesse de marteler, à l'instar d'autres professionnels et opérateurs d'Agadir et de Marrakech, qu'il faut mettre au moins 1,5% des recettes touristiques dans le budget de l'ONMT. Cela fait 900 millions de dh, ce qui est peu en comparaison avec les autres pays concurrents, mais reste mieux que les 600 millions actuelles dont une bonne partie va au fonctionnement de l'ONMT. En résumé, l'argent est le nerf de la guerre, à la fois pour l'aérien comme pour la promotion. Les deux sont liés et doivent être traités avec efficacité. Sans cela, pas de salut touristique, ni à court ni à moyen terme. Il est évident que dans la configuration touristique internationale actuelle qui est dominée par cinq ou six grands TO intégrés avec leurs propres compagnies aériennes, leurs hôtels, leurs transports touristiques, leurs réceptifs, leurs sites internet etc ; la donne a bien changé et qu'il faudra prendre tout cela en compte. Les solutions à apporter au problème de l'aérien et celui de la promotion, doivent être conçues dans cette perspective. En effet, c'est là toute la dynamique à déclencher. Face à un package ( avion plus séjour) vendu par la concurrence à moins de 500 euros et un billet d'avion pour le Maroc, à 500 euros, la différence est flagrante et le choix tout indiqué. C'est ce qui fait dire à beaucoup de clients que la destination Agadir est plus chère qu'ailleurs. Il est à rappeler également que le cas d'Agadir est un peu particulier du fait qu'il s'agit de la destination balnéaire de premier choix en hiver. En effet, c'est une station balnéaire d'hiver, par excellence, au Maroc. Toute stratégie de l'aérien, ou de la promotion doit tenir compte de cette donne. En été, ce ne sont pas les stations balnéaires qui manquent dans le pourtour méditerranée et ailleurs. En hivers, il n'y a qu'Agadir et les Iles Canaries qui sont à trois ou quatre heures de vols des capitales européennes. Vendre l'hiver doit être le souci principal des professionnels, des opérateurs et de l'ONMT. D'abord parce qu'on a peu de concurrents, parce que le potentiel client existe et parce que l'hiver dure plus que l'été. Il est évident que les autres handicaps de la destination énumérés lors de la réunion du Conseil d'Administration du CRT sont réels et doivent trouver également les solutions adéquates, qu'il s'agisse de la capacité en lits (sur les 27 000 lits actuels, seuls 10 000 sont commercialisables), ou le problème des chantiers bloqués depuis années, ou celui d'un manque d'animation qui porte un vrai préjudice à la destination. Tenir compte également de l'âge des clients d'Agadir qui sont en grande majorité des personnes de 45 à 65 ans et leur offrir le produit qui leur convient, à tout point de vue. Mohamed El Yazid Zellou, nouveau Wali, s'est montré très disposé à accompagner les professionnels pour le développement de la destination, en appuyant les synergies, pour relancer certains chantiers, restructurer les métiers autour du tourisme et innover afin de mettre en valeur les atouts touristiques de la baie et de l'arrière pays, entre autres Pour sa part, Abderrahim Oummani, président du CRT, a mis certains points sur les i, avec la franchise et la responsabilité qu'il faut, notamment au sujet du budget du CRT qui est dérisoire et plus qu'insuffisant pour assurer une bonne promotion de la destination et du produit touristique régional. En effet, sur les trois millions de DH alloués par le Conseil Régional, un million va pour le Concert de la tolérance. Sur les deux millions restants, les trois quart vont au fonctionnement du CRT. Pour le reste, faites le calcul. Par contre, remarque A. Oummani, quatre millions de DH de subventions sont accordés au festival Timitar depuis des années, par le Conseil régional. Lorsqu'on sait que la fameuse étude Mac Kinsey avait défini le tourisme comme principal vecteur de développement régional, on se demande comment le Conseil Régional voit-il le développement avec un maigre budget. Il faut doter le secteur des moyens de promotion adéquate pour qu'il se maintienne et se développe en tant que secteur économique prioritaire régional, aux incidences socio économiques indéniables. Au sujet des chiffres récents sur la destination, il est à savoir que l'analyse du cumul des arrivées et des nuitées enregistrées dans les hôtels classés de la ville d'Agadir durant les 5 premiers mois 2012 par rapport à 2011, fait ressortir une baisse de -3,87% en termes d'arrivées, soit 301891 visiteurs reçus en 2012 par rapport à 314 049 reçus en 2011; les nuitées également ont connu une baisse de -12,32%, soit 1460 858 nuitées en 2012 par rapport à 1 666 043 en 2011. La durée moyenne de séjour durant le mois de mai a enregistré une stagnation, soit 4,55 en 2012 par rapport à 4,76 en 2011. Le taux d'occupation moyen dans les hôtels classés de la ville d'Agadir durant le mois de mai 2012 a enregistré aussi une baisse de -2,20, soit 42,54% en 2012 par rapport à 43,49% en 2011.