L'offensive militaire contre les islamistes de Boko Haram, au nord du Nigeria, commence à donner des résultats, selon les forces militaires nigériennes, lundi 9 mars. Les troupes tchadiennes et nigériennes ont, en effet, chassé les jihadistes de deux villes du pays : Malam Fatouri et Damasak. Il s'agit des premières victoires de la coalition depuis le début, dimanche 8 mars, d'une opération qui marque l'ouverture d'un deuxième front contre Boko Haram au Nigeria. «L'offensive a permis de prendre le contrôle de Damasak», ville nigériane située à une centaine de kilomètres de la rive ouest du lac Tchad, a déclaré, lundi 9 mars, une source sécuritaire tchadienne, affirmant qu'environ 200 combattants du groupe extrémiste sont morts, contre 10 tués et 20 blessés parmi les soldats tchadiens. Cette opération marque l'ouverture d'un deuxième front au Nigeria : le Tchad mène en effet, depuis la fin janvier, une autre offensive en territoire nigérian à partir du Cameroun, de l'autre côté du lac Tchad. D'après un haut responsable civil de Diffa, les soldats sont partis en guerre dans la liesse populaire. Hommes, femmes et enfants «se sont massés sur une dizaine de kilomètres» pour les «applaudir» et les «encourager», en «leur offrant aussi des cigarettes, du thé ou de l'eau», a-t-il raconté. Le président tchadien, Idriss Déby, avait récemment promis «d'anéantir» le groupe armé et d'éliminer son chef, Abubakar Shekau, s'il ne se rendait pas, affirmant savoir où il se trouve. Des milliers de soldats nigériens et tchadiens étaient en posture défensive depuis plus d'un mois dans la province de Diffa, au Niger, sous le feu de Boko Haram. Les islamistes s'étaient emparés de Damasak, le 24 novembre, tuant une cinquantaine de personnes et poussant 3 000 autres à fuir, selon le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés. Les combattants avaient infiltré la ville en se déguisant en marchands et en dissimulant leurs armes. Les soldats nigérians s'étaient alors enfuis au Niger voisin avec une partie de la population. Boko Haram, qui compte plusieurs milliers de combattants, rassemble des troupes dans son fief de Gwoza, dans le nord-est du Nigeria, tandis qu'attentats et massacres de civils se poursuivent dans le pays. Samedi 7 mars, au moins 58 personnes ont péri et 139 autres ont été blessées dans trois explosions - dont un attentat-suicide - attribuées aux islamistes à Maiduguri, berceau historique de Boko Haram et capitale de l'État nigérian de Borno, dans le nord-est. Le même jour, Abubakar Shekau, le chef des insurgés nigérians, annonçait son allégeance à Da'ech. Il a formalisé cette déclaration sur Twitter, dans un enregistrement audio de huit minutes, dans lequel il promet de «faire enrager les ennemis d'Allah».