La demande des autorités marocaines à faire citer directement le dénommé Zakaria Moumni devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris intervient suite aux propos tenus par ce dernier sur des chaines françaises et dans lesquels il met en cause nommément le Maroc en des termes diffamatoires, très lourds de conséquences et portant atteinte à l'honneur et à la considération du Royaume. Le Maroc a fait citer l'intéressé directement devant la 17ème Chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris à l'audience du 20 mars prochain pour des faits de diffamation graves, avait annoncé, vendredi, l'ambassade du Maroc dans un communiqué. A l'occasion de la marche organisée le 11 janvier à la mémoire des victimes des attentats commis à Paris les 7, 8 et 9 janvier dernier, Zakaria Moumni, se présentant en tant qu'ancien champion du monde de Kick-boxing et s'exprimant en direct sur les chaînes de télévision françaises I-TELE et BFM, a accusé le Royaume d'avoir couvert, si ce n'est d'avoir été à l'initiative, d'actes de torture dont il prétendait être victime lui-même. La visibilité des propos tenus lors de ces deux interviews, soigneusement orchestrées et diffusées dans un contexte extrêmement sensible a été et reste aujourd'hui encore particulièrement grande, et le préjudice moral subi par le Royaume est considérable. Inter/ Zakaria Moumni a-t-il été injustement "persécuté" par la justice marocaine ? Contrairement à ce que Moumni n'a pas hésité à affirmer dans l'interview accordée à I-TELE, ce dernier n'a jamais été "enlevé par les services secrets" marocains et "séquestré", puisqu'en réalité l'origine de ses démêlés avec la justice marocaine remonte à février 2010 suite à une plainte "pour escroquerie et usurpation de titre", déposée contre lui auprès du tribunal de première instance de Rabat par deux citoyens marocains. A la suite de cette plainte et à l'audition des victimes, Moumni a fait l'objet d'un avis de recherche qui a conduit à son arrestation, le 27 septembre 2010. Il a été entendu le 29 septembre 2010 sur les faits d'escroquerie qui lui ont été reprochés et a été ensuite formellement identifié par ses victimes - parmi plusieurs autres individus - comme étant l'auteur des faits d'escroquerie. Moumni a ensuite été présenté le 30 septembre 2010 au Procureur du Tribunal de Première instance de Rabat sans qu'il ait, à aucun moment, évoqué d'actes de violence ou de torture commis à son encontre. Renvoyé, le jour même, devant le Tribunal de Première Instance de Rabat, conformément à la procédure applicable en matière de flagrant délit, Moumni n'a pas davantage affirmé, ni fait la moindre déclaration laissant supposer qu'il aurait été victime d'actes de torture et n'a, de la même manière, formé aucune demande d'expertise médicale. Il avait même choisi d'assurer seul sa défense dans le cadre de cette procédure et a explicitement refusé d'être assisté d'un avocat, malgré la demande faite en ce sens par le Tribunal. Le 4 octobre 2010, Zakaria Moumni a été reconnu coupable d'escroquerie et condamné par le Tribunal de Première Instance de Rabat à une peine d'emprisonnement de trois ans, ainsi qu'à une peine d'amende de 500 Dirhams. Sur l'appel interjeté par Zakaria Moumni, la Cour d'appel de Rabat a, par arrêt du 13 janvier 2011, confirmé la culpabilité de l'intéressé tout en réduisant la peine prononcée à son endroit à deux années d'emprisonnement. Aux termes d'un arrêt du 29 juin 2011, la Cour de Cassation a cassé la décision de la Cour d'appel, considérant que le refus de convoquer les victimes de l'affaire aurait été insuffisamment motivé dans la décision d'Appel. C'est ainsi que le 22 décembre 2011, après que lesdites victimes ont confirmé leurs déclarations faites auprès des services de police judiciaire marocains le 2 février 2010, la Cour d'appel de Rabat a, sur renvoi après cassation, confirmé la culpabilité de Zakaria Moumni et réduit la peine prononcée à son encontre à 20 mois d'emprisonnement. Cette décision est devenue définitive. Toutefois, le 5 février 2012, soit 45 jours après la décision de la Cour d'appel susvisée, Zakaria Moumni a bénéficié de la grâce Royale et a été libéré. Inter/ Zakaria Moumni n'est pas plus un champion du monde qu'il n'est un champion marocain Contrairement à ce qu'il soutient publiquement, Zakaria Moumni n'a jamais été sacré "champion du monde". Dans le cadre de son bref parcours sportif, Zakaria Moumni n'a en réalité remporté qu'une seule et unique médaille d'or et ce, dans la catégorie des sportifs amateurs. Il ne possède, en outre, aucun certificat lui accordant la qualité de champion du monde professionnel, contrairement à ses allégations. Dans une mise au point parvenue à la MAP le 29 janvier dernier, La Fédération Royale Marocaine de Full, Light Semi contact, Kick boxing, Muay thai forms, Savate et sports assimilés (FRMFKT) a démenti que Zakaria Moumni ait remporté le titre de champion du monde de light contact en 1999, précisant que ce dernier a seulement remporté une seule médaille d'or dans cette discipline (69 kg) lors d'un championnat mondial amateur disputée en octobre 1999 à La Valette (Malte). Dans sa mise au point, la FRMFKT s'est défendue d'avoir privé Zakaria Moumni d'un "droit légal", suite à ses "allégations prétendant détenir le titre de champion du monde de light contact en 1999", affirmant que Zakaria Moumni ne dispose d'aucun certificat qui lui confère la qualité de champion du monde professionnel. La fédération rappelle que le russe Alexander Maslov est le vainqueur du titre de champion du monde en 1999 (catégorie 69 kg) et ce, selon la fédération internationale WAKO, instance reconnue mondialement dans cette discipline et dont relève la FRMFKT. Inter/ Zakaria Moumni a-t-il droit à des privilèges ? Après avoir perdu son premier combat au championnat du monde seigneur à Prague en novembre 2000, où il a fait montre d'une piètre prestation, et après qu'il se soit rendu compte que ses capacités sportives sont limitées, Zakaria Moumni a sollicité l'aide de la Fédération pour obtenir un emploi au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports, sur la base de la médaille qu'il a remportée. Dans sa réponse, le ministère avait souligné qu'il "ne pouvait satisfaire la demande de l'intéressé pour absence de compétences requises pour qu'il soit recruté". Pour ces raisons, Zakaria Moumni, pour avoir remporté une médaille d'or de jeunes amateurs, "s'est pris pour un véritable champion mondial, estimant que l'Etat se doit, par conséquent, de lui accorder des avantages", ajoute la mise au point. La FRMFKT a dénoncé dans son communiqué "la conduite immorale et irresponsable" de l'intéressé qui a "demandé indûment qu'on lui attribue le poste de Conseiller technique au ministère de la jeunesse et des sports, usant pour cela de moyens de fraude et de ruse et prétendant que le décret royal du 9 mars 1967 relatif au statut des fonctionnaires de l'administration de la jeunesse et des sports lui confère ce droit". Sur ce même registre , le 23 avril 2012, Zakaria MOUMNI a adressé à l'ancien ministre de l'Intérieur, M. Mohand Laenser, une lettre dans laquelle il sollicite - à titre de "réparation" du "préjudice moral" qu'il affirme avoir subi du fait de "17 mois d'enfermement" - le financement, par les autorités marocaines, de son projet de Club de Boxe Professionnelle à Paris, dont les études préliminaires, déjà réalisées, font état d'un local de 435 m? pour un prix de 4,9 millions d'Euros. Ainsi, tout porte à croire que les incessantes interventions publiques de Zakaria Moumni relèvent essentiellement d'un esprit revanchard et mercantile dans la mesure où l'intéressé ne cherche qu'à contraindre les autorités marocaines à consentir en sa faveur une "compensation " conséquente pour cesser le chantage, à peine voilé, auquel il se livre.