La Cour d'appel de Salé a reporté au 22 décembre ses délibérations dans l'affaire de Zakaria Moumni. L'ancien champion du monde de boxe, condamné pour « escroquerie », dénonce un complot et attend la clémence. Le verdict, attendu ce jeudi 15 décembre, a été finalement décalé d'une semaine. La Cour d'appel de Salé devra donc statuer, le 22 décembre, sur l'affaire de l'ancien champion de boxe, Zakaria Moumni. Détenu depuis le mois d'octobre 2010, ce sportif marocain, résidant en France, a été condamné à trois années de prison pour « escroquerie ». Une durée revue à la baisse en appel où la peine a été réduite de six mois. Mais Zakaria Moumni attend plus qu'une réduction, il revendique l'acquittement. Dès son arrestation en septembre 2010, le sportif n'a jamais cessé de clamer son innocence. Deux plaignants et un inconnu Ayant été les plus grands absents durant le procès, les deux plaignants ayant été à l'origine de l'arrestation et la condamnation de Zakaria ont enfin été convoqués à cette dernière audience. Dans leur récit, Mounir et Mustapha racontent qu'ils ont été approchés par un individu connu sous le pseudonyme de « Sultan » dans un café au quartier Souissi à Rabat. D'après eux, c'est cet inconnu qui leur a parlé de Zakaria et proposé de négocier avec lui un contrat de travail en France. Les deux plaignants ajoutent avoir rencontré le sportif d'une manière brève dans une voiture de type 4×4 et qu'il leur a demandé 28 000 dirhams. Les plaignants indiquent qu'ils ne lui ont donné que la moitié en attendant de réunir le reste de la somme. Ensuite, Zakaria aurait coupé l'écoute. Assurant la défense du sportif marocain, le célèbre bâtonnier Me Abderrahim El Jamai relève plusieurs incohérences dans le récit des plaignants. Preuve en est, selon Me Jamai, l'incapacité des deux plaignants d'apporter une quelconque indication pouvant identifier l'intermédiaire. « Qui est Sultan ? Donnez-nous son numéro de téléphone, son nom, sa profession… ! », lance l'avocat. Face à lui, les deux plaignants n'ont pas de réponse, ils ne savent rien de ce « Sultan ». Ils se contentent de dire que c'est un habitué du café dont le nom n'est pas cité. Me Jamai crie alors au complot et appelle la Cour à lever le voile sur la vérité, en ouvrant une enquête pour retrouver cet intermédiaire, le principal maillon de l'affaire. Zakaria clame son innocence Invité par le président de la Cour à prendre la parole, Zakaria n'arrive plus à contenir ses larmes. « Je n'ai jamais vu ces deux hommes, Monsieur le président. J'ai été enlevé à l'aéroport le 27 septembre 2010, on m'a bandé les yeux et on m'a torturé pour m'arracher des aveux. C'est une injustice ! », martèle-t-il. Et de préciser que si les plaignants le reconnaissent sans difficulté et connaissent aussi son numéro de téléphone, c'est parce qu'il existe sur le web, depuis 2009, un site qui lui est totalement consacré. Soutenu par un comité coordonné par sa femme Taline Moumni, Zakaria cultive l'espoir de retrouver sa liberté. Pour lui et pour les militants qui le soutiennent, son cauchemar masque en fait « une sanction » dont l'origine remonte à 1999, année où il décroche à Malte, son titre de champion du monde. Suite à cette victoire, le champion marocain a revendiqué l'accès au poste de conseiller sportif au sein de la Fédération marocaine conformément au décret du 9 mars 1967 (Dahir n° 1194-66). Mais aucune suite n'a été donnée à sa demande. Sa femme vient d'adresser une lettre au nouveau chef du gouvernement pour demander son intervention afin que ce cauchemar prenne fin.