Après une instruction d'environ 30 mois, le juge d'instruction de la section spécialisée dans les affaires financières près la Cour d'Appel à Fès a conclu qu'il y avait suffisamment de preuves pour que l'ex- maire pijidiste de Meknès et ses co-accusés dont sa belle-mère et son épouse soient jugés pour les faits qui leur sont reprochés. Il vient de déférer les mis en cause devant le tribunal, au regard des preuves qu'il a pu rassembler. Le procès devrait commencer le mois prochain avec la séance d'audience fixée pour le 10 mars devant la Chambre des crimes financiers relevant de la Cour d'appel de Fès, seule juridiction habilitée à juger ce genre d'affaires. Après une instruction tenue secrète pendant des mois, l'affaire sort donc en pleine lumière en audience et gagne en visibilité. Les accusés semblent risquer gros. Les charges retenues contre eux sont lourdes et concernent notamment l'octroi de huit permis de construction ainsi que de 18 permis d'habitat d'une manière illégale, non application de la procédure relative aux infractions dans le domaine de l'urbanisme et dont le nombre avait atteint 500 cas, dérogation octroyée à l'épouse du président relative à la construction d'une résidence composée de 200 appartements dans une région de zone Villas et construction d'un cinquième étage non autorisé. Le président avait à l'époque délivré trois certificats illégaux relatifs au même projet et la propriétaire, l'épouse du président en exercice à ce moment-là, avait, selon le rapport d'inspection et l'enquête judiciaire qui s'en est suivi, bénéficié d'une exonération illégale des impôts estimée à plus d'un million de dirhams sur les opérations de construction sous prétexte qu'il s'agirait de l'habitat économique. Par ailleurs, on reproche à l'ex-président de la commune de Meknès des irrégularités dans le fameux projet «L'Hacienda» plus connu à Meknès sous le vocable «ZV 114», dont la dérogation a été octroyée lors de sa présidence par les services de la wilaya. Ce projet serait entaché d'irrégularités : des infractions graves de types juridiques et organisationnels, notamment un rapport de la commission des dérogations en contradiction avec les dispositions de la circulaire ministérielle N° 27/3020 datée du 4 mars 2003, un schéma de structure du projet retenu par les services de la municipalité alors qu'il ne remplissait nullement les conditions légales requises, le même schéma directeur a été accepté par les services de la municipalité le 4 juillet 2005, en dépassant les six mois mentionnés dans la circulaire ministérielle N° 27/3020 du 4 mars, des travaux d'aménagement du projet relatifs au schéma de structure des lotissements hors des délais réglementaires, une violation flagrante de la loi 25/90, plus particulièrement l'article 38 en procédant à une réalisation du projet par étapes. Autres dysfonctionnements relevés par l'instruction, à l'époque, le projet qui présente un cas flagrant de spéculation immobilière non légitime, ne répond pas aux normes socioéconomiques, urbanistiques citées dans la circulaire ministérielle N° 27/3020 organisant les dérogations, il est en plus en contradiction avec les dispositions de l'article 26 de la loi N° 12/90relative à l'urbanisme. En fait, l'audience risque de dévoiler bien des secrets sur la gestion de la cité ismaïlienne. On l'avait dénoncé à l'époque sur les pages de L'Opinion. On savait depuis longtemps que les gestionnaires de la chose publique à Meknès se sont engouffrés petit à petit dans «un discrédit» qui ne dit pas son nom auprès des populations. Un discrédit à la mesure de la déception après tant d'espoirs en des responsables qu'on croyait visionnaires mais qui finissent par révéler des incohérences «dégoûtantes». Ce discrédit qui avait poussé le commun des meknassis à rejeter toute implication dans des projets jugés douteux.. La déception est à la mesure des espérances nourries par des discours pompeux qui se sont révélés à la longue des exercices de style qui n'ont aucun sens parce que dépourvus de principe éthique qui puissent les rendre crédibles. Certes Belkora a été révoqué et le procès fera date sur un cas d'école de possibles «dilapidations de deniers publics», mais d'autres élus poursuivis dans cette affaire, continuent, dans une impunité totale, bénéficiant de la lenteur judiciaire constatée dans ce dossier, à gérer les affaires de la cité. C'est un dossier qui traine depuis 2009 laissant des personnes accusées de corruption, détournements de deniers publics, non-respect des lois en vigueur relatives à l'octroi des marchés publics, non respect des règlements concernant l'urbanisme, continuer en toute impunité à gérer les affaires de la cité. Ce sont justement ces pseudo-gestionnaires qui ont maintenu la cité impériale dans un état regrettable, et qui auraient par leur gestion contestable, précipité sa perte d'attractivité qui s'est traduite par la perte de son statut de chef de région dans le nouveau projet de découpage régional.