Heureusement, comme disait George Sand par la voix du marquis de Villeme, «Les déceptions ne tuent pas et les espérances font vivre» car les désillusions, ils y en avait trop pour la population meknassie qui nourrit à chaque changement des espérances qui se transforment chaque fois, comme par magie en déceptions. En cette année 2009, la capitale ismaïlienne a connu des événements politiques exceptionnels. Destitution d'un président pour irrégularités dans la gestion de la chose publique, élection d'un nouveau président dont le mandat n'a pas dépassé quelques mois. Et enfin élection surprise d'un nouveau président qui n'a pas encore réglé tous ses déboires avec la justice. Trois présidents successifs mais un seul constat : Aucun ne s'est montré capable de transcender la conjoncture, de dépasser les clivages de politique politicienne, d'imposer une discipline aux élus de la majorité pour élaborer un plan visionnaire de développement socio économique de la cité impériale, capitale de la région la plus vaste du Royaume. Les gestionnaires de la chose publique à Meknès se sont engouffrés petit à petit dans «un discrédit» qui ne dit pas son nom auprès des populations. Un discrédit à la mesure de la déception après tant d'espoirs dans des responsables qu'on croyait visionnaires mais qui finissent par révéler des incohérences «dégoûtantes». Ce discrédit pousse le commun des meknassis à rejeter toute implication dans des projets jugés douteux. La déception est à la mesure des espérances nourries par des discours pompeux qui se sont révélés à la longue des exercices de style qui n'ont aucun sens parce que dépourvus de principe éthique qui puissent les rendre crédibles. Ironie du sort, après l'élite politique dont deux présidents de commune sont toujours poursuivis par la justice, voici venir le tour de l'élite économique pour assombrir davantage un tableau déjà noirci, trois acteurs économiques de Meknès sont récemment condamnés dans l'affaire de l'Association professionnelles des minotiers. Revenons au politique, les irrégularités révélées par l'IGAT (Inspection Générale de l'Administration Territoriale) nous rappellent les infractions qui ont motivé la destitution de M. Aboubakr Belkora : Non respect des règlements et textes relatifs aux marchés publics, refus de prendre des mesures à l'encontre des entreprises qui ne respectent pas les normes des cahiers des charges dans la réalisation des travaux, octroi de huit permis de construction ainsi que de 18 permis d'habitat d'une manière illégale, non application de la procédure relative aux infractions dans le domaine de l'urbanisme et dont le nombre atteint 500 cas, dérogation octroyée à l'épouse du président relative à la construction d'une résidence composée de 200 appartements dans une région de zone Villas et construction d'un cinquième étage non autorisé. Le président avait à l'époque délivré trois certificats illégaux relatifs au même projet et la propriétaire avait, selon le rapport d'inspection, bénéficié d'une exonération illégale des impôts estimée à plus d'un million de dirhams, sur les opérations de construction sous prétexte qu'il s'agit de l'habitat économique. Après cette destitution c'est un médecin chirurgien qui prend les commandes, élections obligent ! Il a passé les quelques mois de sa présidence à préparer sa «réélection» au lieu de s'attaquer aux maux de la cité, résultat un attentisme désolant. Après les élections, l'actuel président a cru pouvoir faire du nouveau en s'appuyant sur une équipe ancienne. Les poursuites judiciaires qui planent sur les têtes de certains nouveaux élus, dont le président, comme une épée de Damoclès meublent les discussions au sein de l'Assemblée. Comme le Titanic, la nouvelle assemblée a été submergée à sa première sortie. Sous des flots d'injures, d'insultes, de menaces, d'accusations réciproques, la session du conseil a tourné au ridicule dans une ambiance malsaine de confusion généralisée. A l'origine de cette querelle ouverte de la majorité, les délégations de signature. Tout ce beau monde se rue sur l'urbanisme. «La poche a des raisons que le raison ....» Autre fait marquant de l'année, l'affaire de falsification des cachets de l'Agence Urbaine, toujours en instruction. On comprend alors que le «grand mal» à Meknès, source d'irrégularités multiples et d'enrichissements illicites, serait l'urbanisme. Et pourtant, les membres du bureau de l'actuel conseil se sont rués sur «les bureaux des plans» pour des délégations de signature. On dirait que toute la mission du conseil communal se résume au «contrôle» de l'urbanisme, à moins que tout le monde ait compris que cette mission représente un vrai «pots aux roses». En tout cas, l'opinion publique est avertie et plusieurs voix s'élèvent pour demander une enquête globale, tous azimuts à Meknès sur les problèmes d'urbanisme. A commencer par Ras Aghil, l'habitat anarchique qui se propage à Sidi Bouzekri, la surélévation... L'année 2009 aura connu aussi un changement de wali, M.Mohammed Fouzi, remplacera M.Hassan Aourid, nommé plus tard par le Souverain historiographe du Royaume. Et les meknassis ont quitté 2009 sur le rythme des coupures. Pratiquement tous les quartiers de Meknès ont subi des perturbations de la distribution d'eau potable suites aux précipitations pluviales que connaît la ville et ses environs. Des coupures d'approvisionnement se suivent sans préavis causant des désagréments aux populations qui se sont ruées sur les eaux minérales pour apaiser leurs soifs surtout que la turbidité de l'eau du robinet dépasserait de loin la valeur limite de potabilité. Le mot qui résumerait donc l'année, ce serait la soif : Soif d'élus représentatifs capables de relever les défis de développement de la cité impériale, soif de justice et d'équité, soif d'une opinion publique informée, sensibilisée et citoyenne pour contrôler l'action des élus et contribuer au développement de sa ville. En attendant cela, bonne et heureuse année.