Le tsunami du Complexe Moulay Abdallah a désigné son premir coupable, l'ex-ministre Mohamed Ouzzine, qui a été «débarqué» mercredi par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cependant, c'est tout le ministère qui doit être revu. Une mise à jour et un formatage de son système de gestion sont nécessaires. Cette gestion archaïque, cumulées des années durant, a fait que le sport national est arrivé à un niveau que personne ne peut plus tolérer. Actuellement dans notre sport, on peut trouver de tout, des dirigeants à multiples casquettes, des «sportivores» parce qu'ils n'ont rien réussi de leur vie, des énergumènes de tout genre, voire des schysophrènes et des paranoïaques. A cause des parasytes, le sport est mal géré, mal pensé, mal régulé, mal codifié, mal organisé, mal contrôlé. Ainsi, il s'est retrouvé un domaine tout indiqué pour tous ceux qui y ont vu un moyen de faire fortune au détriment, bien sûr, de l'éthique sportive et des valeurs régies par la pratique du sport ou des valeurs tout court. Comme l'a si bien souligné Sa Majesté Mohamed VI dans Sa Lettre aux participants aux Assises du Sport tenues à Skhirat le 24 octobre 2008 : «Parmi les manifestations les plus criantes de ces dysfonctionnements dans le paysage sportif, l'on observe que le sport est en train de s'enliser dans l'improvisation et le pourrissement, et qu'il est soumis par des intrus à une exploitation honteuse pour des raisons bassement mercantilistes ou égoïstes. Seuls des dirigeants bénis par Dieu ont échappé à cette fâcheuse tendance. L'histoire de notre sport national a inscrit en lettres d'or tous les sacrifices qu'ils ont consentis avec dévouement et abnégation. Pour ceux-là, les équipes et les clubs dont ils avaient la charge tenaient lieu de familles, et les joueurs s'apparentaient à leurs propres enfants». Pour certains dirigeants d'aujourd'hui les clubs dont ils ont la charge tiennent lieu d'un business personnel, et les joueurs de simples machines à sou. La notion d'éducation et de formation est absente de leur répertoire. Six années et quelques se sont écoulées depuis ce fameux 24 octobre 2008 où le message Royal a ému tous les protagonistes du sport marocain. Tous les acteurs du secteur ont admiré cette main tendue et pendant des mois, voir des années, cette Lettre est devenue la Référence pour une nouvelle stratégie du sport national, qui devait s'appuyer, comme cité dans la lettre Royale, sur une remise à niveau du sport scolaire : «Dans le même ordre d'idées, il faut œuvrer pour la remise à niveau du sport scolaire et universitaire, eu égard au rôle d'avant-garde qui est le sien dans la détection précoce et la formation des talents prometteurs». Qu'a-t-on fait depuis la lettre royale ? Il est tout simplement arrivé ce que Sa Majesté a, à juste titre, demandé de ne pas faire : «... Il ne s'agit pas non plus de déployer des trésors de rhétorique pour gloser sur une réforme théorique qui conduirait inéluctablement à tomber dans le piège contre lequel Nous n'avons cessé de mettre en garde, en l'occurrence un cercle vicieux qui consiste à changer le changement et à réformer la réforme...». Or, les responsables qui se sont succédés à la tête du département du sport n'ont fait que changer le changement et réformer la réforme. Rien de tangible n'est apparu depuis, la situation a au contraire empiré et le sport se retrouve avec plus d'opportunistes. Certes des lois et des statuts sont apparus mais ne protègent guère le sport et les sportifs. La mauvaise gestion et la rapine s'accentuent et le ministère plus laxiste que jamais laisse faire. Encourageant même les mauvais élèves à plus de médiocrité au lieu de sévir en dissolvant certaines fédérations et en imposant des commissions provisoires (pour assainir et surtout faire respecter les lois régissant chaque pratique) comme le lui permet le droit. Pour sortir de l'orniere, il faudrait imposer à tout postulant à un poste de président ou de membre d'une association un cahier de charges, des critères de compétence, un certain niveau intellectuel et des profils solvables comprenant intégrité, honnêteté et amour du Maroc, et un sens élevé des responsabilités. En outre, l'expérience l'a démonté, il est apparu nécessaire, primordial même de retirer ce département au gouvernement et le confier à un Haut Commissariat au Sport, en étroite collaboration avec le Comité National Olympique Marocain, et avec l'aide des compétences nationales et internationales afin de mettre sur pied une véritable Stratégie Nationale qui permettra à ce secteur de remplir son rôle : redorer le blason et l'image du Maroc à l'internationale, procurer du travail à une frange de la société, générer d'importantes ressources, attirer et développer le tourisme sportif tout en essayant de combler le vide ressenti par la jeunesse, un vide qui pousse à l'oisiveté et aux vices de tout genre. C'est une vision globale, collective et responsable qui doit animer tous les décideurs du pays. Sinon c'est le cataclysme qui risque de tout emporter.