Les carences du sport national, les ambitions à nourrir et les décisions à prendre Le sport vient de montrer, une fois de plus, à quel point il était fédérateur. Les Assises ont mobilisé tout un gouvernement qui s'était fait représenter par son Premier ministre et par bon nombre de ses ministres, et pas des moindres. Toute une pléiade de parlementaires et autres élus étaient également de la partie, sans compter d'éminents membres du Comité Olympique national, concernés en premier ou tout comme ces présidents ou membres fédéraux. Les Assises, pouvait-on dire, sont tombées à pic, surtout au lendemain des derniers Jeux Olympiques avec des résultats qui n'étaient pas pour plaire et qui ont même débouché sur des réactions démesurées. L'occasion était ainsi donnée pour ceux qui cherchaient à comprendre ou pour d'autres, de faire part de quelques propositions dans le cadre des ateliers prévus. Mais on n'aura pas attendu longtemps, pour que ces rencontres prennent toute leur importance et gagnent énormément en ampleur. Au tout début de la cérémonie d'ouverture, le ton est, en effet, donné grâce au message royal adressé aux participants. « Parce que la réalité est tenace, nous avons préféré vous tenir un langage de franchise », dit d'emblée le message. Une réalité qui se traduit par une conjoncture assez défavorable marquée par cette déception consécutive aux petits résultats obtenus depuis un certain temps. Le diagnostic est plutôt cinglant. C'est ainsi que sont dénoncés, ces « dysfonctionnements pénalisant » le sport national, et dont la manifestation la plus flagrante, constitue en cet enlisement dans l'improvisation et le pourrissement » et qui plus est exploité par des « intrus » à des fins «bassement mercantilistes ou égoïstes». Mais que l'on se garde de faire dans la généralisation, telles quelques lectures. C'est d'ailleurs clairement spécifié dans le message royal. « Seuls les dirigeants bénis de Dieu ont échappé à cette fâcheuse habitude », ces dirigeants dont l'histoire « a inscrit, en lettres d'or, tous les sacrifices qu'ils ont consentis avec dévouement et abnégation ». Sans que cela ne fasse oublier des carences dûes à un mode de gouvernance dépassé. Et du coup, se trouvent épinglés ces fédérations et ces clubs marqués par une gestion où « les responsabilités ne sont pas toujours claires, pas plus que ne sont satisfaits les impératifs de transparence, d'efficacité et de démocratie ». Tous les acteurs d'un secteur qui se trouve négligé, jusque par ces partis politiques qui se font un devoir de monter au créneau au lendemain de chaque contre-performance pour nous gratifier de leur critique, sont de ce fait interpellés. Le message royal va bien évidemment au-delà du diagnostic, pour inciter au travail, au déploiement d'un maximum d'efforts allant dans le sens de la promotion du sport en tant que vecteur de valeurs nobles et pour proposer les démarches à suivre et la stratégie à adopter. Aussi, il est urgent de procéder à la régulation du secteur par l'instauration d'un dispositif moderne et efficace basé sur « la restructuration du paysage sportif national et la mise à niveau des organisations sportives dans leur professionnalisation » et également dans le sens de « la démocratisation des instances chargées de leur gestion ». Autant de changements qui doivent forcément s'accompagner du cadre juridique adéquat. Cette plate-forme d'un changement devenu indispensable passe également par la nécessité de trouver le modèle idoine pour assurer un développement conjoint, « cohérent et harmonieux du sport d'élite et du sport de masse », l'un ne pouvant aller sans l'autre. La réforme doit incontestablement passer par celle du sport scolaire et universitaire « eu égard au rôle d'avant-garde qui est le sien dans la détection précoce et la formation des talents prometteurs ». Les Assises du sport national ne pouvaient donc pas se tromper d'objet. C'est d'ailleurs ce qui a donné plus d'intensité aux débats qui ont marqué les différents groupes constitués en marge de ces Assises et dont on est sorti avec des recommandations qui doivent servir l'évolution voulue. Douze partenaires, dont quatre ministères, ont par ailleurs signé des conventions avec le ministère de la Jeunesse et des Sports pour contribuer au développement du sport et pour faire de la devise choisie « Une vision commune, une responsabilité partagée », une réalité palpable.