Des scandales à répétition et de faux semblants. «Tapez vite ! Agissez !», c'est ce que l'ancien premier ministre français, François Fillon, a réclamé, discrètement mais sans gêne, au secrétaire général de l'Élysée, Jean Pierre Jouvet, à propos des difficultés judiciaires de l'ancien président de la république, Nicolas Sarkozy. Les révélations à ce sujet, dans un article publié par le journal «Le Monde», ont eu l'effet d'un séisme dans le microcosme politique français. Origine du scandale: Les révélations de Jean-Pierre Jouvet qui faisait partie, avec Fillon, du même gouvernement sous Nicolas Sarkozy et qui a ensuite prêté allégeance à François Hollande. Dans un entretien le 20 septembre avec deux journalistes du Monde, Jean Pierre Jouvet dont les propos ont été enregistrés, affirmait que M. Fillon lui a demandé, lors d'un déjeuner le 24 juin, de «taper vite» contre M. Sarkozy en accélérant les procédures judiciaires contre lui, notamment concernant le financement de sa campagne de 2012. L'objectif étant de l'empêcher de «revenir» en lice pour la présidentielle de 2017. Nicolas Sarkozy est sorti de son silence lundi soir pour dénoncer «un torrent de boue». Lors d'un meeting à Caen dans le cadre de sa campagne pour la présidence de l'UMP, il a accusé le pouvoir «de donner le sentiment de vouloir instrumentaliser en permanence la justice». Ainsi donc, pour une énième fois, l'origine du mal qui ronge aujourd'hui la scène politique française est montré du doigt: L'instrumentalisation de la justice, de plus en plus criarde et de plus en plus dénoncée. Au fil des scandales, on a fini par réaliser que c'est une pratique plutôt courante, voire même banalisée. De nombreux français, à commencer par les partisans de Sarkozy, sont en tout cas convaincus que depuis les dernières élections présidentielles, la «main invisible» d'un «cabinet noir», installé dans les arcanes du pouvoir exécutif, tire insidieusement les ficelles de l'appareil judiciaire. Les Marocains en savent pour leur part quelque chose depuis l'affaire du débarquement d'une escouade de policiers à la résidence de l'ambassadeur du Maroc, sise Neuilly-sur-Seine à Paris, pas plus loin que le mois de février 2014. En réaction à l'indignation marocaine, on avait mis en avant la sacro-sainte indépendance de la justice française et sa pleine souveraineté. Aujourd'hui, au regard des scandales à répétition où la justice navigue selon les intérêts des groupes de pression, l'on ne se demande si on devrait interpréter l'attitude des officiels français par le souci de défendre la réputation de leur justice ou plutôt par celui de vouloir repousser les soupçons de manipulation de cette même justice contre le Maroc... Peu importe tant que la relation entre le Maroc et la France s'inscrit normalement dans la durée, au-delà de la couleur politique de l'occupant de l'Élysée et ses motivations.