L'instrument de conquête sur lequel Nicolas Sarkozy reposait tous ses espoirs pour reconduire son bail est en train de s'effriter. Signe évident que rien ne va plus pour Nicolas Sarkozy, que le ciel électoral s'assombrit de jour en jour annonçant de violents tumultes. Ce qui était un atout majeur pour hier est en train de devenir un handicap presque mortel pour demain. Ainsi lorsque l'avenir lui promettait une réélection sans grande complication, Jean-Louis Borloo était présenté comme l'incarnation d'un leurre lors des prochaines présidentielles. Sa mission était de fixer au premier tour l'électorat jugé volatile du centre, l'empêcher de se repartir de manière désordonnée, pour qu'au second tour puisse être reporté sur Nicolas Sarkozy. C'était la stratégie de tous ceux qui poussaient Jean-Louis Borloo à penser une candidature à la présidentielle. Nicolas Sarkozy n'en faisait pas partie, tellement il était convaincu qu'une unique candidature à droite, la sienne évidemment, était susceptible de trancher le jeu dès le premier tour. C'était la période d'un excès de confiance en soi matinée d'arrogance. Une réélection le doigt dans le nez, dans un fauteuil. Faute de concurrents sérieux, d'alternative crédible. Et depuis un torrent de mauvaises nouvelles est passé sous les ponts de la Seine. Parmi lesquelles, Jean-Louis Borloo, numéro deux du gouvernement, a raté d'un cheveu le poste de Premier ministre. Nicolas Sarkozy avait montré une incapacité presque structurelle à se débarrasser de François Fillon. Le déçu, l'amer de la famille centriste avait pris du large. On le disait bougon dans son coin, à mitonner sa vengeance contre tous ceux qui lui ont délicatement obstrué le chemin de Matignon. Même si depuis son départ du gouvernement, Jean-Louis Borloo, de crainte d'insulter l'avenir, ne s'est pas livré à une action d'éclat contre François Fillon, devenu sa bête noire, il n'en a pas moins participé à diffuser de la sinistrose qui étrangle l'action gouvernementale et met davantage de pression sur l'Elysée. Il faut dire que sur ce rayon, il n'était pas seul. Des hommes de l'ancien président Jacques Chirac comme Jean-Pierre Raffarin ou Dominique de Villepin ont largement participé à déblayer le terrain. Que Jean-Louis Borloo décide aujourd'hui de quitter l'UMP, le parti du président Sarkozy, est assurément une tuile supplémentaire qui frappe cette organisation politique menacée d'explosion à force d'être tiraillée par des forces diamétralement opposées. Premier constat : l'instrument de conquête sur lequel Nicolas Sarkozy reposait tous ses espoirs pour reconduire son bail est en train de s'effriter. Et avec une popularité qui vient de battre des records de baisse, même son statut de candidat naturel de la droite semble menacé. Jean-Louis Borloo peut gêner Nicolas Sarkozy par deux manières possibles. La première est d'attirer vers sa chapelle, en cours de construction, tous les déçus de la longue, jusqu'à être interminable séquence Fillon. Ils sont de plus en plus nombreux et leurs voix portent de plus en plus. Le dernier exemple est Rama Yade, l'actuelle ambassadrice de France à l'Unesco qui exprime bruyamment son ralliement à Jean-Louis Borloo. La seconde est celle de prétendre incarner une forme d'alternative au duo Sarkozy-Fillon au sein de la droite, rêve partagé à voix haute par Dominique de Villepin dans l'hypothèse fort probable où Nicolas Sarkozy peine à redresser la barre de sa popularité et de sa cote d'amour.