La séquence politique dans laquelle se trouve Sarkozy exige de lui qu'il trouve l'oiseau rare capable de remobiliser et de redonner espoir. Qui pour remplacer François Fillon à Matignon ? Cette question, loin d'être un caprice de chroniqueur, est l'interrogation politique estivale par excellence à laquelle Nicolas Sarkozy doit apporter une réponse le plus vite possible s'il veut remanier en octobre comme il s'y est engagé. C'est le grand titre de la dissertation présidentielle du moment. Et le fait qu'elle soit formulée de cette manière ne veut pas dire forcement qu'il y a foule au portillon et que le président de la République n'a que l'embarras du choix. Bien au contraire, Nicolas Sarkozy paraît avoir un choix extrêmement limité à tel point que les deux seuls noms qui sortent régulièrement sont celui de Michelle Alliot-Marie, actuelle ministre de la Justice et Jean Louis Borloo, ministre de l'Ecologie. Dans une séquence dite normale, où le président de la République n'a pas besoin de trouver un nouveau souffle, d'opérer une forme de rupture pour relancer son quinquennat, la personnalité du Premier ministre n'a pas cette importance capitale que semble prendre le possible successeur de François Fillon. C'est que la séquence politique dans laquelle se trouve Nicolas Sarkozy exige de lui qu'il trouve l'oiseau rare capable de remobiliser et de redonner espoir. Michelle Alliot-Marie est régulièrement louée pour sa droiture et une personnalité qui n'a pas été éclaboussée par les affaires. Son passage au ministère de l'Intérieur puis son poste actuel à la justice ont sans doute développé chez elle cette raideur qui pourrait s'avérer être son principal défaut lorsqu'il s'agit de se coltiner de Nicolas Sarkozy au jour le jour et de cogérer avec lui la difficile phase de la crise qui s'annonce. L'autre nom qui fait surface régulièrement est celui de Jean Louis Borloo, ministre de l'Ecologie. Son principal mérite a été de réaliser des performances de popularité à un moment où la majorité du casting gouvernemental de Nicolas Sarkozy frise le désamour. Son principal défaut est que, malgré sa bouille sympathie et son langage aux relents de sincérité, il manque cruellement d'autorité et de sang-froid. On l'imagine difficilement en train d'animer une équipe gouvernementale avec Nicolas Sarkozy, avec ce qu'il y a comme arbitrage à rendre et de couleuvres à avaler. Nicolas Sarkozy est à la recherche d'un homme ou d'une femme qui non seulement devrait donner à sa gouvernance une seconde respiration mais aussi lui paver la route pour la conquête d'un nouveau mandat. Il est vrai qu'une des rares personnalités au sein de la majorité présidentielle qui pourrait faire l'affaire serait le patron du groupe parlementaire UMP au sein de l'Assemblée nationale Jean François Copé. Personnalité affirmée, caractère racé, verbe haut et ambition assumée, Jean François Copé possède les qualités essentielles à un Premier ministre pour remettre Nicolas Sarkozy dans la course. Il est vrai qu'un duo Sarkozy-Copé a plus d'allure que n'importe quel scénario. Sauf que l'homme semble avoir décidé de refuser cette proposition. Certainement parce qu'elle dérange son propre agenda arrimé sur 2017 et sans doute par peur de ne pas s'entendre avec l'omni président, ouvert à tous vents, Nicolas Sarkozy. En désespoir de cause, Nicolas Sarkozy pourrait bien garder François Fillon à Matignon. La rupture serait donc qu'un Premier ministre aura réussi à faire un quinquennat entier… faute de prétendants.