Durant le week-end, les médias français s'interrogeaient longuement de savoir si Jean Sarkozy avait obtenu le feu vert de son père avant d'adopter sa posture insurrectionnelle et débarquer David Martinon comme tête de liste. S'il y a un mérite que tout le monde reconnaît à Nicolas Sarkozy, c'est sa capacité extrêmement adroite de ne pas quitter la Une de l'actualité quoiqu'il arrive. L'affaire du fameux SMS qu'il aurait, selon «Le Nouvel Observateur», envoyé à Cécilia quelques jours seulement avant son mariage avec Carla Bruni lui affirmant qu'il était prêt à tout annuler si elle revenait, cette affaire n'est pas encore refroidie dans les chaumières qu'un autre scandale d'une autre ampleur souffle sur l'Elysée. Il s'agit des élections municipales à Neuilly, ville cossue et richement dotée dans laquelle Nicolas Sarkozy avait déjà été maire et sur laquelle il avait parachuté son porte-parole David Martinon pour tenter de la conserver dans le giron présidentiel. Or, quatre semaines à peine avant l'échéance municipale, un sondage commandé par la galaxie UMP donnait David Martinon perdant, hypothèse que ne pouvait accepter le locataire de l'Elysée, tant le camouflet pour ses choix et ses hommes risquait d'avoir des conséquences désastreuses sur l'image présidentielle déjà malmenée par la dérive people et par les nombreuses promesses spectaculaires non tenues. Pour arrêter les dégâts, la décision a donc été prise de prendre de la distance à l'égard de David Martinon. Son équipe dans laquelle figurait le fils de Nicolas Sarkozy, Jean, 21 ans, s'est livrée à un véritable putsch. Avec les dirigeants UMP de Neuilly Arnaud Teullé et Marie-Cécile Ménard, Jean Sarkozy écrit dans un communiqué couperet : «Nous avons décidé de conduire la liste de rassemblement (…) Cette décision résulte d'un certain nombre de désaccords majeurs avec David Martinon». Durant tout le week-end, les médias français s'étaient longuement interrogés de savoir si Jean Sarkozy avait obtenu le feu vert de son père avant d'adopter sa posture insurrectionnelle et débarquer David Martinon comme tête de liste. Pour beaucoup, cette interrogation, outre qu'elle maintient un suspense factice, contenait une sérieuse dose d'euphémisme provoquant des ricanements sous le manteau. Comment un fils aussi jeune, aussi inexpérimenté peut-il agir sans le consentement d'un père aussi habile, aussi machiavélique, aussi omniprésent ? Il en résulte que Nicolas Sarkozy a décidé sciemment de sacrifier son poulain pour la défaite et le désaveu à Neuilly. Tous ceux qui tentent d'éclairer cette disgrâce rappelle à dessein que David Martinon est un protégé de l'ex-première dame de France Cecilia Sarkozy dont la presse people annonce le mariage avec Richard Attias à New York en mars prochain. Et de se poser cette interrogation : David Martinon est-il tombé en disgrâce parce qu'un sondage lui était défavorable ou a-t-il payé pour son amitié et sa proximité avec l'ancienne épouse du président Cécilia ? Ces rebondissements à Neuilly ont été largement commentés par la classe politique française. Un des plus diserts sur le sujet, François Bayrou, président du Mouvement démocrate, fustige un dangereux phénomène de cour : «On est un peu abasourdi devant ces rebondissements quotidiens inattendus d'une espèce de feuilleton dont le vrai sujet est la cour (…) Dans les cercles de pouvoir, qui est le favori, la favorite, qui est disgracié, qui va être promu, qui va être jeté…Ceci est profondément malsain», Avant de faire ce constat «la crise de la présidence va plus vite que prévu…l'image du pouvoir est sa propre caricature». S'il est avéré que Nicolas Sarkozy préfère ne pas gagner la ville de Paris, que se dispute avec acharnement le socialiste sortant Bertrand Delanoë et l'UMP aux dents longues Françoise de Panafieu, plutôt que de perdre Neuilly, cet épisode rocambolesque, dans lequel le fils défait ce qu'à fait le père, a de fortes chances d'enfoncer encore plus le président de la République dans les profondeurs de l'impopularité. Cette séquence trahit une nervosité épidermique, une humeur instable de la part d'un président qui s'est longtemps vanté de tout maitriser. Elle a de fortes chances d'accentuer la grogne au sein de son parti l'UMP, dont, signe des temps qui ne trompent pas, les candidats aux municipales dans les grandes villes préfèrent manifestement ne pas s'afficher avec Nicolas Sarkozy de crainte de récolter la part de disgrâce populaire qui s'abat sur l'Elysée.