Une affaire de morale et une accusation de népotisme ont participé à installer un étrange climat où le président se trouve sur le fil du rasoir. Une hirondelle, si gazouillante, si colorée soit-elle, annonce-t-elle fatalement le printemps ? C'est le genre d'interrogations que l'équipe de Nicolas Sarkozy se pose avec l'acuité tendue du moment et avec l'accumulation de tuiles qui assombrissent sérieusement les horizons électoraux. Cette hirondelle c'est l'élection sous les couleurs de l'UMP du champion de judo David Douillet comme député dans les Yvelines dans une élection législative partielle. Cette élection de David Douillet était attendue avec une frétillante impatience par Nicolas Sarkozy. C'était la preuve qu'il allait brandir au visage de ses détracteurs pour bien leur signifier que, malgré les nombreux scandales qui marquent sa gouvernance, il était encore capable de mener les siens vers de nouvelles victoires et de réaliser de nouvelles conquêtes. Et pour cause. Un des éléments nouveaux qui est intervenu dans l'agitation politico-médiatique des ces dernières semaines est que, en plus de l'opposition qui a gagné en agressivité, le doute et la suspicion commencent à s'installer au sein de la majorité présidentielle. Et ce phénomène s'avère par définition insupportable pour Nicolas Sarkozy, le chef habitué à avoir derrière lui des équipes de combat en ordre de bataille, sans questionnement ni états d'âme. Dans les deux affaires qui ont instillé le doute au sein de sa majorité, qu'il s'agisse de l'affaire Mitterrand qui a méchamment perturbé un des fondements électoraux de la Sarkozie, à savoir la droite conservatrice et traditionnelle, ou de l'affaire Jean Sarkozy qui a montré chez le président un dangereux penchant psychorigide, Nicolas Sarkozy en sort grandement affaibli. Une affaire de morale et une accusation de népotisme ont largement participé à installer un étrange climat où le président se trouve quotidiennement en première ligne, sur le fil du rasoir, à devoir expliquer et se justifier. La preuve que l'alerte était sérieuse : ordre a été donné à tous les communicants du gouvernement pour monter au créneau avec l'objetctif principal de défendre les choix présidentiels et de rendre à l'opposition sa monnaie sur le thème «Jean Sarkozy est victime d'une chasse à l'homme » et les donneurs de leçons doivent d'abord être des donneurs d'exemples : Martine Aubry, l'actuelle première secrétaire du Parti socialiste n'est-elle pas le fille de Jacques Delors ? Et Marine Le Pen ne s'apprête-t-elle pas à capter en succession directe le bel héritage de son père avec, cerise sur le gâteau, la présidence du Front National ? C'est dire à quel point l'élection de David Douillet tombe à pic. L'entourage du président de la République a, comme attendu, tenté de l'instrumentaliser pour sortir Nicolas Sarkozy du goulot des mauvaises nouvelles dans lequel il s'est enfermé. Un des plus brillants praticiens de cette méthode est le porte-parole de l'UMP, Fréderic Lefebvre pour qui «cette victoire de David Douillet c'est finalement la meilleure réponse à ce monde politico-médiatique qui cherche par tout moyen à détruire le président de la République». Et pour tous ceux qui ont encore des craintes de voir ces multiples affaires agir négativement sur les prochaines performances électorales du parti du président notamment à le veille des élections régionales de mars prochain, Valérie Pécresse, la tête de liste UMP de l'Ile-de-France se veut optimiste : «C'est un démenti à toutes les vaines polémiques qu'un Parti socialiste en mal de propositions a tenté d'alimenter cette semaine. Cette victoire (…) est très encourageante pour l'UMP en Ile-de-France dans la perspective des prochaines élections régionales». Au-delà de cet aspect électoral, Nicolas Sarkozy est confronté à un vrai dilemme : comment reprendre la main à un moment où la série de scandales risque de lui faire perdre le contrôle de la machine ? Sa situation est décrite par ses opposants avec beaucoup de gravité. Pour le leader socialiste François Hollande, Nicolas Sarkozy «ne trace pas de cap (...) Il donne l'impression d'une improvisation permanente, d'une suite d'annonces sans cohérence (…) Il perd plus que la main, il perd pied». Jean-Marie Le Pen, le toujours président du FN a la dent encore plus dure. De Sarkozy, il mime la posture: «En bref : je suis le meilleur, j'ai raison de faire ce que je fais et de dire ce que je dis, et tout va bien. C'est le marchand de sable de «Bonne nuit les petits».