Les étudiants de l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca exposent, jusqu'au 30 juin, leurs travaux de fin d'étude à l'Institut français de Casablanca. Ils sont peu créatifs dans les genres conventionnels mais ils débordent de fraîcheur et d'audace dans le design et les affiches. Quelle énergie se dégage au hall de l'IFC ! Des œuvres si palpitantes que la jeunesse de leurs auteurs bondit à chaque mètre. Pourtant, cette fraîcheur ne se voit pas dans les genres conventionnels. En peinture, les étudiants montrent qu'ils savent peindre, mais on ne voit rien qui oriente ce mode d'expression vers des voies inédites ou qui le rajeunit avec un nouveau souffle. L'abstraction lyrique prédomine. Les toiles de Imane Taoufik méritent toutefois qu'on s'y arrête. Elle exploite d'une façon personnelle l'espace, et ses carrés dispensent quelques étonnements. Autrement sont étonnants les auteurs des affiches, des objets issus du design et d'autres formes d'art contemporaines. Une installation à l'entrée, inspirée du travail de Tinguely, prouve que les étudiants ne craignent pas l'audace. Cette installation se constitue d'un assemblage de phares et d'avertisseurs de voitures, reliés par des fils électriques. Elle clignote sans cesse tout en produisant un bruit tonitruant. Autre œuvre qui combine aspect visuel et auditif est une installation sous forme d'appareils téléphoniques et de fils. Cette œuvre est interactive en ceci qu'elle invite le spectateur à s'emparer du combiné d'un téléphone et à écouter ce que l'auteur de l'œuvre veut bien lui faire entendre. Quelles que soient les limites de ces installations, on ne peut que féliciter leurs créateurs qui ont fait l'effort de s'ouvrir à l'art d'aujourd'hui. Mais ce qui est incontestablement le mieux abouti, ce qui étonne par la créativité, c'est la bonne santé des départements de design et des affiches publicitaires de l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca. Les affiches sont certes fonctionnelles. Elles sont considérées à cet égard comme un genre mineur dans la famille des arts plastiques. Une affiche est généralement liée à un événement ponctuel. Sa durée de vie ne dépasse pas celle de l'événement en question. C'est-à-dire qu'elle est éphémère. Pourtant lorsqu'on voit le nombre d'affiches ternes, sans séduction ni créativité, portant plus à boycotter l'événement ou le produit qu'elles sont censées promouvoir, on se dit que ceux qui les commandent gagneraient à voir les travaux des étudiants de l'Ecole des Beaux-Arts. Qu'ils exploitent les nouvelles technologies ou non, ces derniers impriment un souffle créatif sur leurs oeuvres. Le visiteur sera ainsi surpris par le travail de Houda Hafdari et Adel Tahiri qui ont fait une série d'affiches pour une campagne de sensibilisation contre le sida. Sans s'attacher à ce sujet d'une façon illustrative, ces deux étudiants ont introduit dans leurs œuvres des détails, tel un rasoir, pour sensibiliser les jeunes contre les dangers de cette maladie. Une autre œuvre participant du design et de l'affiche est intéressante. Elle appartient à Karima Bennani qui a créé un logo pour une troisième chaîne TV musicale. M3 musique est ainsi décliné en plusieurs coloris et formats. Son auteur a fait de surcroît un joli clin d'œil à un genre pictural classique : l'autoportrait. Karima Bennani se montre en présentatrice de radio devant un micro. Une idée pleine de fraîcheur et d'humour pour vendre son logo. À signaler que c'est la première fois que les étudiants de l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca montrent leurs travaux en dehors de l'enceinte de l'école. Ils sont ainsi confrontés à un espace différent du leur. C'est la meilleure façon de les préparer au monde de l'art.