La police turque anti-émeutes a tiré jeudi des grenades lacrymogènes et au canon à eau pour empêcher des milliers de manifestants de gagner la place Taksim dans le centre d'Istanbul, où ils voulaient manifester à l'occasion du 1er-Mai. Les autorités ont interdit tout rassemblement jeudi sur cette place, foyer en mai-juin 2013 d'un mouvement de contestation contre Recep Tayyip Erdogan. Le Premier ministre avait lui-même mis en garde ses opposants contre la tentation de vouloir manifester sur Taksim et son gouvernement leur avait proposé de défiler en périphérie d'Istanbul, ce que les syndicats ont rejeté. Invoquant des mesures de sécurité, les autorités ont partiellement fermé le réseau des transports publics et déployé des milliers de policiers anti-émeutes à Istanbul. Des manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre dans plusieurs quartiers jouxtant Taksim, vaste place bordée d'arbres, de restaurants et d'hôtels. Certains sont parvenus à briser les cordons de police dans le quartier de Besiktas, sur les rives du Bosphore, avant d'être repoussés dans des rues adjacentes à l'aide de canons à eau et de grenades lacrymogènes. Dans le quartier ouvrier d'Okmeydani, des militants de gauche ont jeté des cocktails Molotov et des fumigènes en direction de la police, qui a riposté avec des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes. Des nuages de gaz lacrymogènes ont aussi envahi les abords de Tarlabasi, quartier d'immeubles aux murs croulants habités en grande partie par des immigrés et que le gouvernement compte rénover.