L'Opinion avait adressé, le 4 février dernier déjà, son « Mabrouk » à nos frères algériens, pour la quatrième candidature de Bouteflika. C'était inscrit sur les tablettes du destin des voisins de l'est du Oued Isly. Le « Zaïm », au stade réel d'évolution « 2.0 », c'est-à-dire les deux roues de sa chaise roulante, ne pouvait que remporter haut la main le premier tour du scrutin présidentiel algérien. Il n'a d'ailleurs même pas eu à mener campagne pour y parvenir. Sellal, chef du gouvernement démissionnaire, était là pour s'occuper des « Fakakirs », un festin par ici, une fête par là. Même s'il a failli se faire étriper par les Chaouis, pour les avoir caricaturé. Une sellaliade parmi tant d'autres... Mais c'est en Kabylie où la énième réélection de ce témoin vivant de l'histoire ancienne qu'est Bouteflika a été « fêtée » avec le plus d'«éclats». C'est massivement que les habitants de Tizi Ouzou sont sortis clamer leur « joie » et leur « bonheur ». D'ailleurs, chaleureusement « remerciés » par les agents des forces antiémeutes. C'est qu'on ne plaisante pas avec les forces de l'ordre en Algérie. Et surtout pas en Kabylie. La politique de réconciliation nationale n'est-elle pas le grand « succès » du Zaïm algérien ? D'ailleurs, entre onze et seize soldats de l'ANP, les sources divergeant à ce sujet, ont été envoyés par des jihadistes takfiristes, samedi 19 avril dernier, annoncer la bonne nouvelle de la troisième réélection de Bouteflika aux victimes des terroristes graciés. C'est que le véhicule à bord duquel les braves soldats défunts, que Dieu ait leurs âmes en sa sainte miséricorde, ont été attaqués par les terroristes, à Iboudrarène, dans les montagnes de Kabylie, était un minibus peu propice de les préserver des balles de calibre 7.62, réputé à forte capacité de pénétration. Pas contre un véhicule blindé de transport de troupes, bien sûr. En tout cas, les Algériens ont pu constater, non sans une profonde fierté, que les énormes budgets consacrés depuis des décennies à l'équipement de l'ANP, l'une des mieux armées d'Afrique en matériel russe, n'ont pas été gâchés. Les soldats de l'ANP sont aussi bien équipés que leurs valeureux prédécesseurs fédayins. L'adversaire que l'ANP affronte de tous ses moyens, depuis une bonne vingtaine d'années, est quand même très « dangereusement » armé. Des AK 47, en hommage à feu le Général Mikhaïl Kalachnikov éteint l'année écoulée. Et des lance-roquettes RPG7, comme le Viêt-Cong, il y a près d'un demi-siècle. Même les avions de combat MIG 29 et Sukhoï 30, les hélicoptères d'attaques MIL MI 24 et autres chars d'assaut T 90, de l'impressionnant arsenal du pays voisin, ne semblent pas capables de venir à bout des « terribles instruments de morts » des terroristes maquisards algériens. Il est vrai que les équipements lourds et de haute technologie de l'armée algérienne sont bien peu efficaces dans une guerre contre-insurrectionnelle, où de simples véhicules blindés et des gilets pare-balle peuvent s'avérer autrement plus utiles. Les Américains sont bien placés pour le savoir depuis leurs expériences en Irak et en Afghanistan. Sauf que c'était justement en Irak et en Afghanistan que l'armée étasunienne s'est cassée les dents. Pas à l'intérieur même des États-Unis... Médor, sa laisse et ses crocs Peut être que l'armée malienne, maintenant rôdée au combat contre l'AQMI algérienne et ses clones sahéliens, peut donner quelques conseils pratiques aux officiers de l'ANP. Voir même aider le voisin de l'est, duquel le Mali est également frontalier, à mieux contrôler ses confins sud. Les deux pays ne font-ils pas, après tout, partie de la même alliance anti-terroriste, avec état-major à Tamanrasset, en Algérie, dont le Maroc a été tenu à l'écart ? Il n'y a aucune honte à faire appel à ceux qui ont mieux réussi à affronter chez eux la menace terroriste, en sachant d'ailleurs diversifier et renforcer leurs alliances avec les grandes puissances voisines. Le « cadeau » des jihadistes takfiristes algériens à Bouteflika, à l'occasion de son quatrième mandat, a pu arriver à destination du fait que les hauts gradés de l'ANP avaient beaucoup mieux à faire. Se faire plutôt la guerre entre eux ! Le Général Ahmed Gaïd Salah, le chef d'état-major de l'ANP et allié du clan Bouteflika, a remporté la guerre des Titans menée contre le Général Taoufik, le patron de l'anciennement terrifiante DRS, les services de renseignement militaires algériens. Et ce en remplaçant les fidèles généraux de ce dernier par les siens, à la tête des principaux services du département des manipulations et coups fourrés du pays voisin. Cette bataille « stratégique », n'est-elle pas, en effet, de loin plus importante que la vie de quelques trouffions dans les montagnes de la rebelle Kabylie ? Deux événements importants ont donc marqué la scène politique du voisin de l'est, les résultats du scrutin présidentiel et les réactions à ces résultats. Il s'agissait, donc, d'« expliquer » aux Algériens que si les récalcitrants par mi eux ne veulent pas se calmer et arrêter de faire du chahut, ce qui est mauvais pour la santé fragile de l'indomptable président jusqu'à la mort, on peut toujours enlever la laisse aux méchants Médors jihadistes takfiristes. Les Algériens, blasés par ce genre de « leçons », n'ont pas manqué de déchiffrer le message. Si Médor sort de sa niche, il ne va pas y retourner avant de s'être fait les crocs sur quelques malheureux. Bouteflika, version « 2.0 », c'est l'Algérie à laquelle il manque 2 pieds pour aller de l'avant, étant, quatre cycles durant, restée figée au point 0 de l'espace-temps. Quand les Algériens se réveilleront, Al Mouradia tremblera...