Au moment où la polygamie au Maroc régresse constamment, ne dépassant pas 0,31% des 314 400 actes de mariage conclus en 2009, un cas de figure marocaine renverse les traditions, l'esprit religieux, les valeurs et toute autre considération. Et qui dit polygamie, en tant que terme courant, dit un homme qui se marie avec deux, trois ou quatre femmes, pour le cas des musulmans. Il s'agit dans notre cas d'une femme de double nationalité, mariée à deux hommes, l'un au Canada et l'autre au Maroc. Un mari dans chaque port, dirait-on ! Dans différents horizons et cachant bien son jeu. Le Tribunal de Première Instance de Rabat a tranché en 2013 sur cette affaire un peu particulière, rendant justice à cet homme. Une histoire incongrue arrive à un citoyen marocain qui a épousé cette femme marocaine au Canada. Un acte de mariage délivré par le Directeur de l'Etat civil du Québec, une union qui a donné naissance à une fille. Tout est normal jusqu'à ce que le mari apprenne le remariage de sa propre femme au Maroc, un acte de mariage en bonne et due forme, selon les règles d'usage de notre religion et des lois réglementées des Adouls marocains. Une plainte a été déposée par le plaignant à la police judiciaire. Ce remariage disait-elle, était contracté uniquement pour compléter le dossier d'immigration au Canada du deuxième mari en question, accélérer les procédures d'obtention du visa et de résidence au Canada. Pour sa part, la dernière recrue nie avoir été au courant du premier mariage, que pour lui, cette dernière est divorcée par acte de divorce par compensation, et que leurs liens sont purement administratifs. Ce que confirme l'incriminée dans cette affaire, insistant que la procédure de divorce était déjà entamée. Interrogée par la police judiciaire, cette femme, analphabète, déclare avoir été répudiée trois fois par son mari, divorcée deux fois oralement, précisant que ce mariage, objet de la plainte, est avec le beau frère du plaignant, sur ses recommandation et que c'est lui-même qui en avait préparé les papiers. Relevant que pour elle, le premier mariage contracté s'est fait par Al Fatiha, à la mosquée de Canada à travers un pakistanais, donc, il n'y a pas eu d'acte ni d'autre document rédigé, et que le divorce n'avait pas nécessité de papier à fournir ni à signer. Alors que le plaignant affirme qu'il y a eu acte de mariage avec témoins, et nie tout ce que dit la suspecte. L'affaire a été jugée auprès du Tribunal de Première Instance de Rabat, sur audience publique. L'accusée est condamnée à six mois de prison ferme, à une amende de 500 dh et 30 000 dh de dommages et intérêts à la partie civile. Au fait, cette affaire est plus compliquée que l'impression qu'on en a à la première lecture, chacun des trois intervenants a, réellement, commis un délit. Tout ce qu'on peut , c'est de parodier le chanteur populaire Houcine Slaoui qui chantait « Hdi Rasek » !