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Egypte : La présidentielle dans trois mois et la violence ensanglante l'anniversaire de la révolution : Sissi, maréchal en attendant de se confirmer président
Les autorités égyptiennes ont annoncé que la présidentielle se tiendrait avant les législatives, un calendrier favorable à Sissi, promu maréchal et chef de l'armée et homme fort du pays, à l'issue d'un week-end marqué par des heurts et des attentats meurtriers. Le président par intérim Adly Mansour a annoncé le calendrier de la «transition» promise par l'armée il y a sept mois, au lendemain des célébrations du troisième anniversaire de la révolte ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir, endeuillées par la mort de 49 personnes suite aux violences qui ont marqué ces « festivités ». Pour plus d'un, l'élection d'un président avant celle du Parlement devrait jouer en faveur du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, personnalité au devant de la scène égyptienne depuis qu'il a annoncé le 3 juillet l'éviction de l'islamiste Mohamed Morsi, seul chef d'Etat jamais élu démocratiquement du pays. Les opposants au nouveau pouvoir, emmenés par les Frères musulmans, l'influente confrérie de M. Morsi, et les mouvements de la jeunesse, fer de lance de la révolte de 2011, ont été violemment dispersés samedi par la police à coup de grenades lacrymogènes et de tirs de fusils à pompe, alors que les partisans du maréchal Abdel Fattah Sissi étaient massés par milliers sur l'emblématique place Tahrir du Caire. Celui qui est également ministre de la Défense et vice-Premier ministre ne cache plus son intention de se présenter à la présidentielle, prévue d'ici mi-avril, et pourrait prochainement se déclarer candidat, après la démonstration de force de ses partisans. Mais les violences du week-end --vendredi et samedi en Egypte-- ont infligé un camouflet aux forces de l'ordre dans un pays déserté par les touristes et à l'économie exsangue après les trois années d'instabilité qui ont suivi la révolte lancée le 25 janvier 2011. Vendredi et samedi, six attentats ont visé la police --dont cinq au Caire-- faisant six morts et des dizaines de blessés, tandis que 49 personnes ont été tuées et quelque 1.079 manifestants arrêtés. Parmi les morts figure au moins un membre du mouvement du 6-Avril, à la pointe de la révolte de 2011 et ferme opposant au pouvoir militaire qui doit assurer une «transition démocratique» jusqu'aux élections. Devant une morgue du Caire, des proches des victimes scandaient dimanche «A bas le régime militaire» en formant des cortèges funéraires, alors qu'ailleurs dans la capitale, les forces de l'ordre étaient déployées en masse notamment aux abords des commissariats et des postes militaires. Depuis la destitution et l'arrestation le 3 juillet de M. Morsi par l'armée, plus de 1.000 manifestants pro-Morsi ont été tués et des milliers arrêtés dans le cadre de l'implacable répression des autorités dirigées de facto par l'armée. Un hélicoptère de l'armée abattu au SinaÏ Les forces de l'ordre, désormais visées quasi-quotidiennement par des attentats, assurent mener depuis l'éviction de M. Morsi une «guerre contre le terrorisme». Dimanche, dans le Nord-Sinaï, quatre soldats ont été tués par des assaillants armés. La plupart des attentats meurtriers ont été revendiqués par un groupe jihadiste basé dans le Sinaï et disant s'inspirer d'Al-Qaïda, Ansar Beit al-Maqdess, mais les autorités accusent les Frères musulmans, récemment déclarés «terroristes». Ansar Beit al-Maqdess a revendiqué avoir abattu un hélicoptère dans la péninsule frontalière de la bande de Gaza, devenue base arrière de nombreux groupes jihadistes, tandis que l'armée affirmait que cinq soldats étaient morts dans un «accident». Plusieurs figures politiques ont déjà annoncé qu'elles ne se présenteraient pas face au maréchal Sissi, 59 ans, dont le portrait s'étale un peu partout dans le pays, dans les boutiques, dans les rues et même dans certaines administrations. Organiser la présidentielle en premier pourrait avoir un impact sur le résultat des législatives, estiment les experts, car des candidats au Parlement feront valoir leurs liens avec le président élu pour gagner des voix. Un groupe jihadiste basé dans le Sinaï et disant s'inspirer d'Al-Qaïda a affirmé avoir abattu samedi un hélicoptère de l'armée égyptienne dans la péninsule désertique, l'armée évoquant de son côté un accident ayant fait cinq morts parmi ses hommes. Ansar Beit al-Maqdess (Les Partisans de Jérusalem), un groupe d'insurgés islamistes qui s'attaque depuis deux ans aux forces de l'ordre dans le Sinaï, a diffusé une vidéo montrant un hélicoptère touché par un missile prendre feu et tomber au sol. Le groupe en question, qui tire régulièrement depuis le Sinaï des roquettes sur le territoire israélien voisin, a affirmé dans la nuit de samedi à dimanche sur un forum jihadiste que l'hélicoptère avait été abattu près de Cheikh Zoueid à l'aide d'un «missile sol-air, provoquant la mort de tout son équipage». L'armée, dans un communiqué, a affirmé que cinq soldats avaient péri dans un «accident» alors qu'ils pourchassaient des combattants dans la péninsule, où l'armée a lancé pendant l'été une vaste offensive pour déloger les jihadistes. Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet par l'armée, Ansar Beit al-Maqdess a multiplié les attaques contre les forces de l'ordre --jusqu'au coeur du Caire où des attentats ont fait six morts vendredi et samedi--, en représailles selon lui au «massacre» des partisans du chef de l'Etat déchu. Plus d'un millier de pro-Morsi ont été tués par les policiers et les militaires depuis sept mois. Si la version des jihadistes se confirmait, l'incident pourrait avoir de graves conséquences pour l'industrie touristique du pays. «Ils pourraient utiliser ce genre d'armes pour menacer les opérations de l'armée dans le Sinaï», a estimé David Barnett, expert des groupes jihadistes travaillant pour la Fondation pour la défense des démocraties, un organisme américain. Le tourisme pourrait en souffrir aussi, a-t-il ajouté, car des milliers de touristes survolent le Sinaï pour gagner les stations balnéaires de la mer Rouge. «Les compagnies aériennes vont prendre cela très au sérieux», a-t-il dit. Le chef de l'armée, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi a participé dimanche aux obsèques militaires des soldats qui sont morts dans cet incident, adressant des mots de consolation à leurs familles, selon des images transmises par la télévision. Selon M. Barnett, la vidéo jihadiste semble authentique, ce qui tendrait à montrer les difficultés rencontrées par l'armée dans le Sinaï face aux rebelles. Un car transportant des militaires dans le centre du Sinaï est tombé dimanche dans une embuscade, au cours de laquelle quatre soldats ont été tués, ont indiqué des responsables des services de sécurité.