Le comédien à plusieurs facettes Mostafa Khalili a joué le rôle du narrateur dans la pièce épique « les quatre portes ». Il s'agit d'une œuvre théâtrale conçue comme une opérette intitulée « Adwaa mounira min abouab assaouira » (lumières radieuses des portes d'Essaouira) réalisée par Mahmoud Mana, et ce dans le cadre de la manifestation « l'esprit de Mogador » qui se veut une manifestation à caractère culturel et artistique, dont la deuxième édition co-organisée récemment par le Centre Marocain de Culture et d'Arts Antiques et le conseil municipal d'Essaouira , a pour ambition de faire de la ville des Alizés un chantier conciliant développement culturel et promotion touristique. Elle vient enrichir l'agenda artistique d'Essaouira, avec la particularité de s'ouvrir sur la culture arabe, qui entre ainsi en symbiose avec les composantes amazighe et africaine de la culture marocaine, a affirmé Taher Touil, secrétaire général du Centre Marocain de Culture et Arts Antiques. Cette œuvre théâtrale épique a été l'occasion d'associer des acteurs locaux dans l'interprétation, de promouvoir et redécouvrir plusieurs formes d'expression artistique inspirées, notamment, du patrimoine local et de renouer avec plusieurs artistes et jeunes talents d'Essaouira. Il est à souligner que Mostafa Khalili est un acteur majeur du paysage artistique au Maroc. IL est assidu et visionnaire quand il est question de se pencher au chevet d'un secteur qui lui tient à cœur, au même niveau que le malhoun ou le théâtre, à savoir les épopées, en s'inspirnt des dictes poétique de Bensghir et de Cheikh Lahmer Mourakouchi. S'il était besoin de mots pour qualifier l'artiste Mostafa Khalili, ce seraient : «potentiel créatif global». Entré dans le monde du patrimoine et du théâtre, il n'a pas tardé à révéler d'autres talents authentiques : celui de parolier et de bon comédien («Hdidane », «Chouk Essedra » de Chafik Shimi, ...), de l'acteur associatif, et enfin, de chercheur en affaires patrimoniales qui, à l'écart des sentiers battus, s'est intéressé à son pays, le Maroc. Il a joué également avec la troupe du « Théâtre Chamat » qui a présenté une nouvelle pièce intitulée « Hassan Al Wazzan, Léon l'Africain », écrite par Anouar Al Mortaji et réalisée par Bousselham Daif dont l'enjeu principal est de présenter un théâtre renouvelé et différent, en essayant d'appréhender le présent par rapport à des éléments du passé, dans une vision d'harmonie et de convergence des formes, des couleurs et des repères culturels. L'artiste Mostafa Khalili a marqué par son rôle significatif le long-métrage « Zineb, la fleur d'Aghmat » de Farida Bourkia qui repose sur une reconstitution historique autour d'une grande dame de la dynastie. Ce film marocain inédit a représenté le Maroc au Festival international du film de femmes de Salé dont sa septième édition organisée récemment par l'Association Bouregreg dans la ville voisine de Rabat. Mostafa Khalili n'a jamais distingué les disciplines artistiques artificiellement, pour le simple plaisir de rallonger la liste de ses «qualifications». Elles ne constituaient pas pour lui des univers étanches, séparés les uns des autres par l'épais voile de lexiques aussi spécialisés que souvent abscons. Traversant leurs frontières avec aisance, il ne s'est défini ni comme écrivain ni comme critique ni comme musicologue. Pour Mostafa Khalili, la pensée artistique était une, en ce qu'elle a pour objet invariable le monde et l'humain dans leur déroutante complexité. En plus, l'entreprise d'intelligence du Maroc, du Maghreb et du monde arabe recommandait une rigoureuse interdisciplinarité. Les sciences humaines étaient ainsi mises au service de l'art et l'étude des pratiques théâtrales et cinématographique au service d'une œuvre complète... Ce refus du dogmatisme disciplinaire a eu une éclatante manifestation dans les travaux de Mostafa Khalili, rares mais originaux. On n'y trouve pas trace de cet académisme rébarbatif qui leur aurait valu les éloges des spécialistes mais aurait limité leur utilité pour d'autres domaines des sciences humaines. La méfiance envers les évidences était le plus fidèle compagnon de cet artiste chercheur encyclopédiste à qui on doit la conception et la réalisation des premières semaines du patrimoine ainsi que l'organisation du festival du malhoun à Essaouira et ensuite à Casablanca. Méfiance envers les doctrines politiques, à l'universalisme illusoire, et envers les «acquis» présumés des recherches scolaires, ces sciences étant le produit d'histoires particulières. La critique devait porter sur l'objet de l'étude mais elle ne devait pas épargner les instruments de l'étude eux-mêmes : « Dans ce voyage initiatique, on part à la recherche des fragments d'une pensée monde, une œuvre riche et colossale, devenue aujourd'hui incontournable pour un grand nombre de chercheurs en sciences patrimoniales. C'est en effet l'occasion de rendre compte de l'hommage à cet artiste chercheur, dont l'ouvre revisite les univers de la recherche historique et artistique », affirment les passionnés de ses œuvres qui ont marqué de leur empreinte la vie intellectuelle et artistique tant au Maroc qu'à l'échelle arabe. On a le droit de parler d'un artiste créateur au sens plein du terme qui a tatoué les mémoires : «Mostafa Khalili accompagne notre pensée et nos lectures car il nous a légué une œuvre colossale, dense et magistrale. ».