Marrakech a vécu une nuit apocalyptique sous une pluie torrentielle, qui a étendu une chape de peur sur toute la ville, faisant un mort et plusieurs blessés et occasionnant des dégâts matériels considérables. Jusqu'à 20h, tout semblait se passer bien. Le temps était clément pour soupçonner l'annonce d'éventuels orages et les services de la Météo l'étaient tout autant, se contentant d'annoncer de simples précipitations accompagnées de vents sans signaler de dangers en perspective. Les gens eux, prenaient à l'assaut les cafés pour suivre la transmission en direct des matches de la Ligue des Champions programmés à 19h45. C'est vous dire que rien ne présageait de ce qui allait bouleverser la vie de toute la ville jusqu'alors baignant dans une béate sérénité. Vers 20h, ce qui devait arriver arriva. Des coups de tonnerre répétitifs et des flashs d'éclairs intensifs arrachaient les gens à leur nonchalance, annonçant l'imminence d'un violent orage. La transmission des matches cassa net, faute de réseau, et des précipitations commençaient à prendre de l'ampleur pour gagner en force et en puissance torrentielle l'espace de quelques minutes. Des pannes d'éclairage public et domestique par plusieurs endroits s'y mêlent et la peur s'installe. Ce qui va suivre sera une nuit terrifiante sur fonds d'inondations des habitations et d'établissements, particulièrement ceux disposant de caves et sous sols, et de débordements des chaussées incapables d'absorber les trombes d'eau qui les submergent. Il s'en suivit des bouchons de la circulation et des pannes mécaniques qui contribuèrent à la pagaille d'un trafic évoluant sans repères. Pendant ce temps, on entendit les sirènes retentir ça et là, et les voitures des secouristes, protection civile et ambulanciers privés confondus, en train de faire un incessant ballet, ce qui traduit l'ampleur des conséquences. Une poignée de minutes aura suffi à mettre à nu la précarité de l'infrastructure et de l'assainissement de la ville sur tous les plans, une canalisation en mal de curage rejetant les eaux qu'elle reçoit et des chaussées ressemblant à des piscines par certains points. Ajoutez à cela la chape d'obscurité et vous aurez une idée sur le tableau d'une nuit que les marrakchis n'oublieront pas de sitôt. Les pluies torrentielles ont occasionné des inondations sur plusieurs artères de la ville et l'effondrement de pas moins de sept maisons. Les maisons effondrées se situent à douar Sgharna Sghir (périmètre urbain de Marrakech) et au quartier Sidi Youssef Ben Ali. Au quartier Mellah dans l'ancienne médina, les autorités locales ont évacués les habitants de plusieurs maisons menaçant ruines par mesure de précaution. Dans tous les quartiers résidentiels comme en médina, les habitants se démenaient comme des diables pour sauver ce qui pouvait l'être, s'activant par petits groupes. Ce n'est que lorsque la pluie observa un répit, au terme de 3 heures de précipitations, que les citoyens commencèrent à respirer et à découvrir l'ampleur des dégâts. Le quartier Mellah aura été le plus touché avec à la clé l'effondrement de plusieurs maisons qui menaçaient ruine. Les quartiers de Kbour Chou, Moukef, Bab Ailan, Riad Larouss, Tabhiret, Bab Taghzout, Ksour n'ont rien à lui envier. Tandis que les Massira, Lamhamid, Douar Laskar, Aïn Itti, Douar Kédia ... baignaient sous l'eau, découvrant à leur tour la précarité des travaux d'assainissement qui ne les supportent plus. Même la célèbre place de Jemaa El Fna n'en a pas été épargnée. Et la municipalité dans tout ça ? Elle serait occupée à évaluer les dégâts et définir les moyens sinon de colmater les brèches, du moins de les déguiser jusqu'à nouvel ordre. Les gesticulations dont elle a fait montre pendant cette triste nuit ne sont qu'une parodie car elle n'est pas à son impair près. Nous estimons qu'elle est plus que jamais comptable des dégâts occasionnées et également responsable des dépressions nerveuses subies par les habitants par cette regrettable nuit.