Une coalition internationale de médecins pousse dans une lettre ouverte publiée mardi un cri d'alarme sur la situation humanitaire en Syrie où l'infrastructure sanitaire a atteint selon eux «un point de rupture». La coalition, qui réunit une cinquantaine de médecins, appelle le gouvernement syrien et l'opposition à lever les restrictions qui pèsent sur l'accès humanitaire dans le pays, théâtre depuis plus de deux ans d'affrontements violents qui ont fait plus de 100.000 morts selon l'Onu. «En tant que médecins du monde entier, nous sommes horrifiés par l'ampleur de cette urgence», écrivent-ils dans une lettre intitulée «Laissez-nous soigner en Syrie» et publiée dans la revue médicale The Lancet et le quotidien Libération. «Le manque d'accès aux soins pour les civils et le ciblage délibéré des hôpitaux et du personnel médical nous consternent.» «Il ne s'agit pas de conséquences inévitables ou tolérables de la guerre. Ce sont des trahisons inadmissibles du principe de neutralité médicale», poursuivent-ils. Trente-sept pour cent des hôpitaux syriens ont été détruits et 20% sont gravement endommagés. Quelque 470 professionnels de santé sont emprisonnés et environ 15.000 médecins ont dû fuir à l'étranger. Sur le terrain, le conflit et la détérioration du système de santé public font gonfler le nombre de blessés qui se retrouvent privés d'accès aux soins, aux vaccins et aux traitements de longue durée pour les patients souffrant de diabète ou de cancer. «D'horribles blessures restent sans soins, des femmes accouchent sans aide médicale, adultes et enfants sont opérés sans anesthésie», soulignent les signataires. Les restrictions gouvernementales, «conjuguées à la rigidité du système international d'aide humanitaire», aggravent la situation, privant de vastes régions de toute assistance médicale, constatent-ils. Le collectif appelle le gouvernement syrien et toutes les parties au conflit à «respecter la neutralité médicale et à ne pas attaquer les hôpitaux, les ambulances, les médicaments, le personnel médical et les patients».