Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a répété jeudi lors d'une visite à Rome que le président Bachar al-Assad ne pourra pas faire partie d'un gouvernement de transition en Syrie. L'opposition syrienne a exigé mercredi un départ du régime de Bachar al-Assad comme préalable à toute solution au conflit en Syrie, rejetant ainsi indirectement l'appel américano-russe au dialogue entre les deux belligérants pour faire Le secrétaire d'État américain John Kerry, qui enchaîne depuis trois jours des rencontres sur la Syrie, a répété jeudi lors d'une visite à Rome que le président Bachar al-Assad ne pourrait pas faire partie d'un gouvernement de transition. Toutes les parties en présence travaillent «pour mettre en place un gouvernement de transition issu d'un consensus, ce qui signifie clairement pour nous que le président (Bachar al-Assad) ne participera pas à un gouvernement de transition», a déclaré M. Kerry à la presse avant de rencontrer le chef de la diplomatie jordanienne, Nasser Judeh. Les préparatifs en vue d'une conférence internationale pour trouver une solution à la crise continuent, a indiqué M. Kerry, qui lors d'une visite cette semaine à Moscou a convenu de travailler en tandem avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Après avoir parlé avec les ministres des Affaires étrangères des principaux pays concernés, il a fait état d'une «réponse très positive et d'un désir très fort d'aller à cette conférence et d'essayer de trouver une issue politique, ou au moins d'épuiser toutes les possibilités d'y arriver». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a aussi été impliqué, aussi «allons-nous aller de l'avant très très directement pour travailler avec toutes les parties et mettre sur pied cette conférence», a-t-il ajouté. La conférence pourrait se tenir d'ici à fin mai, peut-être à Genève. L'ambassadeur américain en Syrie, Robert Ford, a parallèlement rencontré l'opposition syrienne à Istanbul, a indiqué M. Kerry. Cette dernière a exigé mercredi un départ du régime de Bachar al-Assad comme préalable à toute solution au conflit en Syrie, rejetant ainsi indirectement l'appel américano-russe au dialogue entre les deux belligérants pour faire cesser l'effusion de sang. Cette annonce porte un coup à l'entente entre Etats-Unis et Russie, deux pays opposés sur le dossier syrien mais qui se sont basés sur l'accord de Genève conclu en juin 2012 par les grandes puissances et prévoyant une transition politique sans se prononcer sur le sort de M. Assad. Le régime syrien, qui affirme pour sa part que le sort du chef de l'Etat sera décidé lors de l'élection présidentielle de 2014, n'a pas encore réagi à l'accord annoncé mardi à Moscou, salué par le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, et l'Union européenne. «La coalition nationale syrienne salue les efforts internationaux appelant à une solution politique qui réaliserait les aspirations du peuple syrien pour un Etat démocratique, mais celle-ci ne peut commencer qu'avec le départ de Bachar al-Assad et de son régime», affirme un communiqué de l'opposition. A l'occasion de la première visite à Moscou de John Kerry en tant que secrétaire d'Etat américain, les deux pays ont annoncé avoir convenu d'inciter régime et rebelles à trouver une «solution politique» et d'encourager la tenue «au plus vite» d'une conférence internationale. Pour M. Kerry, la «tâche spécifique» de la conférence internationale «consistera à réunir les membres du gouvernement et de l'opposition, afin d'examiner comment ils peuvent appliquer ce que préconise le communiqué» de Genève. Ce communiqué, qui prévoit un arrêt des combats et la formation d'un cabinet de transition aux pleins pouvoirs avant de futures élections démocratiques, n'a jamais été suivi d'effet. «Il m'est impossible en tant qu'individu de comprendre comment la Syrie peut encore être gouvernée à l'avenir par un homme qui a commis de telles choses. Mais je ne vais pas décider de cela ce soir et ce n'est pas à moi d'en décider en fin de compte», a déclaré M. Kerry, alors que son pays réclamait jusqu'à présent avec insistance un départ de M. Assad. Son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays est un allié du régime syrien, a réaffirmé que le départ de M. Assad ne devait pas être une condition préalable à un dialogue, tout en insistant sur le fait que Moscou n'encourageait pas le président syrien à rester au pouvoir. Cet accord russo-américain est «un premier pas en avant très important. Ce n'est néanmoins qu'un premier pas», a estimé M. Brahimi dans un communiqué alors que l'un de ses collaborateurs avait indiqué qu'il songeait à démissionner face à l'enlisement du conflit. Le médiateur a émis l'espoir que l'accord reçoive le soutien des autres membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et de «l'ensemble de la région». Lancé en mars 2011, le mouvement de contestation pacifique contre le régime syrien s'est transformé, après sa répression par le régime, en guerre civile, faisant plus de 70.000 morts, 4,25 millions de déplacés et plus de 1,4 million de réfugiés, selon l'ONU. A l'étranger, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a accusé M. Assad d'être passé au «plan B» dans sa lutte contre les rebelles, à savoir l'»épuration ethnique» de certaines régions de Syrie, en évoquant le secteur de Banias (nord-ouest) où des dizaines de sunnites ont récemment été tués, selon une ONG, par l'armée et ses supplétifs alaouites. Dans le pays, le réseau internet, coupé depuis mardi soir, fonctionnait à nouveau, de même que les liaisons téléphoniques. Les médias officiels ont évoqué une «panne du câble de fibres optiques».