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Journée nationale de lutte contre le drame routier Des mesures et de bonnes volontés, mais...
“Quatre vingt chevaux sous le capot et un âne au volant" !
La journée consacrée à la lutte contre les accidents de circulation a été commémorée cette année avec beaucoup d'engouement qui laisse présager d'un avenir meilleur. C'est au niveau de la presse écrite et audio visuelle que la commémoration de cette journée a marqué le pas et enregistré des records en matière de participation à la concertation et en matière d'écoute, d'audience et de suivi. D'ailleurs, presque tous les invités aux débats télévisés et radiophoniques ont souligné l'effort consenti par les moyens de communication nationaux dans leur mission d'informer et de sensibiliser les citoyens au fléau de la route meurtrière. La presse écrite a reçu beaucoup de louanges et de remerciements de la part de certains participants qui n'ont pas caché leur satisfaction à ce niveau de la communication. Et c'est l'occasion de revenir sur deux événements qui se sont détachés du reste et ont brillé par la qualité des participants des invités aux débats télévisés d'une part et par le record impressionnant d'audience enregistré. La première émission est celle présentée par La chaîne Midi1 TV à laquelle ont pris part, entre autres, le ministre de l'équipement et du transport et le commissaire permanent du comité national de prévention des accidents de la circulation. Le ministre, comme le président du comité, ont mis l'accent sur une batterie de mesures qui engagent la responsabilité de tous. Elles concernent en premier les intervenants et leurs partenaires dans ce chantier colossal qui constitue pour eux un vrai casse tête. Comme elles s'orientent vers les premiers concernés qui sont les usagers de la voie publique, que ce soit les forts ou les vulnérables parmi eux. Concernant les mesures applicables à la sécurité des piétons en milieu urbain, le ministre a rappelé que les études scientifiques révèlent que 80% des accidents de la route n'ont aucun lien avec les infrastructures. Selon ces études, la lutte contre ce fléau devra nécessiter la mise en œuvre d'une action coordonnée entre le gouvernement, la société civile et les médias, pour pouvoir affronter tous cette problématique dans toutes ses dimensions et converger vers des issues plus opérationnelles. Il s'agit là d'une orientation qui sera adoptée par le département des transports sur la base d'un dialogue ouvert. Ce qui tape sur les nerfs des responsables et des observateurs c'est le fait que le Maroc possède un code novateur de la route, des plans d'urgence et de sensibilisation et un cumul impressionnant de lois et de mesures préventives. Et pourtant, on ne peut que déplorer les résultats médiocres qui ne correspondent pas et ne répondent pas aux ambitions affichées à travers les réformes réalisées et à travers tous les efforts et mobilisations consentis par tous les acteurs. De fait, un malaise existe certes au niveau du non respect de ces missions qui ne sont pas à l'abri de certaines formes de corruption. Les deux émissions présentées par TVM et par 2M n'étaient pas du reste et l'on a vu leurs plateaux bien garnis par des figures très impliquées via l'intérêt qu'elles portent à ce fléau qui nargue le corps de la société. Des contributions, des commentaires et des critiques qui ont apporté un plus à cette journée fêtée cette année à ne point douter sous la devise de la confiance et de la sérénité. Une bonne raison sous-tend cet optimisme affiché : les premiers résultats qui ressortent des statistiques - quoique encore très timides - donnent les premières lueurs d'espoir et une bonne raison d'y croire. Cela, malgré le fait que ces statistiques soient éloquentes et tranchées. Surtout quand on sait que le taux de motorisation est très réduit ; mais qui n'empêche pas de faire de nos routes un véritable traquenard capable de tuer 14 fois plus qu'en France et 12 fois plus qu'en Amérique, selon les chiffres qui se dégagent de l'étude effectuée par le CNPAC. Et quand on fait les comptes, ce sont 4000 et quelques centaines de victimes qui sont lâchées froidement sur nos routes par des autres usagers diabolisés derrière le volant de leurs monstres. Qui conduit qui ? Au-delà du drame humain qui endeuille le Maroc, ce marasme routier pèse lourdement et greffe l'économie nationale. Le coût socio-économique des accidents au Maroc serait de 11,5 milliards de dirhams par an, soit 2% du PIB. C'est d'un véritable crime routier qu'il s'agit, puisque le premier facteur est d'ordre civique et éducatif. Le malheur dans ce drame est que le bourreau prend aussi la peau de la victime. Le facteur humain endommage le facteur humain ! Quel beau paradoxe ! Le défi majeur réside par conséquent dans le changement des mentalités et des comportements des usagers de la route. Le nouveau code de la route ne peut avoir un réel impact sur la baisse du nombre des victimes de la circulation en l'absence d'une prise de conscience réelle de la part des usagers. Nombreux parmi ces derniers se croivent, par incongruité, par mépris et par bêtise, en terrain conquis une fois installés derrière le volant. Un comique français a été particulièrement inspiré devant les drames routiers en définissant la voiture comme un engin qui peut contenir “quatre vingt chevaux sous le capot et un âne au volant"...