Paris et Washington ont été les premières puissances occidentales à reconnaître la légitimité de la Coalition syrienne de l'opposition, la France faisant même un pas vers une éventuelle livraison d'armes réclamées à cor et à cri par les rebelles. Sur le terrain, les chars du régime pilonnait Damas et sa région, où près d'une centaine de personnes ont péri mardi, la capitale et notamment sa ceinture sud étant désormais au centre des affrontements après 20 mois d'une révolte populaire devenue conflit armé. Au lendemain de sa formation, la France a reconnu la Coalition «comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique permettant d'en terminer avec le régime de Bachar al-Assad». Les Etats-Unis, eux, ont affirmé qu'elle était «une représentante légitime du peuple syrien», se gardant d'évoquer un éventuel exécutif provisoire avant que la Coalition ne «fasse la démonstration de sa capacité à représenter les Syriens à l'intérieur de la Syrie». Des armes pour les rebelles Le président français François Hollande a dans le même temps indiqué que la question de la livraison d'armes allait être «nécessairement reposée», alors que l'Occident a jusqu'alors refusé d'armer l'opposition arguant notamment de son manque d'unité. Plus tôt, le chef fraîchement élu de l'opposition, Ahmad Moaz al-Khatib, avait réclamé depuis Le Caire des «armes appropriées» pour «mettre fin à la souffrance des Syriens», alors que le conflit a fait plus de 37.000 morts selon une ONG. Si plusieurs Etats du Golfe, notamment le Qatar, ont appelé à plusieurs reprises à armer la rébellion, des pays Occidentaux, Etats-Unis en tête, refusent cette option, redoutant qu'elles tombent aux mains de groupes extrémistes.Alors que les rebelles peinent à faire face à la puissance de feu du régime, armé notamment par son allié russe, des médias japonais ont affirmé que la Corée du Nord avait essayé d'envoyer en mai des pièces détachées de missiles balistiques à Damas en violation de l'embargo de l'ONU. Moscou et Téhéran pour le dialogue Sans surprise, Moscou et Téhéran, grands alliés du régime, ont réitéré leurs appels au dialogue avec M. Assad, une proposition que l'opposition a déjà rejetée en posant comme condition sine qua non aux négociations le départ du président. Mercredi, les chefs de la diplomatie du Golfe et de la Russie doivent s'entretenir à Ryad de la transition politique en Syrie. Et l'Iran accueillera dimanche un «dialogue national» entre des représentants du gouvernement syrien et des «représentants de tribus, de partis politiques, de minorités et de l'opposition», sans dire à quels groupes il faisait référence. Si la reconnaissance de l'opposition porte un nouveau coup au régime, contesté depuis mars 2011, une soixantaine de pays s'apprêtent à resserrer l'étau autour de Damas. Le 30 novembre, Tokyo accueillera une réunion des «Amis du peuple syrien» qui évoquera notamment un renforcement des lourdes sanctions déjà mises en place. Violents combats et bombardements Les raids féroces de l'aviation et les tirs par l'artillerie des troupes ont de nouveau frappé Damas, sa région et le nord-ouest de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière avec 189 morts à travers le pays. A Boukamal, sur la frontière irakienne, les chasseurs-bombardiers ont également entamé leur ballet meurtrier dans la matinée, tandis que rebelles et soldats poursuivaient leurs combats meurtriers à travers le pays, notamment aux abords de Maaret al-Noomane (nord-ouest), où les insurgés ont reculé, perdant notamment une portion de l'autoroute stratégique qu'empruntent les renforts militaires vers Alep (nord), selon l'OSDH.