Une bombe a explosé dans un restaurant de Damas faisant cinq morts et de violents combats ont opposé soldats et insurgés dans d'autres régions de Syrie mardi, au lendemain d'une mise en garde de l'ONU contre une guerre civile généralisée face à la persistance des violences. L'explosion dans le quartier de Qaboun à Damas a fait cinq morts lundi soir, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et la télévision d'Etat. Celle-ci a imputé l'attaque à des «terroristes» en précisant que la bombe avait explosé dans un restaurant causant également d'importants dégâts. Les forces du régime qui restent déterminées à étouffer la contestation, ont dans le même temps mené une série de perquisitions dans le quartier de Barzé à Damas et la région d'al-Bassatine, en banlieue, arrêtant des dizaines de personnes, a précisé l'OSDH. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), de violents combats avaient lieu entre soldats et insurgés, l'armée utilisant l'artillerie lourde, a-t-elle dit, en faisant état d'explosions nocturnes entendues à Hama (centre), Idleb, Lattaquié (nord-ouest), Alep (nord) et dans la ville côtière de Banias. Des manifestations hostiles au régime de Bachar al-Assad ont par ailleurs eu lieu à Alep, deuxième ville du pays, alors qu'une personne a été tuée par des tirs dans la ville de Deraa (sud), a dit l'OSDH. Les combats se sont intensifiés près de Damas et dans les régions d'Alep et d'Idleb ces derniers jours, avec la mort de 31 soldats et de 11 insurgés lundi, selon l'ONG. Les violences se poursuivent sans relâche malgré la présence de quelque 270 observateurs de l'ONU qui ont été jusqu'à présent incapables de faire respecter la trêve préconisée par le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan, quotidiennement violée depuis le 12 avril. Ce plan, appuyé par le Conseil de sécurité, a été pourtant accepté par le pouvoir syrien qui, refusant de reconnaître la contestation, assure combattre des «terroristes armés par l'étranger». L'ONU a accusé tant le régime que la rébellion, qui se rejettent la responsabilité, de la poursuite des violences qui ont fait plus de 12.000 morts depuis le début le 15 mars 2011 d'une révolte populaire sans précédent réprimée par le régime. Face à la répression et devant l'impuissance de la communauté internationale à la faire cesser, les désertions se sont multipliées au sein de l'armée et les insurgés, rassemblés au sein de l'Armée syrienne libre, affirment avoir pris les armes pour défendre leurs bastions. Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a parlé lundi de «moment critique» pour une solution pacifique en Syrie, où toutes les initiatives en vue d'un règlement ont jusque-là échoué surtout en raison des divisions internationales, la Russie et la Chine, des alliés du régime, rejetant toute ingérence dans le conflit. En marge du sommet de l'Otan à Chicago, M. Ban a dit «que nous étions à un moment critique dans la recherche d'une solution pacifique de la crise, qu'il restait extrêmement préoccupé des risques d'une guerre civile généralisée en Syrie et était inquiet de la flambée de violence au Liban», selon son porte-parole. Les craintes d'un débordement au Liban voisin de la crise en Syrie augmentent, après des affrontements meurtriers à Beyrouth entre partisans et adversaires du régime Assad. Le Liban a été sous tutelle syrienne pendant 30 ans avant que ces troupes ne soient contraintes au départ en 2005. Mais ce pays reste divisé entre pro et anti-Assad. L'opposition libanaise a accusé le pouvoir syrien de vouloir semer le chaos au Liban, alors que le Hezbollah libanais, un allié de ce régime, a accusé l'opposition d'avoir «transformé le pays en base pour les (rebelles) armés syriens». Le secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous, en visite lundi en Syrie, a demandé aux autorités syriennes des «mesures de confiance» comme libérer des détenus et autoriser les manifestations pacifiques. M. Ladsous, qui s'est rendu notamment dans la ville meurtrie de Homs, a estimé que les observateurs étaient parvenus à y «réduire le niveau de violence», et dit espérer un succès de la mission d'observation avant l'expiration de son mandat le 21 juillet. Manifestants abattus sous les yeux des observateurs La police syrienne a tué deux civils et en a blessé cinq autres en ouvrant le feu sur une foule qui accueillait les observateurs des Nations unies dans la province de Deir al Zor, à l'est du pays, rapportent mardi des opposants. «Dès que le convoi de l'Onu est entré à Al Boussaira, des centaines de personnes en liesse sont sorties dans la rue pour l'accueillir. Il ne s'est pas écoulé quelques minutes avant qu'elles ne se fassent tirer dessus», a déclaré au téléphone Abou Laila, un responsable de l'Armée syrienne libre (ASL) dans la ville. Cette information n'a pas été confirmée de manière indépendante.