Les attentats meurtriers se multiplient en Syrie, notamment depuis l'annonce du cessez-le-feu, malgré la présence de désormais près de la moitié des 300 observateurs internationaux de la mission de l'ONU. Dans le même temps, la répression du mouvement de contestation contre le régime de Bachar al-Assad se poursuit: quatre civils ont encore été tués samedi par les forces du régime. Damas et Alep, les deux plus grandes villes du pays, ont été frappées par plusieurs attentats depuis décembre 2011 mais les attaques se sont récemment multipliées, notamment depuis l'entrée en vigueur le 12 avril du cessez-le-feu prévu par le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan. Ces attentats, toujours immédiatement attribués à des «terroristes» par les autorités, ont pour plusieurs d'entre eux été revendiqués par un groupuscule, le Front al-Nosra. Vendredi, les autorités syriennes ont affirmé avoir déjoué un attentat suicide à Alep (nord). Le kamikaze, abattu «avant qu'il ne puisse perpétrer son crime terroriste», selon la télévision d'Etat, transportait 1.200 kg d'explosifs. La veille, à Damas, deux attentats à la voiture piégée avaient fait 55 morts et des centaines de blessés. Là aussi, la charge explosive dépassait une tonne. Le quotidien gouvernemental As-Saoura imputait samedi la responsabilité des attentats à Al-Qaïda, soutenu par «l'Amérique et l'Occident via leur instruments dans la région: la Turquie voisine ou les émirats pétroliers». L'opposition affirme en revanche que les attaques sont le fait du régime qui cherche à saboter par ce moyen le plan Annan. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, accuse même les autorités de mettre en scène les attentats en mettant notamment sur les lieux du drame des cadavres de prisonniers. Sur le terrain, 145 observateurs de l'ONU sont désormais en Syrie, soit près de la moitié des 300 observateurs qui doivent être déployés à terme pour surveiller l'application d'une trêve pourtant continuellement ignorée. Quatre civils ont été abattus samedi par les forces du régime dans les régions de Hama (centre), d'Idleb (nord-ouest) et de Deir Ezzor (est), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Par ailleurs, des combats ont opposé soldats des forces régulières et déserteurs passés à l'opposition dans les régions d'Idleb, de Deraa (sud) et de Homs (centre). Dans le même temps, les troupes bombardaient une localité dans la région de Homs, faisant sept blessés, alors que des explosions ont retenti dans la province d'Idleb, où les troupes tiraient des roquettes, de même source. Vendredi, journée traditionnelle de mobilisation depuis le début de la révolte en mars 2011, des dizaines de milliers de Syriens ont bravé les tirs des troupes pour manifester leur opposition au régime. En soirée, une explosion suivie d'une fusillade a eu lieu devant les locaux du parti Baas au pouvoir, à Alep (nord), faisant un mort, selon l'OSDH. Au total, 17 personnes, dont 12 civils, ont péri vendredi dans des violences. D'après l'OSDH, 938 personnes dont 662 civils ont péri dans les violences depuis le début de la trêve, et les violences ont fait plus de 12.000 morts en 14 mois, en grande majorité des civils tués dans la répression. Des dizaines de milliers de personnes ont par ailleurs été arrêtées dans le cadre de la répression, selon la même source. Deux journalistes turcs libérés après deux mois de détention en Syrie sont arrivés samedi à Téhéran avant leur retour en Turquie, a rapporté l'agence de presse Anatolie. Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a indiqué que leur libération avait été le fruit d'une médiation de l'Iran, allié indéfectible de Damas.