Les deux duellistes du second tour de la course à l'Elysée chercheraient à coopter les voix du FN mais disent ne veulent rien lui céder. Hollande affirme qu'il «ne doit rien céder à l'extrême droite». Quant à Sarkozy, il affirme qu'il n'y aurait «pas d'accord» avec le Front national et «pas de ministres» FN dans son futur gouvernement s'il était élu. François Hollande affirme qu'il «ne doit rien céder à l'extrême droite» et fait une distinction entre les électeurs FN qui ont exprimé «une révolte» sans «pour autant faire un vote d'extrême droite» et les autres. Dans une interview à Midi Libre parue ce mercredi, Hollande explique que dans l'Aude, il a vu des «Français en très grande inquiétude, en très grande révolte». «Il ont pu voter différemment d'ailleurs, tantôt pour moi, tantôt pour Jean-Luc Mélenchon et aussi pour l'extrême droite sans vouloir pour autant faire un vote d'extrême droite, mais pour envoyer un message», poursuit-il. «Donc, je ne dois rien céder à l'extrême droite.» Le candidat PS précise sur ce point qu'il «ne parle pas du parti», le Front national, «qui se situe où il veut et qui ne répond pas à ce qu'(il) considère être de l'intérêt de la France». «En revanche, une partie de ses électeurs doit être appelée à se rassembler derrière un projet susceptible de leur redonner confiance». Interrogé sur les propos du porte-parole du PS, Benoît Hamon, qui a estimé qu'une «grande partie» des électeurs du FN était «xénophobe», Hollande dit ne pas partager cette analyse: «Depuis des années que l'extrême droite existe, elle a structuré un électorat qui fait de l'étranger, de l'islam essentiellement, l'objet de son ressentiment. Mais c'est une partie seulement. Pas une grande partie». Et d'ajouter que «cette partie-là, j'entends ce qu'elle me dit. Je pense qu'elle fait fausse route mais je ne veux pas l'écarter de la République. Ils sont là, ces électeurs. Ils doivent être recherchés pour les amener à un autre choix, à une autre attitude», répond-il, en ajoutant toutefois: «Mais je parle, moi, à ceux qui ont exprimé une colère sociale, qui l'ont exprimée de multiples façons, pas seulement avec le vote Le Pen». Pour lui, les «causes» de la montée du vote en faveur du FN (dans le Gard, Marine Le Pen est arrivée en tête) «c'est d'abord la déception par rapport aux promesses du candidat sortant qui, en 2007, a pu absorber une part de l'électorat du Front au point de l'avoir réduit à 10%». «Aujourd'hui il est à 18 au plan national et à plus de 25% dans le Gard. Cela traduit son échec». «Je veux y répondre. Non pas en flattant ou en faisant de la surenchère, je laisse ça à Nicolas Sarkozy, mais en convainquant les Français, tous les Français, quel que soit leur vote de premier tour, de se retrouver dans un projet qui les élève». «Pas d'accord avec le Front national» De son côté, Nicolas Sarkozy a affirmé mercredi sur France Info qu'il n'y aurait «pas d'accord» avec le Front national et «pas de ministres» FN dans son futur gouvernement s'il était élu. «D'accord avec le Front national, il n'y en aura pas, de ministres du Front national, il n'y en aura pas», a déclaré le président-candidat, précisant qu'il ne l'avait «jamais souhaité, jamais voulu, parce que nous avons des points de désaccords». «Mais je refuse de diaboliser des hommes et des femmes qui, en votant pour Marine Le Pen, ont exprimé un vote de crise, un vote de colère, un vote de désespérance. Je dois en tenir compte, je dois les écouter, je dois les entendre et pas considérer qu'il faut se boucher le nez», a ajouté M. Sarkozy. Interrogé sur ses déclarations de la veille, quand il avait dit que si Marine Le Pen avait le droit de se présenter à l'élection présidentielle, c'est qu'elle était «compatible avec la République», M. Sarkozy a développé son propos. «A partir du moment où la République autorise Marine Le Pen à être candidate, c'est que (le Front national) est un parti démocratique, sinon, on ne l'autoriserait pas. Il faut être cohérent», a-t-il affirmé. Et «donc, les Français, les citoyens qui votent pour elle, on ne va pas le leur reprocher», a-t-il ajouté. Selon lui, «s'il y avait quelque chose d'anti-républicain à présenter la candidature de Marine Le Pen», alors, «il faut l'interdire, il faut aller jusqu'au bout. Si c'était très mal de voter pour Marine Le Pen, pourquoi, alors, est-elle proposée au choix des Français?», a-t-il demandé. «Il n'y a pas un mauvais vote et un bon vote. C'est aux Français de choisir et j'ai revendiqué le droit de parler à ces Français qui, en votant pour Marine Le Pen, ont exprimé quelque chose», a-t-il également expliqué. «Je suis bien obligé de considérer que 18% des Français qui se sont exprimés pour Marine Le Pen, ce n'est pas 18% qui ont les idées de l'extrême droite. Ces gens-là, si on veut les remettre dans le champ des formations républicaines, il faut s'adresser à eux», a-t-il argué.