Le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte malienne, a appelé les Occidentaux à intervenir militairement dans le nord du Mali, contre les groupes islamistes armés, dans un entretien publié jeudi dans les quotidiens français Libération et le Monde. Dans le même temps, les séparatistes du Mouvement national de libération de l'Azaouad (MNLA), principale force de la rébellion touareg, ont appelé la communauté internationale à protéger l'Etat de l'Azaouad dont il revendique la création dans un communiqué diffusé sur son site internet. Les séparatistes du Mouvement national de libération de l'Azaouad, principale force de la rébellion touareg, ont annoncé jeudi qu'ils mettaient fin aux opérations militaires dans le nord du Mali. Le MNLA appelle la communauté internationale à protéger l'Etat de l'Azaouad dont il revendique la création dans un communiqué diffusé sur son site internet. Les rebelles touaregs, agissant de concert avec des groupes salafistes souhaitant appliquer la charia dans cette partie du Mali, ont mené une offensive la semaine passée et chassé les forces gouvernementales de Kidal, Gao et Tombouctou. Le MNLA revendique ces trois régions septentrionales comme territoire d'un nouvel Etat qu'il affirme avoir libéré. De son côté, le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte malienne putschiste, a appelé les Occidentaux à intervenir militairement dans le nord du Mali, contre les groupes islamistes armés, dans un entretien publié jeudi dans les quotidiens français Libération et le Monde. «Si les grandes puissances ont été capables de traverser les océans pour aller lutter contre ces structures intégristes en Afghanistan, qu'est-ce qui les empêche de venir chez nous ? Notre comité veut le bien du pays. L'ennemi est connu et il n'est pas à Bamako. Si une force devait intervenir, il faudrait qu'elle le fasse dans le Nord», a déclaré le capitaine Sanogo. «A Bamako, la vie continue, l'administration tourne, les gens vaquent à leurs affaires, notre comité est respecté. Donc il n'y a pas d'urgence à Bamako. L'urgence, c'est le Nord», a insisté le chef de la junte qui a renversé le président Amadou Toumani Touré il y a deux semaines. Profitant du putsch de Bamako, rebelles touareg et groupes islamistes, parmi lesquels des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont pris en fin de semaine le contrôle des trois principales villes du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de la part d'une armée malienne sous-équipée et désorganisée, coupant de fait le pays en deux. Parmi ses adversaires au Nord-Mali, le capitaine Sanogo a refusé de différencier le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA, indépendantiste), qui a annoncé jeudi la fin de ses opérations militaires, et les groupes islamistes. «Pourquoi faire des distinctions entre les groupes armés ? Tant qu'ils continuent à semer la terreur, je ne les différencie pas. Pour le reste, les portes du dialogue sont ouvertes, mais on ne négociera pas l'intégrité du territoire malien», a-t-il assuré. «La situation est critique depuis longtemps. C'est la raison pour laquelle nous avons renversé le pouvoir en place. Il y a eu des trahisons, l'armée a été abandonnée face à la rébellion touareg. Aujourd'hui, ce n'est plus une simple rébellion, ce sont des groupes islamistes qui s'installent dans le nord du pays. Et si on laisse le Mali seul avec ce problème, l'Afrique et le monde en paieront les conséquences», a souligné le capitaine. L'AQMI inquiète la Communauté internationale Les Nations unies ont exprimé mercredi leur inquiétude face à la présence d'Al Qaïda dans le nord du Mali, et prévenu que les islamistes radicaux pourraient menacer davantage la sécurité du pays, déjà déstabilisé par un coup d'Etat et la rébellion touareg. Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé mercredi un cessez-le-feu immédiat dans le nord du Mali, où la composante laïque de la rébellion touareg, aujourd'hui supplantée par les groupes islamistes, a annoncé la fin de ses «opérations militaires». Dans une déclaration proposée par la France, les 15 membres du Conseil de sécurité ont aussi réclamé le retour à un gouvernement légitime à Bamako où une junte militaire a renversé le président Amadou Toumani Touré il y a deux semaines. Dans leur troisième déclaration depuis le putsch du 22 mars, les Nations unies ont renouvelé leur appel à la restauration de l'ordre constitutionnel et apporté leur soutien aux efforts de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui a placé 3.000 soldats en état d'alerte, selon la responsable des affaires politiques de l'Onu. Le texte adopté mercredi «appelle les rebelles à mettre fin immédiatement à toutes les violences et presse toutes les parties au Mali à chercher une solution pacifique grâce au dialogue». Les Touaregs contrôlent l'Azaouad «Le Conseil (de sécurité) est inquiet de la présence dans la région du mouvement terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ce qui pourrait conduire à une déstabilisation accrue de la situation sécuritaire», indiquent les Nations unies. Le Mouvement national de libération de l'Azaouad (MLNA, rebelles touaregs) assure qu'il ne veut contrôler que les régions septentrionales de Kidal, Gao et Tombouctou, et créer pour cela une patrie appelée Azaouad, dans le désert. On ignore en revanche dans quelle mesure l'organisation islamiste Ansar Dine, qui combat aux côtés des rebelles du MNLA, souhaite ou non poursuivre la percée en direction du sud-ouest. Un officier de l'armée régulière présent dans la ville de Mopti, à 400 km au nord-est de la capitale Bamako, a fait état de signes d'activités rebelles dans la région, ce qui a laissé craindre une attaque. A Gao, un habitant a déclaré à Reuters par téléphone: «Toutes les banques ont été mises à sac, les dispensaires ont été saccagés, tout a été détruit. Tous les centres administratifs ont été incendiés, l'armée est totalement absente, il n'y a pas de médicaments». «Ce sont les Touaregs qui contrôlent la situation, ils ordonnent aux gens de rester chez eux. C'est une vraie catastrophe, ils disent que dans trois jours, il n'y aura plus ni carburant ni électricité». Une habitante de Gao a elle aussi témoigné: «Les magasins sont fermés, les banques sont fermées et on ne sait pas qui contrôle la situation. Il y a tellement de gens en armes que nous avons peur de sortir».