Saisissant l'occasion de la visite de Meryem, Karim, Lalla Fatma et Hatim, Si Zoubir leur propose d'assister à la cérémonie du « khlyh ». Il est de tradition en effet, à l'époque où la famille était solidaire, de fêter le « khlyh » en présence des proches parents. Si Zoubir informe Bahya de son intention d'acheter une vache pour l'égorger et en faire le « khlyh ». Elle lui recommande d'acheter au préalable la coriandre en graines, le cumin, l'ail, en quantité suffisante, le sel, l'huile d'olive sans toucher aux provisions de l'année. Il faut aussi réserver la graisse et à Seffarine un grand «tangir » (grand récipient en cuivre) où le « kaddide » va cuire. Après l'achat des produits nécessaires, Si Zoubir, accompagné de Karim, va au souk au bétail pour acheter une vache. Il avait convenu avec un ami boucher de se rencontrer au souk à cet effet. Si Zoubir est allé chercher le boucher. Il était sous une tente en train de déguster un verre de thé à la menthe et des « ktyebates ». Le boucher le tranquillise : - « Ça y est, j'ai choisi pour toi la vache qui te convient : viande et graisse ». Si Zoubir, craignant une éventuelle combine, se méfia. - « Allons voir ça ! », dit-il. La vache, contrairement à ce que prétend le boucher, était maigre et son prix trop élevé ! Si Zoubir dit « Non » et fait un tour au souk. Un paysan exposait une vache qui n'est pas mal. C'est une « droba ». Elle est même enceinte pour la première fois. Si Zoubir lui tire la queue, passe sa main sur son dos, ses cuisses, voit la dentition. Il s'est avéré un fin connaisseur et n'a pas besoin d'intermédiaire. Il discute le prix, marchande, fait semblant que ça ne lui plaît pas et veut s'en aller. Le propriétaire de la vache cherche à l'en dissuader. En fin de compte, ils se mettent d'accord sur le prix. L'éleveur lui raconte qu'il a besoin d'argent pour payer les traites du Crédit Agricole ; autrement, il ne l'aurait pas vendue. Si Zoubir le paie et le propriétaire de la vache répète : « Allah ykhlaf ». Karim suivait avec intérêt toutes ces péripéties et les agissements des « chennaqua », lui qui est habitué à acheter un steak et des côtes de veau ! Si Zoubir confie la vache à un conducteur après lui avoir donné l'adresse avec précision. Le conducteur (« gouad ») avait d'autres vaches à remettre à leurs propriétaires habitant tous la médina. Il avait le moyen de distinguer l'une de l'autre et de ne pas les confondre ou se tromper d'adresse. La maison de Si Zoubir disposait d'une écurie à l'extérieur. C'est là où, autrefois, on mettait la jument qui constituait le moyen de transport pour les riches. La vache a été placée dans cette écurie et la porte fermée à clef, une grande clef en fer mesurant plus de trente centimètres.