«Diafte ennebi telte ayam». Justement trois jours après l'arrivée de Karim et Meryem, Lalla Fatma demande à sa belle-fille ce qu'elle sait faire à la cuisine, une épreuve des plus difficiles parce que les goûts diffèrent et les habitudes alimentaires aussi, mais elle doit s'adapter et essayer de tout savoir, voire de tout apprendre à nouveau. «Demain, dit Lalla Fatma, tu nous prépares une pastilla. Ne t'en fais pas, je ne vais pas te demander de faire «el warka», même si nous avons tout ce qu'il faut, surtout le «Tabssil dyal enhasse». Karim va t'acheter «el warka diyal el bastila» et celle des «briouates». Quelle corvée ! murmure Meryem. «Cette fois-ci, précise Lalla Fatma, Zoubida et Jamila vont t'aider». La mère de Meryem avait appris à maintes reprises comment préparer la pastilla et les «briouates», surtout à l'occasion de l'Aïd Sghir et quand ils devaient recevoir les invités. Mais, le plus souvent, les parents de Meryem faisaient appel à un traiteur. Lalla Fatma aurait pu en faire autant, mais elle veut s'assurer du savoir-faire de Meryem. Celleci ne supportait pas, quand elle était jeune fille, la cuisine et la préparation des plats. Maintenant, elle est obligée de le faire même si elle sait que «l'examen» serait difficile surtout qu'elle aurait à ses côtés Zoubida. C'est avec les larmes aux yeux qu'elle prend les différents ingrédients pour préparer la «pastilla, belahmam», s'il vous plaît ! Zoubida et Jamila l'aident avec, évidemment, «squd» des moqueries de Zoubida qui lui lance de temps à autre des «sfoud» sans qu'elle puisse réagir pour ne pas envenimer l'atmosphère. Une fois la pastilla prête, les membres de la famille se mettent autour de la table pour la savourer. «C'est excellent !» remarque Haj Brahim, le père de Karim. «Oui !» ? réplique Lalla Fatma mais tu vois bien qu'il y a la touche de «Sbiaâte» Zoubida. Meryem se tait même si elle sait que c'est elle qui a fait le gros du travail. «Pour ce soir, dit Lalla Fatma, tu vas nous préparer «Lahrira». J'espère que tu sais le faire». «In Cha Allah !», répond Meryem.