L'appartement où Karim et Meryem devaient habiter se situait au 4ème étage d'un immeuble sans ascenseur – merci, messieurs les promoteurs immobiliers et merci à tous ceux qui se soucient de l'état de santé des personnes âgées, des cardiaques, des asthmatiques et des handicapés- enfin, ce n'est pas grave ils sont jeunes et en bonne santé. Karim et Meryem grimpent les escaliers, lui, ravi de trouver ses parents et sa « demeure » ; elle, partagée entre un sentiment de joie parce qu'elle va vivre aux côtés de l'homme qu'elle a aimé, mais aussi d'inquiétude. Comment doit-elle se comporter avec ses beaux-parents et surtout avec les sœurs de Karim dont l'une, dit-on, avait un sale caractère. On dit que « aândha tansione » En tout cas, Meryem n'a pas le choix. Arrivés à la maison, Karim a été chaleureusement accueilli par sa mère et ses sœurs, quant à Meryem et après avoir embrassé la main et la tête de sa belle-mère, elle est restée quelques moments en expectative avant que Lalla Fatma, (sa belle mère) ne la tire de sa stupeur. - Alors, Meryem ! « kif daz chhar El aâsal ?! » - « Fi el âssal », réplique Zoubida, la grande sœur de Karim ! - Ça commence bien ; murmure Meryem dans son for intérieur. C'était merveilleux, répond-elle. « Allah ikhelli-li Karim ! ». Lalla Fatna n'apprécie pas cet mot « ikhelli-li », parce qu'elle considère que Karim lui appartient en totalité. « Maintenant, dit-elle, allez vous reposer, le temps que le déjeuner soit prêt ». Meryem entre dans sa chambre, elle l'a trouvé comme elle l'a quittée après le mariage. Elle essaie de passer en revue les images de « laylat el ômr » et de ses lendemains et se laisse emporter par un léger sommeil. Elle ne se réveille qu'à l'appel de sa belle-mère : « yallah, baraka aâlikoum men chkhyr ! Laghda rah oujed ! ». Autour de la table, Meryem a choisi de s'asseoir à côté de Karim - Rien d'extraordinaire en cela – mais pour Zoubida, c'était l'occasion d'échanger des regards malicieux avec ses sœurs, un code-phare qui en dit long sur ce qui attend Meryem. Celle-ci, d'ailleurs, les observait du coin de l'œil sachant que ce n'était que le début et prie Dieu pour qu'il lui donne le courage de supporter ce qui allait arriver.