LALLA Fatma ne pouvait pas laisser passer l'incident de la télévision sans réagir et mettre les choses au point. Elle ne tolérait pas le fait de voir Hatim frapper sa soeur aînée Zoubida à laquelle on doit respect, selon la tradition et les règles de la bonne éducation. Elle a attendu le retour de Hatim qui est allé voir un match dans un café, mais en vain. Hatim a tardé et n'est rentré à la maison qu'après 1 heure du matin. En lui ouvrant la porte, Lalla Fatma lui dit : « Aâla slamtek amoulay ! Loukane ghir bkiti hatta lefjar ». Hatim ne répond pas, il était dans un état second avec des yeux hagards et il marchait à peine. Lalla Fatma, stupéfaite, croyait qu'il était ivre. Elle s'est approchée de lui pour voir qu'il n'avait pas bu du vin. Mais son haleine la rassure. « De quoi s'agit-il ? », se demande-t-elle. Hatim s'est endormi sans changer ses vêtements. Lalla Fatma l'observait, il était dans une sorte de coma. Le lendemain, Lalla Fatma se réveille de bonne heure pour discuter avec Hatim avant de partir au lycée et pourquoi pas lui donner une de ces raclées dont il se souvient parfaitement. Hatim, sachant ce qui l'attend, fait semblant d'être fatigué. Une astuce qui lui a permis d'éviter à maintes reprises les coups de « Lemdamma » de sa mère, voire des « krissate » et des « aâdidate ». Mais comme il était le cadet ou « Akhir el ounqoud », comme on dit, il était « mfechech ». Sa mère l'adorait et le privilégiait sur plusieurs plans. D'ailleurs, quand il lui demandait de l'argent, elle n'était pas exigeante de savoir ce qu'il va faire avec. Mais ce qui intrigue Lalla Fatma, c'est que ces derniers temps, les demandes d'argent de Hatim se multiplièrent et il ne s'agit plus d'un dirham ou deux pour acheter des bonbons, des biscuits, du chocolat ou « Laâb oukoul » et parfois des billes, mais de grandes sommes qui atteignaient les 50 dh et parfois 100 dh. Hatim savait comment « yakoul el mokh » de sa mère, cette femme autoritaire qui se sent désarmée devant les desiderata de Hatim. En se réveillant, Hatim avait retrouvé ses forces mais continuait à faire semblant d'être malade. Lalla Fatma lui demande avec insistance : « Tu dois me répondre pourquoi tu as frappé Zoubida et qu'est-ce qui t'est arrivé hier soir ? » Hatim répond sur un ton qui touche les points sensibles de Lalla Fatma : « Hier, mon club préféré a perdu et j'étais triste, incapable de parler à quiconque ». « Et Zoubida ? », demande Lalla Fatma. Hatim répond : « Elle m'a énervé ». « La prochaine fois, dit Lalla Fatma, si tu manques de respect à l'égard de ta soeur, tu auras une « tahmila » et je ne plaisante pas ! » Lalla Fatma reste pourtant intriguée et inquiète de l'état de santé de son fils.