Comme convenu, Karim est arrivé pour assister à cette partie de « Touti », un jeu de cartes très répandu au Maroc. Si Zoubir rencontrait ses amis chaque vendredi après-midi pour jouer aux cartes. C'était à tour de rôle. Ce vendredi, c'était au tour de Si Zoubir d'abriter la rencontre avec évidemment le thé à la menthe, les «Kaâibates» et la « ghrayba al behla », c'est-à-dire faite sans amandes. Les amis de Si Zoubir rigolaient mais avec une certaine réserve compte tenu de la présence de Karim qui assistait sans enthousiasme à ce jeu de cartes, surtout après l'échange d'engueulades : - « Tu aurais dû jeter « erray », «achagna » ! Et l'autre de répliquer : - « Tu ne savais pas qu'il avait « al aâchrine aâryana » ? « Khassak terjâa ltahdiri… » Karim ne comprend rien à ce langage codé. Aussi, dès que la partie est terminée et que Si Zoubir ait perdu, il préfère se retirer sous prétexte que Meryem l'attendait pour sortir. D'ailleurs, c'est ce qu'ils ont fait. Ils sont allés au café d'un hôtel qui surplombe la médina pour prendre un thé à la menthe et des gâteaux aux amandes, surtout des « briouates ». La vue de la médina de la terrasse du café était splendide. Ils prennent des photos et demandent à un touriste de leur en prendre une pour mémoriser le moment. Ils se dirigent ensuite vers la station thermale de Sidi Hrazem pour boire l'eau à la source. C'est très indiqué pour les reins. Karim et Meryem prennent une « harcha » encore chaude avec du beurre beldi et du thé. C'était délicieux. Karim achète un bidon de dix litres qu'il va remplir avec l'eau de Sidi Hrazem pour l'emmener à la maison de ses beaux-parents, chose qu'a beaucoup appréciée Si Zoubir qui en avait besoin. Si Zoubir lui suggère aussi d'aller visiter Moulay Yaâcoub. L'eau de cette station thermale est la mieux indiquée pour ceux qui souffrent de rhumatisme. Karim trouvait l'odeur du souffre suffocante et désagréable, contrairement à Meryem qui avait l'habitude de s'y rendre fréquemment quand elle habitait Fès. La température de l'eau était insupportable pour Karim. Aussi, il l'a mélangée avec de l'eau froide. Karim et Meyem quittent Moulay Yaâcoub, mais l'odeur du souffre gênait Karim qui cherche comment s'en débarrasser. Si Zoubir lui suggère d'aller au bain-maure, celui du quartier car, à Fès, chaque quartier dispose de sa propre mosquée, d'un four et d'un hammam et parfois plus d'un. C'est la meilleure façon d'assurer au citoyen des prestations de proximité. Si Zoubir, qui était bien connu dans ce hammam, appelle Miloud le masseur ou comme on dit ici : le « kyass » (ou le « kessal ») pour s'occuper de lui et de Karim.