Ramadan est le mois des excès en tout : sexualité déchaînée, colères noires, jeux du hasards, paris douteux et gagnants, vols, agressions, proxénétisme, orgies et fêtes endiablées. Ce sont là des rites désormais ancrés dans le paysage culturel du Ramadan. Ambiance fêtarde et boulimie de tout poil. Mais le Kmar (jeux du hasard, cartes avec paris…) tient une place de choix. Même ceux qui ne savent rien à rien s'improvisent kemmara et parieurs devant l'Eternel. Chacun y va de son pécule, qui laisse des milliers de dirhams par soirée, qui empoche le magot, qui se ruine, qui se refait une santé, avec le souci de bien mener un mois de jeûne dans de bonnes dispositions morales. Ce qu'on appelle joindre l'utile à l'agréable. Parfois on joue à qui perd gagne. Cela veut dire dans le jargon des Kemmara que le plus important est la participation. Pour le reste, on apprend sur le tas. Comme ce philosophe d'un soir, kemmar invétéré de Hay Mohammadi, qui écume les chaises poisseuses d'un café mythique qui portait jadis le nom de «Lakhmira» (le levain) pour qui une partie de ronda avec des centaines de dirhams à la clé est une forme de prière : «Quarante ans que je joue aux cartes, et pas un jour sans passer six heures d'affilée à lutter avec les autres. Les cartes m'obéissent au doigt et à l'œil. En un tour, je sais ce que chacun a comme cartes en main, je fais mes calculs, je prévois les coups, je sais qui va gagner, et en fonction de mes prévisions, je fais monter la mise.» Avec ce conseil constant : «Les bleus n'ont rien à faire dans un coin comme celui-ci. Ici, il y a des vampires.» Lui, a employé le mot suceur de sang, et dans un sens, c'est vérifié. Visages émaciés, mines grises, bouches torves et édentées, silhouettes faméliques, presque nus pieds, le dos courbé, comme des forçats dans un camp de travaux forcés. Le jeu est ici pris au sérieux, une ascèse, un sacerdoce, une religion. On jure, on peste, on maugrée, on psalmodie, on blasphème et chacun y met du sien. Une réelle braderie de l'improbable. Les toxicos du jeu Il y en a pour qui le jeu est une drogue. Ils se passent de manger et de boire, mais ils fument des tonnes de tabac noir. Il est impossible de les déloger d'une table bancale dans un trou à café. Jouer ou mourir prend là tout son sens. Driss et Brahim ont la soixantaine bien tassée, mais ils paraissent plus jeunes, plus dans l'attitude que dans le port physique. Dégaine insouciante, démarche hachée, une certaine non-conscience de ce qui les entoure imprime à leurs personnes un je ne sais quoi de presque fictif. Mais le corps est ravagé et tient par des bouts de ficelle. Driss et Brahim sont amis comme cochons. On dirait qu'ils ont, lors d'un pari, fait le serment de ne jamais se séparer, et si l'un des deux venait à passer l'arme à gauche, l'autre continuerait à jouer à sa place. «Quarante ans d'amitié et même plus. On joue ensemble, à la même table en duo contre tout le monde. On perd rarement, mais souvent on gagne pour le prestige. On rafle la mise et c'est un café pour nous deux, de la limonade, du thé et rarement des sous. Ce n'est pas sain, les sous. Nous on joue pour l'amour du jeu. On peut siroter dix théières et dix cafés cassés, après chaque partie emportée, mais jamais un centime sur la table. L'argent fausse tout. Là, on ne le voit pas et c'est tant mieux». Le prestige du joueur qui sait qu'il gagne et ne se soucie pas du trophée. Cela a quelque chose d'héroïque. Fin et de raffiné, dans un sens. Avec toute la panoplie des codes d'honneur, des règles à suivre, des directives à exécuter et le respect que l'on doit à celui qui passe à la trappe. Brahim nous explique le prestige : «Il ne faut pas gagner à tous les coups. Cela n'a plus d'intérêt. On ne triche pas, mais on sait que trop de parties gagnées faussent l'atmosphère du jeu. Avec Driss, on fait une bonne pair, et on sait tous les deux quand il faut laisser les autres respirer. Autrement, on finira par jouer tout seul. Et les cartes, c'est à quatre que c'est meilleur.» Et Driss et Brahim en face à face ? «Jamais on ne s'est mesuré. Ce n'est pas indispensable. Je connais le jeu de Driss et lui connaît bien le mien. C'est suffisant. Nous avons des astuces communes. On ne pourra jamais les utiliser dans un tête-à-tête. Et puis, c'est perdu d'avance. On pourrait alors faire une partie de record». Le prestige d'une partie sans fin entre deux galériens de la Ronda, qui tournent en rond, tournoient et virent à l'obsession de la carte interminable. Cela s'apparente à l'alchimie. L'argent, quelle merde ! Vous en connaissez qui ont tout bradé au jeu ? certainement. Et presque dans chaque quartier, il y a un spécimen rare et inestimable, un échantillon humain de la perdition dans le jeu. Ceux-là, sont les damnés des sous. Tout pour l'idée du gain. L'idée est plus importante que le reste. On s'en nourrit, on la cajole, on la choie, on la caresse, et elle finit par vous précipiter dans le trou. Aziz est un cas clinique. C'est une loque qui arrive toujours à se débrouiller de quoi jouer. Comment ? mystère. Pourtant quand il lui arrive de gagner, il régale l'assistance qu'il prend pour des supporters fidèles. Tous ceux finalement qui ont assisté à la chute du grand joueur de Derb Sultan. Aziz n'est pas un nom glané au hasard des rencontres, mais un personnage central de la place Sahat Sraghna. «Je n'ai plus rien. J'ai tout vendu : la maison, la voiture, les meubles, les habits, les bijoux de ma femme, c'est d'ailleurs à cause de cela qu'elle est partie en emmenant les enfants. Moi, j'habite aujourd'hui une cuisine sur la terrasse d'un cousin qui ne m'a pas laissé à la rue. Mais je ne regrette rien. C'est le destin». Ne rien regretter, il faut être saint ou fou. Et Aziz est un mélange des deux. Une vie vouée aux cartes, «ronda segaâ» (maudite Ronda) qui a tout emporté dans le sillage des mises et des tricheries. Un bleu qui se met à jouer, prend goût, s'enracine, ne décolle plus. Quelques années plus tard, il n'a plus un oreiller à se mettre sous la tête la nuit quand viennent les démons de l'insomnie. Et il dit qu'il ne regrette rien. On veut bien le croire, mais cet ancien banquier, aujourd'hui épave lancinante, fait mal au cœur. Pourtant, il est stoïque, un brin cynique. «C'est peut-être ma destinée, c'est peut-être un châtiment, une erreur, une connerie, une folie. Vous pouvez trouver tant d'explications à tout cela. Mais c'est ma vie et peut-être que si l'on me donnait une deuxième chance j'aurais été plus bas. On ne sait jamais, mon ami. Ma femme est partie, mes enfants m'ont oublié parce que je suis responsable de leur misère. Oui, je l'accepte, mais je n'y peux rien. C'est comme ça». À prendre ou à laisser. Et puis, merde, dit-il, comme si on avait une quelconque prise sur ce qui nous arrivait. «J'ai joué et j'ai gagné. J'ai joué et j'ai perdu. J'ai plumé tant de types. J'ai ruiné tant de foyers. Quand c'était mon tour, j'ai raqué. C'est dans l'ordre des choses, mon ami. Pas de regrets, je te dis». Mais amer tout de même. On pourrait épiloguer sur le rapport aux sous de cet homme qui a brassé tant de billets de banque, mais ce ne sont là que des conjectures. Il semble sain et conscient de sa faillite à tous les niveaux. Et il vit avec. Qu'allons-nous chercher de plus ? Les novices y prennent goût Un mois de Kmar, cela ne prête pas à grandes conséquences. Comme dirait le proverbe très usité dans les milieux de la bibine : «Onze mois de Lakhmar et un mois de Lakmar». Le temps s'écrase sous les cartes, les billets, les vociférations des parieurs et la boustifaille pour faire passer les malaises. Là nous sommes devant des cas bizarres. Des gens qui n'ont jamais eu maille à départir avec le jeu, et pourtant, durant le ramadan, on y va de son cru. On devient accro, toxico, fou à lier. On passe la journée à penser à la nuit qui va se prolonger jusqu'à 7 heures du matin autour de tables de jeu où femmes et hommes rivalisent d'ingéniosité pour conjurer le sort, le diable, soi, les démons de la nuit, le jeûne, Dieu, ce qu'on veut. «C'est la première année que je joue. Je ne savais même pas qu'on pouvait vite s'accrocher. Mais avec des amis après un ftour chez des copains, on a été chez d'autres amis et tout le monde s'est mis à miser. On m'a invité, j'y ai pris part, et depuis le début du ramadan, on joue toutes les nuits jusqu'à six heures du matin.» Ali ne travaille pas durant le ramadan. Il a les moyens de se prendre un congé de quarante jours pour jeûner. L'argent, il ne compte pas. Les dépenses, il s'en fiche. Le jeu, c'est un loisir. «Deux milles, trois milles par nuit, c'est l'ambiance qui compte. Merde, il m'est arrivé de casquer des briques dans des casinos, juste pour le fun. Là, c'est plus convivial, on mange, on boit, on écoute de la musique, on drague, on se fait draguer. C'est très sympa. C'est un truc que je ne connaissais pas. Mais là, je vais jouer durant chaque mois de ramadan. Je comprends pourquoi tant d'amis sont accros». Pour un type qui casque 100 000 dhs chaque week-end en sorties, c'est normal que cette ambiance de jeu du ramadan ait du piquant. Plus de boîtes, plus de nanas à appâter, le challenge est ailleurs. Les cartes, pas la ronda du pauvre, mais le rami, le poker et autres jeux très clos. Ali n'est pas le seul. Des comme lui, il y en a à la pelle. Des gens qui découvrent les attraits du jeu. Et pourquoi durant le ramadan et pas toute l'année ? «C'est encore une fois l'ambiance. Au Maroc, on veille la nuit jusqu'au shour et même au-delà. Il faut bien que le temps passe et le jeu est un moyen certain de passer de grands moments. C'est très excitant et puis c'est sain.» Sain ou pas, cela regarde celui qui se pose la question. Pour nous, Ali fait preuve de beaucoup de flexibilité et surtout il s'arrange bien pour que les sous perdus ne soient qu'un bon souvenir. Cet homme vit pour le plaisir, c'est un choix. Il l'assume. Sans amertume, non plus : «Je ne dilapide pas mon argent. Je ne suis pas fou. Mais j'aime pour le moment la joie que les cartes me procurent. Je ne sais pas si je le ferai longtemps, mais j'aime le risque de perdre et l'envie de gagner». Tout le monde y trouve son compte Les cafés sont bondés la nuit. Les affaires marchent du feu de Dieu. Pas un trou qui désemplit, pas une table vide. On s'arrache les places. C'est la loi des cafés où l'on joue. Il faut vite manger et venir prendre place, réserver la table et attendre la clique. Un rite sacré. Avec quelques dirhams en poche, de quoi consommer un café ou un thé et un jeu de cartes en poche ou délivré par le gérant de l'établissement, et les paris sont ouverts. À quatre, on commence. On joue à deux contre deux. On parie sur une tournée. Rien de bien compliqué. Qui perd paie. Et des fois, c'est la même paire qui raque toute la soirée.» Le gérant touche dans cette affaire. Les consommations fusent. C'est la règle. Plus on a de consommations, plus le fonds de la caisse est assuré : «Chez moi, il n'y a que des joueurs de cartes. Toute l'année d'ailleurs, mais pendant le ramadan, les choses vont mieux. On joue plus, on parie plus, on s'emporte plus. C'est comme ça. Ramadan a ses règles. Moi, j'ouvre quelques heures avant le Ftour pour permettre à quelques mordus de jouer. Mais la nuit, il n'y a pas une place vide». Et c'est vrai.C'est Archi-plein. Volutes de fumée de tabac noir, bruits, vociférations, cris, insultes, jurons, joints et kif. Avec Al Jazeera, haut perchée pour servir de bruit de fond. «Je fais le double de ce que je fais dans la saison. Mais ce n'est qu'un mois. D'ordinaire, on descend les rideaux à minuit. Là, c'est à six heures du matin qu'on boucle et on ouvre à quatre heures de l'après-midi. Mes clients sont les mêmes et honnêtement, je ne me plains pas. Lhamdou Lillah.» Avec une recette telle qu'elle se fait par nuit, bien sûr Lhamdou Lillah et plutôt deux fois qu'une. Les annexes du jeu Dans le même espace, on cuisine des crêpes, et on fait des sandwich de saucisses. Ce sont trois femmes qui tiennent la boutique. Aïcha, la plus âgée, fait office de cheftaine. C'est elle qui fait cuire la Harcha et le Msemmen. Avec un verre de thé, on casse bien la croûte quand l'estomac est vidé par des parties qui défilent. Les sandwichs sont pour plus tard, quand on a un vrai creux. Là, une moitié de pain, et quelques rondelles de saucisses, le tout avec une sauce douteuse, mais bonne et bien relevée. Le tout à deux dirhams le quart, quatre le demi. C'est pas cher. Les crêpes sont bien huileuses, mais bonnes aussi. On vient au café jouer, manger, on peut y rester dormir si l'on veut. En tout cas, le café n'est qu'une extension de la maison dans beaucoup de quartiers populaires du pays. Un autre chez soi, en somme. On s'y sent bien. C'est une tradition plus qu'une habitude. Un cercle d'amis, les potins du jour et de la nuit, les ragoût, les commérages, les histoires qui se font et se défont. Tout passe au crible des gens du café. On mate le cul de la voisine, on fantasme sur la fille du copain, on raconte des histoires d'adultère, on échafaude des plans machiavéliques, bref, on fait la vie ,et on en rit. Rien de bien sérieux ne prend corps au café. Qu'on y perde de l'argent, qu'on en gagne, qu'on se fâche ou on rigole, tout est bénéf. Rien ne vaut pour des millions de mecs du Maroc un tour dans un café, entre mâles. C'est l'univers caché, secret, exclusif aux hommes, qui ne veulent pas rester dans les jupons de leurs épouses. On oublie la famille, on oublie tout. On baigne dans un univers à part. C'est cela le pied. Le bon trip. Le pari réel. Et l'argent dans tout cela ? Zbel dial denya. «La lie de l'existence. On s'en sert, on le fait rouler. «Il est vil et utile. Mais surtout vil.» Amen. Les parias du jeu Ceux qui ont tout perdu à cause ou grâce au jeu, savent à quoi s'en tenir. Il y a une explication rationnelle à toute faillite. Pour peu qu'on veuille bien y voir plus clair, on en sort même avec les lauriers. C'est le cas d'une catégorie humaine qui ne sait pas que même l'avenir est déjà enterré, mais table encore sur l'improbable. Saîd est un homme qui habite la Houfra (le trou). Une espèce de prison où il passe toute la sainte journée. Il parie : chevaux, chiens, lui-même, les autres, à pile ou face. Et il perd toujours. Mais il joue, encore et toujours. Et il jouera même dans l'au-delà. Comme Chaplin conditionné par la machinerie infernale qui le broie et rêve d'engrenage dans son sommeil. Derrière la rue du Prince Moulay Abdellah, il y a deux Hofras. Deux trous béants. Tu entres, tu ne sais pas si tu vas sortir. Mais si tu sors, tire-toi et au pas de course comme un forcené. Parce que si tu y retournes une deuxième fois, tu es pris pour la vie. Oui la prison à perpétuité dans le jeu. Même quand tu n'as pas le rond, tu viens mater les autres jouer. Et tout le monde ou presque perd. On gagne rarement à la Houfra. On y devient paria, une loque, une épave, une ombre. Mais on n'y gagne rien. On y jeûne, on y fait la diète. On s'abstient de tout, mais on joue. Et quand on perd sa foi, on devient fou. Mais on ne quitte pas les lieux. On connaît les noms des tocards, des outsiders, des favoris. On appelle le cheval son frère, le chien son fils, la chienne sa mère. Toute la famille devient de race canine, mais on continue à y croire. La chemise nous en tombe, mais on parie encore. Et le souffle tient dans le nom d'un jockey. Longchamp, valenciennes, le trot, le steeple, les hongres, le Turf, les femelles, c'est là le jargon de la Houfra. Les Kaydars courent, galopent et les mecs s'affaissent, se noient. Qui perd gagne. Mon œil. Qui perd s'enterre vivant. Là, il n'y a pas de culte du plaisir ni de Lesbos pour égayer les pertes. Là Tantale devient thanatos. Kemmara au féminin Quand les femmes s'y mettent, elles peuvent être plus accrocs, plus addictes. Elles ont le jeu dans le corps. Comme une fièvre. Leïla est une grosse joueuse doublée d'une ogresse de la vie. Elle mange beaucoup, boit beaucoup, fait tout dans l'excès. C'est son credo. Elle s'en tient à des règles strictes d'hygiène sociale. Elle parle peu, avec parcimonie, mais mise gros. Son truc, c'est les partis de rami pour de bonnes sommes de billets bleus de 200 dhs. «Le jeu est une affaire de risque. C'est ce qui m'excite. J'ai des sous et je joue avec d'autres copines, mais j'aime quand c'est un mec qui raque». Evidemment, on n'y voit aucun jeu érotique, ni de séduction, du reste. Et tout est souvent sous le signe de Lesbos et quelques autres divinités lubriques du bon plaisir devant le Seigneur des sous. Le panthéon dans cette sphère, porte quelques attributs très limpides. On y vénère le saint Argent, quelle que soit son odeur. Peu importe sa couleur, d'ailleurs il n'en a pas, le saint fric. On y idolâtre les apparences. Le reste, on s'en moque. Rien ne compte, sauf ce que tu portes, combien tu peux miser. Con, débile, minable sous toutes les coutures, on s'en tape. T'as du pèse, t'es quelqu'un. T'en a pas, même si tu es celui qui a inventé le fil à couper le beurre, t'es qu'un déclassé. Et quand tu joues gros, on se met à quatre pour toi ; Un homme qui étale le pognon sur la table sans être regardant, a de la classe. C'est aussi vieux que la terre. Et une femme qui rafle la mise est une déesse. Leïla tient un harem de bacchantes qui compensent la vie par le jeu. La procuration tient ici son rôle de buvard social. C'est le Prozac du nanti. Souvent donné par la caricature, comme gorgé d'anxiolytiques. Mais qu'on ne s'y trompe pas, Leïla sait de quoi elle parle : «C'est mieux que le sexe. Le jeu, c'est une jouissance qui reste inconnue de beaucoup de gens. Moi, je suis folle quand je joue. Et j'oublie tout. Un coup de cafard, une partie avec trois ou quatre copines. Un coup de blues, un pari. C'est radical».