M. Abbas El Fassi: Le chantier de la moralisation de la vie publique a bénéficié de la priorité dans le programme d'action du gouvernement Le Maroc adhère pleinement à la dynamique internationale lancée par la convention onusienne de lutte contre la prévarication Les travaux d'une Conférence de haut niveau sur la lutte contre la corruption dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA), organisée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, se sont ouverts jeudi à Rabat. La séance d'ouverture de cette rencontre internationale, placée sous le signe «Mettre en pratique les engagements anti-corruption: transparence, participation et Etat de droit», a été présidée par le Premier ministre, M. Abbas El Fassi, en présence de hauts fonctionnaires du gouvernement et d'éminents experts du secteur privé et de la société civile dans la région, ainsi que de leurs pairs des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et des représentants d'organisations régionales et internationales. Initié par le ministère chargé de la modernisation des secteurs publics, en coopération avec l'OCDE et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et en coordination avec l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), ce dialogue multipartite de deux jours avait à débattre des moyens à mettre en place afin de s'attaquer plus efficacement à la corruption au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans une allocution d'ouverture, M. Abbas El Fassi, après avoir souhaité la bienvenue aux participants et invités à ce grand rendez-vous, a tenu à remercier les principaux partenaires du Maroc que sont l'OCDE, le PNUD et le Bureau des Nations unies pour la lutte contre la drogue et la criminalité pour leur précieuse contribution et leur action en vue de renforcer la cohésion entre les parties au processus de réformes et de lutte contre la corruption et la dépravation. Il a également tenu à saluer ce dialogue responsable entre la société civile, le secteur privé et l'Etat, ce qui permet aux acteurs présents de discuter des moyens de circonscrire et d'éradiquer le fléau de la corruption, dialogue, a-t-il dit, qui tombe à point nommé et à un moment où un intérêt grandissant est porté aux problèmes de la corruption et de la moralisation eu égard à leur impact incommensurable sur le développement et sur les relations des citoyens avec le secteur public. Il importe aussi, souligne M. El Fassi, d'avoir à l'esprit les changements que connaît actuellement la région arabe et les défis qui en découlent pour certains pays, ainsi que l'intérêt et les préoccupations qu'ils suscitent au plan international, l'OCDE, en particulier, ayant positivement réagi dans le cadre de l'Initiative de gouvernance générale et l'investissement dans la région MENA, notamment lors de la rencontre de haut niveau, en mai dernier à Paris, au cours de laquelle plusieurs voix se sont élevées pour réclamer la moralisation de la vie publique, plus de libertés individuelles et collectives, le respect des droits humains et la consécration de la démocratie véritable. Le Premier ministre a noté, d'autre part, que la vraie problématique tient au fossé qui sépare les engagements en ces domaines et la mise en uvre effective de ces derniers et qu'il est nécessaire, par conséquent, d'adopter des politiques nationales, volontaristes et plus hardies et déterminées, soutenues par davantage de coordination et de coopération internationales. Les pays MENA, poursuit-il, ont consenti des efforts soutenus en matière de développement économique et social, mais pour importants qu'ils aient été, ces efforts restent en deçà des aspirations et des besoins grandissants des citoyens, ce qui exige de redoubler encore d'efforts, de veiller rigoureusement à la mise en uvre des engagements pris et des conventions internationales et d'appliquer les mesures et dispositifs de lutte contre la corruption sans omettre les autres mesures préventives et répressives. Le Maroc qui est fier d'être observateur permanent de la Commission de gouvernance générale, rappelle le Premier ministre, invite à poursuivre les efforts en vue de renforcer la coopération internationale, principalement dans le domaine de la consolidation de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, à travers la consécration de la transparence, de l'honnêteté, de l'exigence de reddition de comptes, du partenariat, de l'Etat de droit et de la soumission des gouvernements et de leurs rouages et institutions à l'autorité souveraine de la loi. Conscient donc des graves répercussions du fléau de la corruption, le Maroc a accordé un intérêt particulier au chantier de la moralisation de la vie publique en l'érigeant au rang de priorité du programme gouvernemental et en s'engageant à lutter contre toutes ses formes selon une approche globale, adossée à divers facteurs objectifs et, en premier lieu, à la forte et ferme volonté de SM le Roi Mohammed VI, dont le discours historique du 9 mars 2011 a annoncé une réforme constitutionnelle globale reposant, entre autres, sur le renforcement de l'Etat de droit et des institutions, des mécanismes de moralisation de la vie publique, l'établissement de liens entre l'exercice de l'autorité et de la responsabilité, d'une part, et le contrôle et la reddition de compte de l'autre ainsi que sur la constitutionnalisation des instances de bonne gouvernance, des Droits de l'Homme et de protection des libertés. C'est que, explique-t-il, nous sommes intimement convaincus que pour faire face efficacement à ce fléau, il est indispensable de mobiliser et de mettre en uvre tous les dispositifs légaux, préventifs, de communication et de sensibilisation, dans le cadre d'un programme national global, concerté et participatif incluant la société civile comme partenaire essentiel. Il importe, en deuxième lieu, de renforcer la coordination et la coopération internationales en vue de résorber l'extension géographique de l'aire de la corruption et, troisièmement, d'accorder à l'approche préventive une place de choix. Après avoir rappelé les trois principaux axes du programme gouvernemental de lutte contre la corruption que sont la consolidation du cadre institutionnel, la consécration des principes d'exigence de reddition de comptes et de contrôle et des valeurs d'honnêteté ainsi que le renforcement des vertus de transparence dans les relations entre les citoyens et les entreprises, et après avoir souligné le rôle et l'importance de ces mécanismes, notamment de l'Instance centrale de prévention de la corruption, du Conseil de la concurrence, de la Commission nationale pour l'amélioration du climat des affaires, de l'institution du Médiateur ou, encore, les efforts du Maroc en vue d'adapter son arsenal juridique aux normes internationales en la matière, M. Abbas El Fassi a souligné la création du Conseil National des Droits de l'Homme conformément à ce qu'il est convenu d'appeler « les principes de Paris », mis en exergue le rôle des audits et des contrôles financiers des tribunaux du même nom, du contrôle interne des administrations à travers le renforcement du rôle et des prérogatives des inspections générales des ministères, la déclaration obligatoire du patrimoine de certains commis de l'Etat, alors que le gouvernement est en train de préparer un projet modifiant le cadre légal des marchés publics afin de renforcer la compétitivité et de donner des chances égales à tous les concurrents. Le Premier ministre a, par ailleurs, mis en relief les retombées positives de la stratégie « Maroc Numeric » en tant que levier pour le développement de l'industrie et des technologies de l'information, mais également en tant qu'instrument efficace da renforcement de la transparence et de neutralisation des aires traditionnelles de corruption et de prévarication, en simplifiant les procédures et facilitant les services en ligne tous des mécanismes et dispositifs, précise-t-il, qui reflètent la pleine adhésion du Maroc à la dynamique internationale de moralisation de la vie publique et de lutte contre la corruption et sa volonté de rechercher d'autres solutions, avec la précieuse aide et la mise à contribution de l'expertise et du savoir-faire des organisations et personnalités présentes, saluant à l'occasion l'apport et l'assistance technique du Bureau de l'ONU pour la lutte contre la drogue et la criminalité et du PNUD, notamment pour ce qui est des préparatifs de la 4ème session de la Conférence des Etats parties à la convention et dont l'honneur d'abriter les travaux échoit au Maroc du 24 au 28 octobre prochain à Marrakech.