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Civilisation du papier, support de transmission du savoir
Colloque «Manuscrits, papier, technique et dimension culturelle» Aux origines de «l'industrie» du manuscrit et du papier : Les Warraqine, des papetiers-libraires-éditeurs de jadis
Publié dans L'opinion le 04 - 06 - 2011

L'un des importants colloques autour du patrimoine des manuscrits s'était tenu en 2008 à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc (BNRM) à Rabat où un premier état des lieux a pu être effectué pour un patrimoine de manuscrits anciens estimé à 80.000 titres et 200.000 exemplaires répartis sur des bibliothèques publiques et privées dont 33. 000 exemplaires et 12.000 titres conservés à la BNRM. Un patrimoine qui pose problèmes de restauration, conservation aussi bien dans les bibliothèques publiques que privées. Un travail de numérisation du fonds des manuscrits anciens a été entamé à la BNRM.
Le colloque en deux jours, les 23 et 24 mai dernier, sous le thème « Manuscrits, papier, technique et dimension culturelle » organisé à Casablanca par l'Unité de recherche sur les manuscrits andalous de la Faculté des lettres et sciences humaines, Université Hassan II-Aïn Chok, a eu à traiter de nouveaux aspects du patrimoine des manuscrits anciens et surtout la civilisation du papier qui est en passe de laisser la place au numérique avec le boom foudroyant des nouvelles technologies qui n'en finit pas de tout chambouler en annonçant un grand tournant dans l'Histoire de l'humanité.
L'ouverture du colloque dans la matinée de lundi 23 mai s'est tenue à la bibliothèque universitaire Mohamed Sekkat (Route El Jadida, Casablanca) et la deuxième journée à la Faculté de lettres de Aïn Chok. Le colloque a planché sur l'Histoire depuis le Moyen Âge de l'industrie du papier en rapport avec l'activité de la transmission du savoir par les manuscrits et leur copiage par les scribes et calligraphes avec le développement des warraqine, des espèces d'éditeurs-papetiers-libraires qui engageaient des scribes copistes (ou l'étaient eux-mêmes avec des membres de leur famille) pour duplicater des livres manuscrits sur commande en copiant d'un original. La demande étant importante pour des copies par des lecteurs et des bibliothèques, cela offrait beaucoup de travail en l'absence de l'imprimerie qui n'apparaîtra qu'à partir du 15ème siècle. La survenue de plus en plus de commandes émanant de personnes riches ou des princes, fera naître des demandes plus exigeantes en terme d'esthétique, ce qui fera apparaître au grand jour de fins calligraphes, des enlumineurs pour orner les manuscrits et des relieurs pour les protéger avec de belles couvertures en cuir. Le papier fabriqué de manière artisanale d'une grande épaisseur et la reliure en cuir aideront les manuscrits à traverser sans encombre des siècles pour arriver jusqu'à nous.
Parallèlement à l'histoire du développement culturel de l'industrie du manuscrit depuis la découverte du papier par les musulmans au cours de leur conquête de Samarkand où ils apprendront des techniques de sa fabrication auprès de prisonniers chinois, il y a l'autre dimension qui est la sauvegarde du patrimoine des manuscrits aujourd'hui. Dans le colloque ont intervenus des experts dans le domaine de la conservation des manuscrits, notamment des Espagnols et là il a été question de la sauvegarde d'un patrimoine qui risque de disparaître du fait des conditions de conservation dans les bibliothèques aussi bien publiques que privées.
Pour l'Histoire, le Maroc a connu un développement des ateliers des warraqine au même titre que l'Andalus. Dans son ouvrage en arabe consacré à l'Histoire de ces ateliers et de ceux qui y vivaient, « Tarikh Lweraqa Lmaghribia » (1991, éditions Université Mohammed V, Rabat), le grand savant Mohamed El Mnouni (1915-1999) décrit notamment des femmes marocaines scribes et calligraphes qui travaillaient à copier, souvent d'une écriture de haute tenue, des ouvrages de diverses disciplines, religion, texte coranique, littérature, sciences. Mohamed El Mnouni semble répondre à des ouvrages du Machrek qui ignoraient la grande activité florissante de l'industrie du manuscrit dans les grandes villes marocaines où non seulement les hommes mais aussi des femmes parvenaient à s'illustrer comme calligraphes, donnant ses lettres de noblesse au khatt almaghribi. Par un travail de fourmi brassant une grande période historique, de l'époque idrisside à 1956, le savant marocain parvient à identifier pas moins de 600 copistes, calligraphes, relieurs de manuscrits et dresse, grâce à des bribes d'informations recueillies sur les manuscrits, des formes de biographies des copistes sauvés de la poussière de l'oubli.
Parmi les femmes copistes citées, l'auteur distingue des rurales reconnues par leur écriture et des citadines, des Fassis, des Slaouis, des Amazighes comme Aïcha Mtouguia, des Marrakchies comme Fatima et Saïda, des Andalouses comme Ghailana Bent Mohamed Ghailane installée à Tétouan ayant vécu au 18ème siècle et mourut en 1768. L'une des sources importantes de cette recherche c'est la signature sur les manuscrits, déposée par les copistes avec nom, date d'achèvement du travail de copie, le lieu et parfois aussi le nom du commanditaire pour lequel le travail de copie avait été réalisé.
Le colloque « Manuscrits, papier, technique et dimension culturelle » de Casablanca a ouvert une fenêtre sur un domaine qui reste peu connu s'agissant de la fabrication artisanale du papier et « l'industrie » du manuscrit qui ont disparu mais dont les traces sont toujours visibles dans le patrimoine dont regorgent les bibliothèques publiques et privées. Parmi les conclusions et recommandations retenues, il y a la conservation du patrimoine de manuscrits et l'encouragement de la numérisation des fonds de manuscrits privés, amélioration des méthodes de préservation et de restauration en mettant en place des stratégies de manière à éviter la dégradation et la perte d'un patrimoine de valeur inestimable.
Comme dans bien des contrées du monde musulman, au Maroc, le développement des ateliers de fabrication de papier avait connu des époques florissantes. Mais, jusqu'à présent, il n'y a aucun musée au Maroc pour retracer cette Histoire très riche et particulière de développement culturel à travers l'écrit et le support papier qui a permis la transmission du savoir pendant des siècles. Et il semble qu'il n'y en ait pas dans aucun pays arabe. Notre voisin l'Espagne par contre (comme bien d'autres pays européens) en compte plusieurs qui relatent pour les visiteurs l'Histoire des ateliers de papiers qui ont vu l'éclosion de toute une civilisation.
A noter que le colloque a été organisé en partenariat avec la bibliothèque universitaire Mohamed Sekkat, la Fondation du Roi Abdul-Aziz, le ministère espagnol des Sciences et de l'Innovation, l'Institut Cervantès de Casablanca.


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