Les dirigeants socialistes se sont efforcés samedi de renouer avec le jeu collectif après les étincelles de la semaine, qui a vu Martine Aubry et Ségolène Royal s'affronter à distance en banlieue parisienne. Pour effacer l'image d'un parti à deux têtes, prélude d'une guerre de "présidentiables" qui pourrait durer tout le premier semestre 2011, le premier secrétaire et l'ex-candidate à l'Elysée se sont affichées côte-à-côte lors de la convention du PS sur l'égalité réelle, réunie à Paris. Signe que la défiance est loin d'être enterrée, les entourages des deux dirigeantes ont cependant dû négocier ferme les questions de protocole sous l'oeil des journalistes, suscitant un étrange jeu de chaises musicales au premier rang avant que Ségolène Royal ne s'y installe. "Je sais que parfois cela énerve un peu les journalistes: on ne s'engueule plus au Parti socialiste", a assuré Martine Aubry à la tribune. "Il n'y a ni guerre froide, ni guerre chaude", a renchéri Ségolène Royal, dont la déclaration de candidature à l'investiture présidentielle a précipité les grandes manoeuvres au PS. Pour souligner cette unité, quasiment tout ce que le PS compte de candidats à la candidature, déclarés ou non, ont eu droit aux honneurs de la tribune, de Manuel Valls à Arnaud Montebourg en passant par Pierre Moscovici à l'exception de François Hollande, qui a choisi de ne pas se montrer à la Halle Freyssinet, dans le XIIIe arrondissement. Henri Emmanuelli a de nouveau appelé ses "camarades" à remiser leurs ambitions, à 17 mois de la présidentielle. "Aujourd'hui, les Français, ils ne veulent pas savoir qui est le candidat du Parti socialiste. La priorité, dans leur tête, c'est leurs problèmes (...) Notre crédibilité a été un peu entamée par nos comportements", a-t-il déploré. Tout en reconnaissant qu'il y avait "un peu de fébrilité" au sein du PS, Pierre Moscovici a enjoint les socialistes à "tenir leurs nerfs" à 500 jours de la prochaine présidentielle. Le député du Doubs, qui pourrait briguer l'investiture du PS si Dominique Strauss-Kahn décidait de renoncer, n'avait pas ménagé ses critiques contre le projet sur l'égalité réelle, qu'il jugeait irréaliste et dispendieux, mais samedi, il a finalement voté en sa faveur. Fillon et Copé lancent la mobilisation de l'UMP A Droite, François Fillon et Jean-François Copé ont lancé de concert samedi la mobilisation de l'UMP pour une réélection de Nicolas Sarkozy en 2012, par des appels à l'unité du mouvement, après les tensions internes provoquées par le remaniement du mois dernier. Le Premier ministre et le secrétaire général de l'UMP, qui font figure de rivaux potentiels pour l'échéance suivante, en 2017, ont cependant marqué leur différence en développant chacun de leur côté, lors d'un conseil national du parti, les thèmes dont ils souhaiteraient que celui-ci débatte dans la campagne. A ce jeu, le chef du gouvernement l'a emporté haut la main, recevant une véritable ovation à son arrivée et à la fin de son discours de la part des cadres de l'UMP, qui ont joué un rôle important pour son maintien à Matignon au moment où Nicolas Sarkozy envisageait de le remplacer par Jean-Louis Borloo. A moins de 18 mois de la présidentielle, "nous devons être plus soudés que jamais ", a dit François Fillon, ajoutant que "les intérêts individuels doivent s'effacer devant l'intérêt général de notre mouvement et les nécessités nationales". Promu secrétaire général de l'UMP au lendemain du remaniement, Jean-François Copé a lancé pour sa part un appel à l'"union sacrée" des différentes sensibilités du parti après un changement de gouvernement qui a renforcé les positions des anciens RPR, au grand dam de l'aile centriste du mouvement. Il a confirmé sa volonté que tous les courants puissent se faire entendre, déclarant : "Le principe c'est 100% de loyauté et d'engagement vis-à-vis du président de la République mais aussi 100% de liberté de débat !". Le député-maire de Meaux, qui s'est engagé " à tout mettre en oeuvre pour faire gagner Nicolas Sarkozy en 2012, n'a pas hésité à se projeter au-delà en évoquant la préparation de la "reconquête" aux municipales de 2014. Il a invoqué aussi une situation de "danger électoral" avec la remontée du Front national, indiquant que le meilleur moyen d'y répondre pour l'UMP était "un retour à fond" aux fondamentaux de la droite et à ses valeurs, notamment "la fermeté". "A nous d'être très offensifs, à l'image de ce que fait (le ministre de l'Intérieur) Brice Hortefeux dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre l'immigration clandestine", a-t-il dit. Il s'est prononcé en outre pour une relance du débat sur l'identité nationale abandonné au printemps dernier après de nombreuses polémiques. François Fillon a insisté pour sa part sur la continuité de l'action menée depuis 2007 et la poursuite des réformes, évoquant celles de la fiscalité, la dépendance et de la justice qui figurent au programme de la fin du quinquennat. Se présentant comme "l'interprète d'aucun clan" et "au service" de la synthèse des différents courants de pensée l'UMP - le volontarisme gaullien, la démocratie libérale et la République libérale - , il a invité le parti à ouvrir le débat sur des thèmes qui pourraient préfigurer les réformes d'un second mandat pour Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Il a cité ainsi la "flexsécurité" pour les salariés, l'amélioration de l'éducation, la consolidation de la famille et "l'assimilation des immigrés" en situation régulière, évoquant aussi les moyens de "faire progresser l'Europe politique". Le Premier ministre s'est démarqué aussi du secrétaire général de l'UMP dans la méthode, privilégiant la "force du militantisme" quand le second a annoncé son attention d'associer les groupes de réflexion qui gravitent dans l'entourage du parti au débat sur son programme pour 2012. "Quand les enjeux touchent au fondement même de l'existence nationale, la réponse ne peut venir d'un groupe d'experts, d'une élite ni même d'une classe politique aussi décidée soit elle ", a-t-il dit. "C'est l'énergie du peuple qui compte. Votre rôle est d'être à ses côtés, militants parmi les militants, citoyens parmi les citoyens." Les deux hommes se sont retrouvés pour tirer à boulets rouges sur le Parti socialiste, sur fond de premières empoignades entre les prétendants à l'investiture du PS pour 2012. "La société du 'care', cette société charitable que la première secrétaire (Martine Aubry) appelait de ses voeux, est mal partie ", a ironisé François Fillon.