Les proches de Ségolène Royal affirment qu'elle «reste légitime pour postuler» au premier secrétariat du PS. Logiquement, d'ici la fin de la journée de ce mardi, les socialistes devraient connaître l'identité de leur futur premier secrétaire. De nombreux porte-voix de Ségolène Royal dont la motion est arrivée en tête lors d'un vote des militants socialistes se sont succédé ce week-end sur les plateaux de télévisions pour promettre cette performance. Ils répondaient ainsi à une demande pressante de François Hollande soucieux de rester fidèle à la lettre et à l'esprit de la pratique socialiste en matière de succession : «Il faut que la motion, arrivée en tête, conduite par Gérard Collomb et Ségolène Royal prenne l'initiative -elle en a le droit- de faire une proposition sur un premier secrétaire, la stratégie d'alliance, la conception du parti et l'orientation politique». Et depuis, les interrogations n'ont cessé de secouer la galaxie socialiste : Quelle est la personnalité que Ségolène Royal va proposer au consensus socialiste ? S'agit-il de Vincent Peillon, député européen et ancien porte-parole de Ségolène Royal lors de la campagne des présidentielles ? de Julien Dray, un haut responsable du PS qui avait effectué un aller-retour affectif et politique très remarqué entre le couple Hollande-Royal dont il se targuait d'être l'ami ? ou François Rebsamen, l'actuel numéro deux du PS et très proche de Ségolène Royal ? L'idéal avoué par de nombreux responsables socialistes serait de parvenir à un accord entre les différentes motions que dirigent Ségolène Royal, Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Benoit Hamon sur l'identité du successeur de François Hollande avant l'ouverture du congrès de Reims prévu en fin de semaine. L'objectif étant de tenter d'éviter de reproduire le scénario catastrophe et traumatisant du congrès de Rennes qui avait vu les socialistes étaler au grand jour leur linge sale. Même si le débat de savoir s'il faut placer à la tête du PS un présidentiable est toujours aussi cuisant, les proches de Ségolène Royal affirment qu'elle «reste légitime pour postuler» au premier secrétariat du PS. D'ailleurs, un sondage ViaVoice, paru hier lundi dans le journal «Libération», montrait que 51% des Français avait la conviction que Ségolène Royal ferait un «bon» chef du PS. Ce qui rend cette perspective assez pimentée est le fait qu'avant de se lancer dans cette bataille sur la base d'une motion distincte et alors que ses adversaires lisaient déjà son oraison funèbre, Ségolène Royal a dû presque s'engager à retirer son dévolu sur le fauteuil tant envié de François Hollande. N'était-elle pas la seule à avoir annoncé, dans un acte qui se voulait un mélange de bravoure et de sacrifice, avoir mis son ambition de diriger personnellement la rue Solferino «au frigidaire» ? La victoire de la motion de Ségolène Royal, devant les militants a poussé certains responsables socialistes à faire des constats aussi lucides qu'amers. Pour le sénateur Jean-Luc Mélenchon, un des farouches opposants à Ségolène Royal et qui avait, comme dommage collatéral de cette victoire, annoncé son intention de quitter le PS et d'aller fonder un autre parti de gauche, la réalité est limpide : «Ségolène Royal a gagné le congrès socialiste, il faut qu'ils (les socialistes) se fassent une raison (…) Elle a gagné, il faut prendre le vote au sérieux, il faut arrêter de la prendre pour quelqu'un qui est incohérent, qui ne sait pas ce qu'elle veut, qui est là par hasard (…) Elle sera sans doute légitimement premier secrétaire de ce parti, ça coule de source». Un autre responsable socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, proche de Martine Aubry demande à ce qu'on «laisse sa chance à Ségolène Royal (…) Je souhaite que Ségolène Royal puisse aller jusqu'au bout et qu'elle puisse nous dire ce que pourrait être une majorité stable au Parti socialiste qui soit vraiment dans le sens de la rénovation». Ségolène Royal est en train de passer un test de compromis grandeur nature. Pour ne pas devoir affronter l'hypothèse déjà évoquée par François Hollande des «autres configurations possibles», elle se doit de convaincre ou Bertrand Delanoë ou Martine Aubry à faire alliance avec elle. La violence de la campagne laisse présager que le prix du compromis sera élevé.