Sur un total de 3 milliards de sachets en plastique utilisés par an au Maroc, les quelques 10.000 officines du pays en consomment 400 millions, soit plus d'un million par jour. Des sachets, comme tout autre produit en plastique, qui polluent l'environnement et mettent plus de quatre siècles pour se dégrader. Désormais, les pharmaciens pourront utiliser pour les médicaments qu'ils livrent des sachets qui se désintègrent totalement en l'espace de 14 à 16 mois. L'annonce de l'adoption par les pharmaciens des sachets plastiques oxo-biodégradables a été faite à Casablanca par une société de distribution des médicaments à l'occasion de la célébration du 40ème anniversaire de la Journée de la Terre qui durera du 17 au 24 avril et constituera l'occasion pour notre pays de démontrer son engagement environnemental. Selon les promoteurs de cette initiative, aussi bien l'Ordre que les syndicats des pharmaciens sont partant d'autant plus que le nouveau produit est proposé sensiblement au même prix que celui des sacs en plastique polluants (27 DH/kg, 6 centimes le petit sachet et 12 cts le grand). Rappelons que l'arrêté conjoint du Ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies et du Ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement (Bulletin Officiel du 4 juin 2009), a rendu obligatoire l'application de la norme marocaine 11.4.050 fixant les exigences qualitatives et de préservation de l'environnement devant être réunies dans les emballages en matière plastique et sacs destinés aux produits de consommation. Cette norme édicte entre autres que ces contenants ne doivent pas contenir des matières colorantes noires ou encore de permettre la migration de leurs composants aux produits alimentaires. Si l'accent a été beaucoup mis sur le sachet noir, c'est qu'il est trop voyant dans la nature et provient essentiellement du recyclage du plastique de récupération. A la pyrolyse de ce plastique, on obtient une matière proche du goudron, d'où la couleur noire. Et étant donné qu'il provient de produits pouvant contenir des substances chimiques nuisibles à la santé, son usage pour les produits de consommation a été interdit dans plusieurs pays. Pour ce dernier usage, on utilise plutôt un plastique inerte, stable, le polyéthylène ou polyéthène. Mais pour des raisons environnementales, même les sacs en polyéthylène, quelle que soit leur couleur, sont décriés pour la pollution de l'environnement qu'ils provoquent. Par contre, le plastique oxo-biodégradable a une durée de vie contrôlée. Il se dégrade complètement sur des périodes allant de 60 jours à 5 à 6 ans (en fonction des besoins) pour ne laisser que de l'eau, du gaz carbonique et une faible quantité de biomasse. Il s'agit en fait d'une technologie utilisant différents additifs pro-dégradants qui sont adjoints au plastique, chacun défini en fonction des applications et du type de dégradation souhaitée. Les produits additivés conservent toutes leurs qualités de transparence et de solidité mécanique ; leur caractère recyclable et revalorisable est conforme aux directives européennes, indique un groupe détenteur du brevet. Les plastiques oxo-bio dégradables, précise-t-on, sont les seuls polyméres capables de se dégrader dans la plupart des conditions environnementales, et notamment en cas d'abandon sauvage. En effet le démarrage du processus de dégradation des films oxo-biodégradables ne nécessitent pas la présence de micro organismes. La chaleur, les rayons UV, le vent sont les catalyseurs du processus qui démarrent l'oxydation du matériau. Cette technologie, ajoute-ton, ne constitue aucun risque pour le sol de même qu'en cas de contact direct avec la nourriture. Le plus important est que toutes les propriétés du plastique sont maintenues durant toute sa vie utile notamment la solidité, la clarté, l'impression et les propriétés de barrière. Aucun processus de production spécial n'est requis, et il n'y a aucun effet sur les machines de production ou d'emballage ni sur les vitesses de chaînes d'assemblage. Quasiment tous les plastiques flexibles peuvent âtre rendus dégradables, et le coût supplémentaire est minime voire nul, souligne-t-on. Les additifs de dégradation développés sont pour la plupart des sels de métaux, oligo-éléments issus du milieu naturel et introduits à des concentrations très faibles lors de la fabrication du film standard. Ils peuvent être utilisés dans la fabrication des sacs de caisse, sacs poubelle, films transparents pour magazines et journaux, sacs de congélation, films alimentaires, paillages agricoles, bouteilles et flacons, etc.. Cette technologie a été introduite au Maroc en janvier 2010 et fut adoptée pour les sacs de caisse Label'Vie et Carrefour. Les officines suivront à partir de ce mois. Les autres commerces continuent à distribuer les sacs en plastique non dégradable, toutes couleurs confondues, excepté le noir, mais répondant à la NM 11.4.050 qui assure notamment l'absence de substances toxiques pouvant migrer vers les aliments.