La conduite automobile à Casablanca a été de tous les temps des plus difficiles et elle continue à se compliquer chaque jour davantage en raison aussi bien de l'augmentation du parc en circulation que de l'inadaptation de l'infrastructure routière et les carences de la signalisation qu'en raison de sa gestion et du comportement anarchique de nombreux automobilistes, vélomotoristes et piétons. A voir l'intensité du trafic routier dans d'autres agglomérations du monde, on convient qu'on est encore loin des embouteillages monstres et des interminables bouchons de New-York, Paris ou Séoul. A Casablanca, on continue toujours à circuler à des vitesses raisonnables à certaines heures de la journée, sur certains axes, et le problème ne se manifeste particulièrement qu'aux heures de pointe et dans des zones précises. C'est notamment le cas à la préfecture des arrondissements d'Anfa, du coté du quartier marchand du Maarif, où des boulevards aussi spacieux que Zerktouni et Massira Khadra, et dans leur sillage toutes les grandes voies convergentes (Hassan II, Abdelmoumen, Ibn Sina, Anfa) ainsi que les rues parallèles, se paralysent presque complètement. Les petits taxis rouges de Casablanca refusent tous les clients qui veulent s'y rendre. Traverser cette zone par certaines heures de la journée peut prendre aussi de temps que de se déplacer jusqu'à Rabat par autoroute. On y met parfois jusqu'à une heure et plus. L'intense activité commerciale et de services développée au Maarif, avec ses Twin Center, ses grandes enseignes, ses galeries et marchés, sa proximité avec Derb Ghallef, Gautier et la Préfecture de Police, sa situation stratégique comme point de passage vers le complexe sportif Mohammed V, Beauséjour, Hay Hassani, Aïn Diab, l'ancienne et la nouvelle médina, la route d'El Jadida et d'Azemmour, sont autant de facteurs qui ont conduit à l'intensification du trafic au niveau de ce quartier. Et il n'en reste pas moins que c'est le choix d'en faire le site des deux plus hauts buildings du pays et la concentration des plus grandes enseignes de l'habillement et produits de luxe qui ont exercé la pression supplémentaire sur le trafic. En effet, la circulation aurait été moins pesante si ces constructions et activités avaient été implantées dans une zone plus dégagée. On constate aujourd'hui que malgré le réaménagement des principales voies convergentes, le Maarif continue à étouffer et de plus en plus bel. Quelle solution ? Pour décongestionner quelque peu l'intersection Zertouni-Massira Khadra, on entend intervenir sur un tronçon de la rue Moussa Bnou Noussaïr qui y débouche et interdire le stationnement d'un côté de cette rue. Le tronçon en question devrait devenir à sens unique depuis la rue Chaouia. Les automobilistes en provenance de cette rue devront faire le détour pour aboutir au boulevard Zerktouni en tournant à droite et en empruntant la rue Franche-Conté, parallèle à celle-ci. Pour quel résultat ? Il fallait attendre l'application de cette décision pour pouvoir en juger. C'était fait vendredi dernier en dressant des barrières pour détourner la circulation et en instaurant l'interdiction du stationnement d'un côté de la rue Moussa Bnou Noussair. Le résultat ne fut pas tellement probant. Même si ce mini réaménagement, après installation de la signalisation nécessaire, pourrait avoir quelques retombées aux environs du Twin Center, on doit s'attend à ce qu'il n'apportera aucune amélioration au problème des embouteillages. Au vu de la situation actuelle, c'est tout le plan de la circulation de la zone qu'il faut revoir et bien au-delà des boulevards Zerktouni, Massira Khadra, Hassan II, Abdelmoumen, Ibn Sina, Anfa... Au fait, en n'intervenant que par les interdictions sur un point précis, on ne fait que pousser géographiquement le problème pour le rendre encore plus inextricable un peu plus loin. D'ailleurs, la solution technique à l'intersection Zertouni-Massira Khadra serait plutôt la construction d'une trémie pour endiguer le trafic. Toujours est-il que toute intervention sur le plan de la circulation, soit-elle la plus audacieuse, ne peut donner les résultats espérés sans l'application stricte des dispositions du code de la route (et l'ancien déjà). On doit reconnaître que les comportements de nombreux conducteurs laissent à désirer et participent pour beaucoup à la perturbation de la circulation, les bouchons et les désordres qui en découlent. Les cas des mauvais conducteurs devant repasser leur permis et autres conducteurs indisciplinés sont légions. Et les cas les plus significatif encore restent ceux de ces parents d'élèves qui stationnent en deuxième voire en troisième file devant des écoles huppées en attendant imperturbablement la sortie de leur progéniture malgré le concert de klaxons des automobilistes qui réclament qu'on leur livre le passage. Des scènes déplorables qui se répètent partout : devant les maisons, les commerces et mêmes les tribunaux. Un regrettable exemple de l'incivisme qu'inculquent de partout certains adultes aux générations montantes.