Comme un vent mauvais soufflant sur les plaines, la pratique persistante de l'abattage des brebis continue de menacer l'équilibre fragile du cheptel national. Des sources bien informées ont révélé que de nombreux bouchers, insensibles aux conséquences de leurs actes, continuent de sacrifier ces femelles dans certaines régions du Royaume. Cette pratique, telle une épine enfoncée dans le flanc de l'élevage national, risque d'aggraver une crise déjà bien installée. Ces sources ont confirmé que certains bouchers, notamment dans la capitale Rabat, à Casablanca et dans la région d'Aïn Battach, près de la province de Benslimane, privilégient l'abattage des brebis. Ces opérations, menées dans des abattoirs agréés, se déroulent dans l'ombre, comme des rituels silencieux qui sapent les fondements de l'élevage traditionnel. Selon les mêmes sources, cette préférence s'explique par le fait que les bouchers évitent d'acheter des mâles de bétail, qui étaient principalement destinés à la fête de l'Aïd al-Adha en raison de leur taille imposante, peu adaptée à la vente quotidienne. En effet, la vente de ces mâles représente un risque, car une partie de la viande peut rester invendue jusqu'au lendemain, devenant alors impropre à la consommation, comme un fruit trop mûr qui tombe de l'arbre. Cette situation intervient alors que le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, des Eaux et des Forêts, Ahmed El Bouari, a récemment révélé une baisse alarmante du nombre de femelles reproductrices, passant de 11 millions de têtes en 2016 à 8,7 millions en 2024. Une chute vertigineuse qui ressemble à un feu de forêt consumant peu à peu les ressources du pays. En réaction à cette problématique, Hicham El Jouahri, secrétaire régional des grossistes en viande rouge à Casablanca, a indiqué que les abattoirs de la ville n'avaient encore reçu aucune décision interdisant l'abattage des brebis. Il a précisé que l'abattage de ces femelles n'avait pas augmenté de manière significative dans la ville depuis l'annulation de l'Aïd al-Adha, notant toutefois une diminution du nombre de femelles disponibles, comme si le troupeau national était en train de se vider de sa substance vitale. El Jouahri a suggéré que les éleveurs pourraient avoir cessé de vendre leurs femelles en raison des pluies actuelles, qui offrent une opportunité de reconstituer le cheptel à moindre coût, grâce à la disponibilité de fourrage naturel. Une lueur d'espoir, semblable à une oasis dans un désert aride, mais qui ne suffit pas à endiguer la crise. Par ailleurs, plusieurs éleveurs ont appelé à une "rationalisation de l'abattage des brebis", soulignant la difficulté d'interdire complètement cette pratique aux bouchers. Ils ont également averti qu'une orientation excessive vers l'abattage des mâles pourrait entraîner une nouvelle hausse des prix de la viande rouge, comme un cercle vicieux qui ne cesse de se refermer sur lui-même. Ces éleveurs ont rappelé qu'avant l'annulation de l'Aïd al-Adha, les bouchers rivalisaient pour acheter des brebis en raison du prix élevé des mâles. Après la décision royale, cette tendance s'est poursuivie, notamment pour les grandes surfaces, qui ont des politiques de vente spécifiques. En effet, il est difficile pour ces enseignes de proposer des mâles de grande taille, souvent riches en graisse, qui étaient initialement destinés à la fête. Une situation qui ressemble à un jeu d'équilibriste, où chaque décision peut faire basculer l'ensemble du marché.