Le Premier ministre François Fillon ouvre lundi un séminaire gouvernemental destiné à sortir de l'ornière le débat sur l'identité nationale, qui a donné lieu à trois mois de controverses houleuses. L'exécutif, qui pourrait annoncer des mesures susceptibles d'être appliquées avant l'été et des propositions à plus long terme, se défend de chercher à enterrer une initiative qui suscite l'embarras jusque dans la majorité. L'opposition qualifie pour sa part le débat lancé en octobre par le ministre de l'Immigration, Eric Besson, de manoeuvre électoraliste en vue des élections régionales de mars et d'entreprise de stigmatisation de la communauté musulmane. Ce débat, "utile et nécessaire", est appelé à se pérenniser, assure-t-on à la tête de l'exécutif, même si l'on concède des dérapages. Quelque 350 débats ont été organisés en trois mois. Ce séminaire "n'est qu'une étape", a dit lundi sur France Inter Eric Besson, qui s'est vu parfois reprocher d'avoir agi dans la précipitation, sans consulter les autres ministres. Martin Hirsch, le Haut commissaire aux solidarités actives plus que réservé sur cette initiative, ne devait pas assister au séminaire en raison d'un déplacement à l'étranger. Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville, a exprimé lundi des réserves sur la façon dont a été lancé ce débat public. Eric Besson, qui se prévaut d'"un succès populaire", avait initialement prévu d'en tirer les premières conclusions à l'occasion d'un colloque, avec une possible intervention du président Nicolas Sarkozy. Il affirme lundi dans Le Parisien ne pas se sentir dépossédé du dossier par François Fillon. "C'est une manière de le pérenniser, de le conforter en l'inscrivant dans un cadre interministériel", ajoute-t-il, en précisant que Nicolas Sarkozy s'exprimera à une date qui n'a pas encore été fixée. Aujourd'hui, nombreux sont les élus de la majorité qui craignent que ce débat ne coûte des voix au camp présidentiel lors des élections régionales des 14 et 21 mars. Eric Besson, qui dit tout "assumer", estime au contraire que sa démarche a démontré l'aspiration des Français à un "renouveau du pacte républicain". Selon une enquête TNS Sofres, qui n'interroge pas les personnes sélectionnées sur le bien-fondé du débat, 65% des Français considèrent que l'identité nationale a tendance à s'affaiblir. Une série de mesures et de propositions devaient être dévoilées par le Premier ministre. Eric Besson a confirmé lundi avoir soumis plusieurs idées à Nicolas Sarkozy et François Fillon.