Les étrangers désireux d'accéder à la nationalité française, par naturalisation ou acquisition, seront appelés à signer une "charte des droits et devoirs" devant une autorité publique, a annoncé, lundi, le Premier ministre français François Fillon, en clôturant une première étape du débat controversé sur l'identité nationale. Cette nouvelle procédure fait partie d'une série de mesures évoquées par M. Fillon et qualifiées de "mesurettes" par l'opposition notamment socialiste qui avait âprement critiqué ce débat dès son lancement en novembre 2009 par le ministre de l'Immigration, Eric Besson. Le Premier ministre, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'issue d'un séminaire gouvernemental clôturant ce débat, a cité parmi les mesures adoptés, "la pratique systématique des cérémonies d'accueil" des étrangers accédant à la nationalité française afin de donner un caractère "solennel" à cette opération. Selon lui, ces premières mesures s'inspirent largement des propositions qui se sont dégagées lors des débats sur l'identité nationale, les objectifs retenus étant de "mieux faire connaître les valeurs de la République" française, de "cultiver la fierté d'être français" et de "renforcer l'intégration des étrangers". Sur ce dernier point, il a aussi décidé de généraliser sur le territoire français l'opération "l'école ouverte aux parents d'enfants étrangers", expérimentée avec succès dans 12 départements, ainsi que le renforcement des formations proposées aux étrangers dans le "contrat d'accueil et d'intégration", en mettant l'accent sur "le respect des valeurs de la République", en particulier le principe d'égalité entre les hommes et les femmes". Au plan civique, M. Fillon a annoncé la mise en place d'un carnet du jeune citoyen destiné à accompagner, du primaire au lycée, la formation civique des jeunes générations et mieux les préparer à l'exercice futur de leurs responsabilités, ainsi que le renforcement du programme d'ensemble de l'éducation civique dans les collèges et les lycées. Il a aussi défendu le "nouveau service civique", un projet en cours de discussion au Parlement, qui permettra à des jeunes majeurs de s'investir sur une base volontaire dans des actions d'intérêt général et de bénéficier d'une formation civique complémentaire. Enfin, le Premier ministre a annoncé la décision d'"apposer le drapeau tricolore sur chaque école et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui constitue notre référence républicaine française, dans chaque classe". Par ailleurs, M. Fillon n'a pas manqué de défendre la légitimité de ce débat qui a fait l'objet d'âpres critiques de droite et de gauche, dont certains l'ont accusé notamment de servir de "défouloir raciste" et de "stigmatiser" l'immigration et l'Islam. Il a dit ne pas regretter d'avoir donné la parole aux citoyens, au regard des milliers d'interventions et de témoignages suscités par les quatre mois de débat. "Je ne puis concevoir que dans notre société on puisse débattre de tous les sujets, sauf de celui qui nous concerne tous de façon vitale", a-t-il lancé. Le Chef de l'exécutif français a, d'autre part, tenté de recadrer le débat sur l'identité nationale après les dérapages qui l'ont marqués, estimant que ce débat n'est pas terminé. Cette question "a vocation à être débattue dans la durée, de façon naturelle, de façon sereine et non partisane, car rien n'est pire que le silence, rien n'est plus délétère que les non dits et les anathèmes qui ont toujours fait le jeu des extrémistes", a-t-il noté. Selon lui, le débat a permis aux Français d'exprimer à la fois une "angoisse face à ce qui est parfois vécu comme une perte de repères, mais aussi une espérance pour bâtir l'avenir de façon collective". Il a, en outre, annoncé la mise en place d'une "Commission de personnalités", comprenant des élus de la majorité et de l'opposition, des intellectuels et notamment des historiens, chargé d'approfondir le débat et de suivre la mise en œuvre des mesures décidées et d'en proposer de nouvelles. A cet égard, "un séminaire gouvernemental sera à nouveau consacré à la question afin d'évaluer les premières mesures engagées et en impulser d'autres", a-t-il dit, précisant que le président Nicolas Sarkozy s'exprimera en avril sur l'identité nationale et sa relation avec la République. Les séries de mesures annoncées par M. Fillon ont été vertement critiquées par les partis d'opposition, le Parti socialiste (PS) les qualifiant de "mesurettes" dont a accouché le séminaire gouvernemental. Ce séminaire, qui marque la "fin d'un fiasco annoncé", a accouché "de mesurettes pour faire croire que tout cela a servi à quelque chose", a déclaré le secrétaire national à la coordination du PS, Harlem Désir. Pour Roland Muzeau, porte-parole des députés du Parti communiste français (PCF), ce débat est une "opération nauséabonde" qui "a libéré la parole raciste et xénophobe".