Les professionnels de la Santé viennent de révéler un nouveau calendrier de protestations pour appeler le gouvernement à honorer ses engagements en matière d'amélioration de leurs conditions statutaires et matérielles, conformément à l'accord de février. Les professionnels de la Santé ne décolèrent pas malgré les prises de parole rassurantes du ministre de tutelle Khalid Ait Taleb. En effet, ils viennent de dévoiler un calendrier chargé de protestations contre ce qu'ils qualifient de "silence effrayant" du gouvernement quant à leurs revendications légitimes, quatre mois après la fin du dialogue social sectoriel et les accords conclus avec la commission gouvernementale concernant l'amélioration des conditions matérielles et statutaires.
Après le mouvement de grève mené en mai dernier, les professionnels s'apprêtent à déserter les hôpitaux publics pendant trois jours par semaine, à l'exception des services d'urgence et de réanimation, les 11, 12 et 13 juin, ainsi que les 25, 26 et 27 juin. Ils prévoient également des rassemblements de protestation régionaux et locaux. De plus, les manifestants défileront devant le Parlement, après la fête de Aïd Al-Adha. La date de ce sit-in sera annoncée ultérieurement, selon la Coordination syndicale nationale du secteur de la Santé qui comprend huit organisations syndicales.
La Coordination menace également un large boycott qui inclut les programmes de santé et leurs rapports, les unités mobiles et les convois médicaux, les interventions chirurgicales programmées non urgentes, les examens hospitaliers spécialisés, les réunions avec les administrations de toutes natures, et les cours de formation, en vue de tenter de faire réagir le gouvernement, chose qui aurait un impact considérable sur l'accès aux soins dans les différents hôpitaux du Royaume.
Promesses à honorer
Les syndicats impliqués dans les discussions avec la tutelle appellent, à cet égard, à l'application des accords et des procès-verbaux signés avec les syndicats dans leurs volets matériel et juridique, et la préservation de tous les droits et acquis des professionnels de la Santé, y compris le statut de fonctionnaire, la gestion des salaires à partir du budget général et toutes les garanties du statut général de la Fonction publique.
Dr Ali Farissi, Coordinateur de la Commission nationale des médecins internes et résidents, souligne notamment la nécessité de revaloriser les indemnités des internes et résidents, actuellement à environ 3500 dirhams, et de fournir une protection adéquate, notamment une assurance santé.
La Coordination syndicale insiste sur l'augmentation des compensations pour les risques professionnels des infirmiers, techniciens de santé et personnel administratif et technique, conformément aux accords signés. En outre, les travailleurs de la Santé demandent une augmentation générale des salaires pour tous les professionnels, y compris les infirmiers, le personnel administratif, médical et paramédical, en tenant compte des changements prévus dans le système de santé.
La même Coordination a souligné la nécessité de ne plus confondre la compensation des risques professionnels pour certaines catégories de santé avec la revendication d'une augmentation générale des salaires pour tous les professionnels, dont ils devraient tous bénéficier au même titre que les autres secteurs, notamment à la lumière des changements promis avec la création de groupements territoriaux de santé. Au regard des syndicats, "la bonne mise en œuvre de la réforme de la santé ne pourra pas être possible sans les professionnels de la Santé".
"Etant la pierre angulaire du système de santé, les travailleurs de la Santé devront être au cœur de la réforme à travers des actions concrètes ciblant leurs conditions de travail matérielles et professionnelles", souligne la Coordination syndicale.
« Ces mesures vont permettre au département de Ait Taleb d'asseoir ses projets de généralisation de la couverture médicale de base et celui de la réforme du secteur sur une base solide et aux professionnels d'accéder à leurs droits », note le syndicat, estimant qu'une telle avancée serait en mesure de booster l'attractivité des métiers de la Santé dans un contexte où l'exode massif des médecins et infirmiers fait peser une véritable crise sur le système de santé.
Le dialogue se poursuit
Face aux inquiétudes des professionnels de la Santé, le ministre de tutelle, Khalid Ait Taleb, avait rassuré sur la poursuite des sessions de dialogue avec les syndicats représentatifs du secteur, jusqu'à l'obtention de résultats escomptés.
« Nous avons pu traiter un ensemble de questions qui étaient en suspens depuis 10 ans, et le travail s'est poursuivi en 2023 par la mise en place d'un ensemble de lois, avec la contribution et la consultation des organisations syndicales », a-t-il dit, soulignant la détermination du ministère à publier les textes d'application.
Ceci dit, le ministère de la Santé et de la Protection sociale est prédisposé à répondre à l'ensemble des revendications des concernés et donc à honorer ses engagements, à part ceux ayant un impact financier, étant liés aux engagements financiers de l'Etat, et requièrent l'arbitrage du Chef du gouvernement, selon Khalid Ait Taleb qui se dit optimiste quant au futur des professionnels de la Santé. Cependant, les syndicats insistent toujours sur l'accélération de ce processus en vue de satisfaire leurs revendications et éviter tout impact sur l'accès aux soins de santé. A l'heure actuelle, le ministère de tutelle n'a pas encore réagi au mécontentement des professionnels.
Réforme de la Santé: Les promesses prometteuses de Ait Taleb En réaction aux inquiétudes des professionnels sur leur situation dans le cadre des Groupements Sanitaires Territoriaux (GST), le ministre de la Santé a assuré qu'aucun changement ne touchera l'évolution des professionnels dans la Fonction publique. « A la différence de certaines interprétations, la Fonction sanitaire est attachée à la Fonction publique. Elle est de nature à donner une certaine spécialité aux fonctionnaires de la Santé sans pour autant induire des changements dans leur statut », explique-t-il.
Le ministre a indiqué que le projet des Groupements Sanitaires Territoriaux apporte nécessairement une revalorisation des indemnités du corps médical. « Le premier Conseil d'administration du GST va définir le montant des indemnités provenant des recettes ainsi que celui des primes de responsabilité et rétractabilité dédiées notamment au directeur de l'hôpital qui ne bénéficie pas de ces avantages compte tenu des clauses de son contrat », a souligné Ait Taleb, assurant qu'il veillera à mettre en place les incitations nécessaires en vue d'améliorer la rentabilité et l'efficacité du travail des acteurs de la Santé. En ce qui concerne la question de la retraite des travailleurs des CHU, Ait Taleb relève qu'aucun transfert des professionnels depuis la Caisse Marocaine des Retraites (CMR) au Régime Collectif d'Allocation de Retraite (RCAR) ne sera acté, en attendant l'aboutissement de la réforme globale des Caisses de retraite.