Portant des blouses noires, des infirmiers ont manifesté, jeudi 3 novembre, leur mécontentement devant le ministère de la Santé. Ils exigent notamment l'augmentation de leur salaire, la solution miracle, selon eux, pour venir à bout de la corruption qui gangrène les hôpitaux. Les infirmiers du secteur public reviennent à la charge. Jeudi 3 novembre, ces professionnels de la santé arborant des blouses noires ont manifesté leur colère devant le ministère de tutelle à Rabat. L'appel à l'organisation du « Jeudi noir des infirmiers » a été lancé par la Commission de coordination nationale des infirmiers et étudiants des institutions de formation aux carrières de santé, qui se veut une organisation indépendante de toute tendance politique ou syndicale. « Notre combat est pour la dignité de l'infirmier et pour l'amélioration de sa situation professionnelle, économique et sociale », lance d'emblée Hamza Ibrahimi, l'un des protestataires. Des revendications jugées légitimes par la Commission. Celle-ci exige d'abord l'équivalence à leur diplôme (IDE, infirmier diplômé d'Etat) avec la licence. Une revendication, pour rappel, à laquelle le gouvernement a répondu favorablement lors des négociations avec les syndicats représentant les fonctionnaires de la santé. Cette revendication est l'une des composantes de l'accord conclu avec les organisations syndicales, à savoir : la CDT, la FDT, l'UGTM et l'UNTM. L'UMT a préféré faire cavalier seul. La Commission des infirmiers s'est même élevée contre cet accord qui, selon elle, est loin de répondre aux attentes des professionnels. Cependant, depuis la signature de cette convention, dénonce Hamza Ibrahimi, rien n'a été fait. « Le gouvernement n'a pas honoré ses engagements, qui sont restés des promesses dans l'air. Ce sont des paroles ni plus ni moins. C'est la raison pour laquelle nous relançons notre mouvement de protestation. Nous ne baisseront pas les bras. Nous continuerons jusqu'à obtenir gain de cause », lance-t-il. Les protestataires réclament également l'intégration des infirmiers à l'échelle 11. « Actuellement, nous sommes à l'échelle 10. Nous voulons améliorer notre situation financière. La ministre de la Santé lance une bataille sans merci contre la corruption. Une convention a été même signée dans ce sens avec l'ICPC (Instance centrale de prévention de la corruption, ndlr). Si la ministre veut venir à bout de ce fléau, elle doit augmenter nos salaires ». Des propos aussi clairs, qui expriment tout haut ce que la majorité pensent tout bas. Par ailleurs, les infirmiers exigent la révision des textes juridiques régissant la profession et l'ouverture d'un cursus LMD pour la formation des infirmiers. « Nous voulons une loi qui définit clairement le rôle et les responsabilités des infirmiers. Nous voulons un référentiel des compétences de l'infirmier dans lequel on décrit clairement les tâches, les droits et les responsabilités de l'infirmier», précise Hamza Ibrahimi, membre de la Commission de coordination nationale des infirmiers et étudiants des institutions de formation aux carrières de santé. Autre revendication du corps infirmier : le droit à l'indemnité des risques professionnels. En vertu de l'accord signé avec les syndicats, le gouvernement s'est engagé à verser 400 DH aux infirmiers. Ces derniers affirment qu'ils n'ont reçu aucun sou. Les manifestants réclament aussi la création d'une instance nationale des infirmiers, une vieille revendication dont le but est la défense des intérêts de la profession et de veiller au respect de la déontologie du métier. Les infirmiers veulent également être consultés sur la gestion de la Fondation Hassan-II des œuvres sociales créée récemment au profit du personnel de la Santé publique, les conjoints et les enfants des adhérents. Un budget de 50 millions lui a a été affecté au titre de l'année 2012. Un montant jugé maigre par les infirmiers, qui exigent 200 millions DH.