La troisième édition du salon régional de l'artisanat Main 'Art de Casablanca vient d'ouvrir ses portes avec 140 exposants toutes disciplines confondues au Place Nevada, boulevard Rachid angle avenue Hassan II. Il se poursuivra jusqu'au 20 décembre. Dans les stands, offerts gratuitement aux exposants, se trouvent représentées des coopératives et des associations d'artisans où l'on voit des tisseuses de tapis, des vanniers, artisans d'ameublement avec travail du bois, du fer forgé, potiers, de la céramique sans oublier le vestimentaire les caftans et autres articles d'habillements, bijoux. Un stand à part est dédié à Dar Maalma. D'après les organisateurs, il y a eu plus de 240 demandes d'exposition « mais on ne peut pas répondre à toutes les demandes » explique un responsable. Depuis la première édition le salon connaît une réussite en terme du nombre de demandes de participation. « Mais il n'y a pas d'information dans la radio, la télé ou les journaux » se plaint un responsable de stand consacré à la poterie et la céramique de Fès. De son côté Mannih Alati, orfèvre de Laayoune assure qu'il est venu pour participer au salon avec des articles et bijoux en or et argent de l'artisanat typique des provinces marocaines du sud parce qu'il a été satisfait par les deux premières éditions. « Nous sommes satisfaits de cette manifestation, nous sommes deux orfèvres associés de Laayoune et nous tenons à venir participer à ce salon malgré la distance ». Le tapis marocain semble bien représenté. Apparemment il se maintient quand il s'agit de production typiquement régionale. D'après Milouda Bachir de la coopérative de tapis Al Hana de Khémisset, le tapis typiquement marocain se maintient malgré les assauts du tapis de fabrication industrielle à fibre synthétique. « Nous vivons toujours de cette activité, on ne roule pas sur l'or, mais on en vit décemment, il y a toujours des amoureux du bon tapis du terroir car le propre de tous nos articles c'est qu'ils sont faits à la main.. » On n'a pas le même son de cloche de satisfaction chez Ahmed Bouhachimi loin s'en faut. Parlant de la situation de l'artisan en général et à Casablanca en particulier, ce très ancien vannier dit être le seul du genre exerçant et façonnant ses propres articles à Casablanca depuis 40 ans où il était visible d'abord au marché central et ensuite au complexe de l'artisanat sis boulevard Bordeaux. Dans son stand, une panoplie d'articles façonnés à partir de plantes feuilles de palmiers nains (doum), roseaux, jonc, rafia etc. Toutes sortes d'articles, des paniers, des plats, des tbag et aussi des nattes de jonc de différentes dimensions tissées avec de la laine. « Les artisans au Maroc doivent toujours attendre un salon pour pouvoir vendre et vivre. Le reste du temps, ils restent à la merci des « maallems chekkara » qui leur mènent la vie dure, c'est eux qui ont toujours le privilège d'aller dans les grands salons d'artisanat à l'étranger.. » Né en 1947, dans la région d'El Jadida, Oualidia, Ahmed Bouhachimi dit Ouled Laarbi, déclare avoir perdu sa vie dans cette activité de travail des plantes. « Nous sommes enterrés dans le complexe de l'Artisanat du boulevard Bordeaux, il faut aller le voir ce complexe de l'artisanat, il est délaissé, jusqu'il y a quelques jours, on manquait d'éclairage, les vitres de l'administration sont cassées. Et puis le plus important c'est qu'on laissé détruire tous les panneaux qui signalaient la présence de ce complexe, il y avait même des panneaux qui le signalait à l'entrée de la ville à Nouacer au sortir de l'aéroport Mohammed V. Où sont partis tous ces panneaux ? Les visiteurs étrangers voire les nationaux ne savent plus qu'il existe et pourtant on parle de temps en temps de promotion du tourisme » Certains artisans se sentent oubliés, délaissés, sans soutien réel. C'est ce qu'on peut relever dans les propos désabusés de Abdelaziz Ahlaoui, 52 ans, artisan travaillant depuis une trentaine le bronze. Il a débuté à Marrakech et actuellement à Casablanca depuis près de vingt ans. Lui ne participe pas au salon mais il est presque tous les jours au grand magasin Exposition Artisanale. Il est passé à la télévision à plusieurs reprises pour ses travaux sur les grands vases de 1,60 mètre de hauteur et les grands lustres en puzzle de 74 pièces. Mais cela n'a eu aucun effet notable pour informer ou sensibiliser sur la situation de l'artisan. Ce qu'il faut à l'artisan c'est un capital pour acheter la matière première, prendre le temps de façonner les articles et avoir un circuit commercial plus juste. Mais quand on vit au jour le jour on n'arrive à rien et on souffre en silence».